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18 novembre 2009 3 18 /11 /novembre /2009 07:21

      -         Tu as vu, Caramel, ton école est fermée

      -         Chouette, dit Caramel, je vais pouvoir jouer avec mon jeu électronique

      -         Non pas, dit Mouss’ nous allons en profiter pour commencer ton apprentissage

      -         Mais l’école est fermée !

       -         N’oublies pas que tu es en apprentissage alterné.

      -         C’est bien ma chance.

      -         Ne regrettes rien. Sans ouverture d’école, pas de contagion, pas de déplacement qui réchauffe la planète, pas d’accident de car, pas de gilet jaune… L’ordinateur chez soi, c’est la solution

-         La solution à quoi ?

-         À tous les problèmes de l’école.

-         Comment çà ?

-         Tu travailles à la maison, sur l’ordinateur. Tu reçois les devoirs à domicile, et tu les renvoies à la fin de la semaine.

-         C’est chouette, çà. Je me demande pourquoi on y a pas pensé plus tôt.

-         Bien sûr que si, qu’on y a pensé. C’est la méthode Dewey.

-         Elle est économique ?

-         Oui, un staff d’éducateurs au chef lieu de canton pour préparer les devoirs et les corriger, une équipe itinérante pour rencontrer les élèves chez eux ou dans une salle de la Mairie

-         Qu’est-ce que la Mairie a à faire dans l’affaire ?

-         Çà c’est pour le brevet de citoyenneté. Il y aura un adjoint chargé des progrès des élèves de sa commune.

-         Quels avantages y trouves-tu ?

-         Moins de monde sur la route, pas de racket ni d’enlèvement sur le chemin, pas de marché de chit en cours de route, pas de retard en classe…

-         Et les maîtres, ils y trouveront leur avantage ?

-         Bien sûr : pas de chahut en classe, pas de menace d’élève, pas de déplacement incongru pendant la classe, pas de ces appels qui coupent le cours et qui enlèvent au moins cinq minutes d’attention toutes les heures..

-         Oui mais je n’aurai plus de copains.

-         Il y aura toujours les SMS à toute heure, le stade le mercredi et la boîte de nuit le samedi

-         Un jour sans et un jour avec

-         Sans et avec quoi ?

-         L’alcool et la drogue d’autant plus qu’il n’y aura plus ni leçon de morale du maître, ni toutes ces propagandes que l’école est chargée de transmettre. Rien que des cours non surveillés. Le rêve, quoi !

-         Je crois savoir que les enseignants sont contre.

-         Pourquoi ?

-         Par principe : ils sont contre tout.

-         Pas seulement.

-         Non : ils refusent d’avoir à se déplacer sur les routes, ils contestent l’application des élèves non contrôlés, regrettent l’absence d’émulation et trouvent que c’est catastrophique côté socialisation.

-         Ils sont bien les seuls.

-         Non leur pétition est déjà signée par des centaines de psychiatres, psychologues, assistantes scolaires…

-         Pourquoi donc ?

-         Ils sentent les élèves leur échapper.

-         Leur échapper pourquoi ?

-         Pour les confidences, les conseils, les médicaments à distribuer et toutes ces choses dont on ne parle pas en classe et qui font le bonheur du service médical scolaire.

-         Les élèves s’en plaindraient-ils ?

-         Bien sûr, il leur manquera toujours ce coocooning qui remplace les heures de maths. Aller aux toilettes, ce n’est pas assez long. Il vaut mieux aller à l’infirmerie.

-         Tu n’en auras pas besoin si tu restes à la maison tout seul. Tu apprendras l’autodiscipline..

-         Oui mais il y aura toujours le danger de l’arrivée inopinée des parents et je plains les enfants de riches

-         Pourquoi ?

-         Je suis sûr qu’on va leur trouver un précepteur pour suivre leur travail.





Photographies d'Anthine@ et Régine Rosenthal.

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17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 09:53

J’ai un nouveau chat. Il s’appelle Caramel. Il est roux et blanc avec une queue touffue comme celle d’un écureuil. Il a les yeux couleur de miel.  Mous’ le regarde avec un brin d’inquiétude. Il se demande si on ne va pas le limoger pour le remplacer par le nouveau venu. Il a vu çà si souvent dans les entreprises où il assurait le gardiennage des entrepôts contre les souris !. C’est le syndrome anti-jeunes des chats.

 

-         Dis-moi, pourquoi a-t-il une tache blanche sur le dos ?

-         C’est par là que sa mère le tenait quand elle l’a trempé dans le caramel.

-         Mais il a le ventre et les pattes tout blancs

-         C’est parce que a mère l’a léché sous le ventre et sur les pattes.

-         Et pourquoi le dos est-il encore caramel ?

-         Parce que le caramel mou çà va un moment et puis çà écœure. Sa mère en as eu assez de lécher dans le caramel ; elle s’est arrêté à la ligne de flottaison.

-         La ligne de flottaison ?

-         Oui, celle qui sépare les pattes du dos comme qui dirait le safran de la coque. Tu l’aimeras, tu verras.

-         Ce n’est pas pour qu’il me remplace, dis ?

-         Non et la preuve, c’est que c’est toi qui va l’éduquer

-         Ce n’est pas une preuve. Ils disent tous çà ; les patrons ; et quand le successeur est bien formé : « merci et au revoir, je n’ai plus besoin de vous. ».

-         J’aurai besoin de toi aussi, pour le diriger. Deux chats ce n’est pas de trop si ton blog prend de l’ampleur.

-         Tu nous mets en concurrence ?

-         C’est toujours toi qui le signeras.

-         Tu crois qu’il va m’écouter ?

-         Il sait déjà se servir de l’ordinateur. Pas plus tard qu’hier il a sauté sur le clavier et mis en marche l’imprimante

-         Et alors ?

-         Il est allé voir le papier qui sortait et quand il s’est aperçu que ce qui s’imprimait n’avait aucun intérêt pour lui, il est parti.

-         Serait-il surdoué ?

-         À quatre mois, il sait déjà ouvrir l’électricité dans ma chambre.

-         En appuyant sur l’interrupteur qui est près de la porte ?

-         Non, en mordillant le bouton de la lampe.

-         Si je comprends bien, il promet.

-         Il est un peu vif-argent mais l’âge va l’assagir.

-         Je voudrais bien l’espérer mais je l’ai vu faire, hier : il a arrêté le numérique et, dans la foulée, bloqué les majuscules et allumé le défil. N’importe quoi, comme çà, pour voir.

-         Tu sais, tous les jeunes apprennent comme çà. C’est la méthode des essais et des erreurs.

-         Oui mais moi, je suis de la vieille école, celle où l’on apprend avant de se mettre au travail..

-         Oh, tu sais, aujourd’hui !’économie des gestes n’est pas plus de mode que celle des moyens. En fin de compte ils finissent toujours par s’y faire.

 

Et Mouss’ est parti en grommelant

- Je ne sais pas si je vais pouvoir tenir avec un zigoto pareil

 

 

 

 Photographies Régine Rosenthal

 

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16 novembre 2009 1 16 /11 /novembre /2009 06:39

-         Tu as vu, dit mon chat, tout le monde parle du principe de précaution. Tu sais ce que c’est, toi, le principe de précautions ?

-         C’est ce qu’on conseille quand on a peur du développement d’une catastrophe

-         Qu’on conseille ou qu’on impose ?

-         L’un entraîne automatiquement l’autre .

-         Tu peux me donner un exemple ?

-         Bien sûr : on te vaccine contre la grippe porcine pour que tu ne la communiques pas aux autres.

-         Mais je n’ai pas ta grippe… comment dis-tu ?

-         Porcine

-         D’abord je ne suis pas un porc et puis, si je l’avais je me soignerais.

-         Çà ne suffit pas. Ce serait alors le principe de sûreté.

-         Et pour le trou de l’ozone ?

-         On n’en parle plus

-         Pour le réchauffement de l’atmosphère ?

-         Pareil, c’est tout ce que tu dois faire pour que le mal n’empire pas.

-         Et c’est quoi ce que je dois faire ?

-         Agir avec prudence, appliquer le principe d’économies.

-         Et si je me lavais les dents qu’une fois par jour ?

-         Insuffisant.

-         Si je ne lave mon linge que tous les quinze jours…

-         Dégoûtant.

-         Si je demande l’extinction des vitrines à partir de dix heures du soir

-         Ridicule, antiéconomique

-         Si je choisis de n’acheter que les produits sans emballage ?

-         Impossible, il n’y en a plus

-         Si je n’achète que ce qui vient d’ici ?

-         Incroyable, tu vas à l’encontre de la libre circulation des biens et de plus tu attentes au droit à la concurrence.

-         Si l’on disait aux tours opérators de limiter leurs vacances aux lieux accessible à moindre coût écologique ?

-         Difficile : tu touches là à la liberté de mouvement des personnes.

-         Et si…

-         Avec des si, on ferait un autre monde. Qu’est-ce que tu veux : limiter la casse ou laisser aller pour satisfaire tes caprices ?

-         C’est pas des caprices, c ‘est une opinion

-         L’opinion de qui ?

-          Ce sont les politiques et la Société qui l’imposent. Ils ont inventé le tout-voiture, le tout-clim dans les bureaux et les magasins, le tout-Chine, le tout-illuminations de Noël… Pas étonnant qu’on courre droit dans le mur. Et aujourd’hui, c’est le tout vaccinations qui remplace les vieilles quarantaines…

-         Et si c’est inutile ?

-         Comme disait l’adjudant de quartier au temps où tout le monde connaissait un quartier et son adjudant. Veux pas le savoir, rompez !

-         Comme quoi, dit mon chat en ouvrant la télé, on ne peut pas se passez d’adjudant.

-         Qu’est-ce qu’elle disait la télé ?

-         Que le principe de précautions commence par le principe d’obéissance.

-         J’ai entendu çà autrefois : « l’esprit de jouissance l’a emporté sur l’esprit de sacrifice… ». Obéissance à qui ?

-         A ceux qui ont inventé le principe de précautions.

-         Et pour quelles raisons ils nous imposeraient le principe d’obéissance ?

-         Parce qu’il y a un principe supérieur au principe de liberté des uns..

-         Et lequel ?

-         Le principe d’autorité des autres.

-         Qui leur a donné ce droit d’autorité?

-         Toi, moi, le pouvoir, les médias, l’argent, l’amour qu’ils te portent…

-         Au fond, si j’ai bien compris, le principe de précaution, c’est le principe de dépendance.




Photographies de jean Nogrady et Jean-Yves Béna

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15 novembre 2009 7 15 /11 /novembre /2009 07:21
Il n'est tuile qui n'ait ses fleurs.








Photographies Jean-Christophe Lauchas.
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15 novembre 2009 7 15 /11 /novembre /2009 06:25

Mon chat connaît beaucoup d’histoires de sorciers. Il en a fréquenté dans une autre vie mais il n’aime pas les jeunes sorciers qui dérangent toujours l’ordre du monde et quelquefois sans raison comme c’est aivé au train fantôme de la lande.

 

 

Du temps que la ligne Bordeaux-Irun était considéré comme une piste d’entraînement pour les locomotives, il se passait d’étranges choses au dépôt de Bordeaux. Tous les matins sorciers et sorcières rejoignaient à pied leurs domaines qui sont ces ronds de sorcières qu’on voit grandir dans les prés de chez nous ou ces hauteurs (les tucs) que le feu de la lande rend chauves quand brûlent les bruyères. C’est tout près d’un de leur domaine que les sorciers ont fait passer leur première locomotive.

Nul ne l’a vue mais tous en ont senti l’odeur de roussi, d’huile chauffée et d’escarbille mouillée. Les uns ont perçu un halètement puissant, d’autres parlent de crépitements d’étincelles. Ce qui est certain, c’est que ce train ignorait les signaux et que son passage ne troublait pas les « crocodiles » qui signalent d’ordinaire l’approche des trains. Quant aux barrières, il n’en était pas question dans ce pays sans routes.

Les plus lucides, ou les moins imaginatifs, prétendent qu’il était conduit par Satan en personne. On dit même qu’il se servait de sa fourche pour enfourner le charbon et qu’il roulait à tombeau ouvert vers quelque sabbat clandestin. On aurait entendu les imprécations des voyageurs rouler incandescentes parmi les scories des ballasts.

Il n’est pire enfer qu’en enfer il n’empire. Ce train finit par être aperçu par quelques notables landais qu’on aurait cru plus insensibles. Ils en ont causé dans les « oustaous » et dans les cafés politiques qui sont les lieux les plus fermés qui soient à l’imaginaire. Ils y disaient que les grands espaces de la lande, c’était fini, que les sorciers et les sorcières n’en voulaient plus, qu’ils se réunissaient en sabbats ambulants dans des trains fantômes, que les stewards avaient les pieds fourchus et les contrôleurs des casquettes qui cachaient bien mal leurs cornes naissantes.

Il est vrai que les stewards n’étanchaient aucune soif et que les contrôleurs ne vérifiaient que la qualité de sorciers des voyageurs. Il en venait de partout : jeunes sorcières paysannes bien en chair, diaboliques à souhait, sorcières des villes sans âge, sinon sans fard, vieilles sorcières issues du fond des bois, « houhous » à nez et menton crochus à servir de porte-manteau, sorciers tirés à quatre épingles comme de jeunes cadres sortis de l’ENA, lutins bons enfants en rupture de Club Med, sorcières à damner les saints échappés de Cannes entre deux oscars, sorciers de l’ombre et du feu, magiciens du fer, tous venus embrasser le diable sous la queue.

Ils allaient, dit-on, tenir un colloque sur le rôle de la sorcellerie dans le monde. C’étaient des sorciers modernes. Ils voulaient nettoyer la lande. On entendait voler autour de la locomotive de vieilles sorcières qui balayaient les escarbilles à grands coups de balais de brande pour en chasser les taons qui piquaient les mules d’autrefois. 

Nous le savons bien, nous autres, que la sorcellerie moderne se cache dans les pages jaunes de l’annuaire du téléphone, dans les commissariats, dans les Ministères, au fond de ces forêts qui ne sont plus vierges depuis longtemps, dans les squats et les catacombes, et jusque dans la folie des hommes.

On attendait beaucoup de ce sabbat scientifique mais les jeunes sorciers n’ont jamais pu détrôner les vieux sorciers amoureux de leurs « tucs ». Les vieux les ont fait disparaître dans quelque « laguë » à sangsue où on les entend crier les soirs d’orage. Il en est resté longtemps deux tringles de fer s’enfonçant dans la lande…jusqu’en enfer comme disaient encore naguère les vieilles femmes quand elles tricotaient leurs histoires aux « despéloucades » du maïs. Mais les tringles de fer ont disparu avec les aiguilles à tricoter et les histoires de l’ancien temps sous le bitume d’une piste cyclable perdue dans les sables et ensevelie sous les débris de la dernière tempête.

Et clic et clac, lou counte es acabàt.

 

-         Tu vois dit mon chat que çà ne servait à rien de faire une ligne « économique »

-         Les économistes d’aujourd’hui sont un peu les sorciers des temps modernes mais çà n’empêche pas qu’ils sont les descendants des alchimistes d’hier

-         Toujours à la recherche de la pierre philosophale qui fait de l’or.

-         Tu veux dire que les alchimistes, c’étaient les traders des temps anciens.

-         Je ne te le fais pas dire. Toujours prêts à composer avec le diable !

Photographies de Jean Nogrady et Hélène Durand

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14 novembre 2009 6 14 /11 /novembre /2009 06:30

Mon chat a reçu le journal où a paru son article. Il est content.

      -         Qu’est-ce qui te plaît là dedans ?
-         Tout

      -         Mais encore ?

      -         Le titre d’abord : le jeu du chat et de la souris. Génial. Il a compris que les nouvelles, c’est comme les souris, qu’on joue avec avant de les offrir à ceux qu’on aime.

      -         Les gens n’apprécient pas toujours

      -         Çà, c’est ceux qui ne nous aiment pas.

-         Pourtant il dit bien, dès le début…

-         Çà, j’ai appris par cœur, je peux te le réciter : « les chats sont persans, malicieux, joueurs, griffeurs même … mais jamais méchants »

-         Et qu’est-ce qu’il dit de toi, plus spécialement ?

-         Que je suis un chat aux poils, une bête curieuse, impertinente et qui ne laisse pas un seul jour son maître tranquille sans lui poser des questions. Quant à toi, je trouve que tu exagères

-         J’exagères, moi ?

-         Oui tu dis que ce n’est pas toujours facile de faire bavarder des félins sur un sujet différent chaque jour.

-         Dis-le un peu que ce n’est pas vrai !

-         Bien sûr que ce n’est pas vrai puisque c’est moi qui te fais bavarder pour éviter que tu t’encroûtes dans je ne sais quel Alzheimer.

-         En somme tu es ma thérapie

-         c’est un peu çà

-         Ce serait à cause de toi que je ne vois plus mon médecin ?

-         Tu me dis toujours que les médecins sont pressés. Je te le remplace ton médecin

-         Je préfèrerais que tu remplaces mon plombier

-         Tu ne voudrais pas que je salisse mes pattes, tout de même ?

-         C’est ce qu’ils disent tous ceux qui n’aiment pas au travail manuel.

-         Je crois que tu dérives.  Jean-Baptiste Lenne…

-         Jeau-baptiste Lenne ?

-         Oui le journaliste qui a lu mes blogs et écrit sur eux ne sait plus où donner de la tête. Il les cite tous.

-         Tous ?

-         Enfin, presque parce qu’il commence à y en avoir beaucoup.

-         Et qu’est-ce qu’il dit des blogs ?

-         Il y a une chose que je ne comprends pas : il me trouve impertinent et il dit que je juge avec justesse

-         C’est le propre de l’impertinence de voir les choses avec justesse.

-         Qu’as-tu apprécié surtout dans l’article ?

-         C’est quand il dit que tes chats sont incontrôlables

-         Et qu’est-ce que tu aimes le moins ?

-         Qu’il ait mis ta photo et pas la mienne. Je vais demander un droit de réponse qui sera un droit à l’image.

-         Cabotin, va !

-         Facile à dire pour celui qui a son image en grand sur un article qui me consacre une demi-page.



Photographies de Régine Rosenthal

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13 novembre 2009 5 13 /11 /novembre /2009 06:14

  -         On n’est pas mufle en France, on sait s’occuper des vieux.

      -         Et comment s’occupe-t-on des vieux ?

      -         En les faisant boire de force quand ils n’ont pas soif, en les plaçant dans des maisons où ils pourront voir ce qu’on devient quand on vieillit, en leur trouvant des lieux de rencontre où ils pourront parler de leurs maladies, en les vaccinant en rangs serrés dans des casernes où les hommes retrouveront l’atmosphère et le major de leur jeunesse

      -         Ce n’est pas dans des casernes qu’on va les vacciner, c’est dans des gymnases.

-         C’est pareil. Pourquoi pas des étables comme les vaches ou les bergeries comme des moutons !

-         Tu as déjà vu de jeunes infirmières vacciner des vaches, des porcs ou des moutons.

-         Qui te dit qu’elles seront jeunes ?

-         On les réquisitionne pour çà. Les vieilles personnes seront vaccinés en cadence au son des chants de leur jeunesse.

-         Dans la fesse ?

-         Je ne sais pas. Pourquoi penses-tu dans la fesse ?

-         Parce qu’ils n’ont plus beaucoup de chair ailleurs

-         De toute façon, tu peux être rassuré, on s’occupe des vieux

-         Qui, on, les pompiers ? : ils n’ont pas voulu venir quand j’ai eu une inondation de tout-à-l’égoût.

-         Ce ne sont pas des éboueurs, les pompiers, ce sont des auxiliaires médicaux : ils relèvent, ils désincarcèrent, ils transportent les accidentés aux urgences et puis, quand ils ont le temps, ils viennent s’occuper d’un malaise de vieux.

-         Tu vois bien. Si tu n’es pas content, tu n’as qu’à appeler ton médecin

-         Et si c’est pour une inondation ?

-         Tu appelles ton plombier.

-         Et s’ils ne sont pas là

-         Tu appelles le 15 ou les pompiers. Ils ont leur brevet, tu sais

-         Leur brevet de natation ?

-         Non leur brevet de secouriste.

-         Et puis, il y a des centres « vieux » dans toutes les mairies

-         Pour les aider à trier leurs poubelles ?

-         Pour leur donner des conseils et des fascicules sur la préservation de l’environnement

-         Parce qu’ils n’ont pas su le préserver ?

-         Non, ils avaient des procédés obsolètes qui ne tombaient jamais en panne ; ils ne renouvelaient jamais le matériel ; ils ne portaient jamais rien aux déchetteries.

-         Tu as vu, çà ne s’appelle plus déchetteries, çà s’appelle des "récupèreries" ou quelque chose comme çà.

-         Alors pourquoi reproche-t-on aux vieux d’avoir récupéré ce qu’ils pouvaient durant leur vie ?

-         Parce que les jeunes n’en veulent plus de leurs récupérations

-         Je comprends, l’acier de la victoire çà n’a servi à rien ni les glands ni la poignée de laine du Maréchal que les jeunes d’il y a soixante ans allaient sur ordre récupérer chez leurs vieux à eux. On les soignait les vieux alors. On avait un vieux Maréchal à la tête de l’État. Ils avaient même une carte spéciale, la carte V

-          Une carte V ? Il faudra y penser. Ce que c’est quand même que la mémoire…On devrait leur parler davantage, aux vieux.

Photographies de Régine Rosenthal et Hélène Durand

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12 novembre 2009 4 12 /11 /novembre /2009 06:18

-              Tu as vu, on va nous donner une troisième poubelle.

      -        J’aime bien les poubelles, dit mon  chat, pas toi ?

      -         Je n’aime pas les poubelles supplémentaires et je n’aime pas les écolos.

      -         Pourquoi ?

      -         Ils ont comme les curés du grand siècle, de quelque nouveau saint ils chargent toujours leurs prônes

      -         De nouveaux saints ?

-         Oui, de nouvelles obligations .Après les poubelles de jardin, les poubelles à tri sélectif, les poubelles à papier, les poubelles à verre…

-         Pour çà, il y a les conteneurs

-         Oui mais on ne sait jamais où ils sont, les voisins n’en veulent pas et les vieux ne peuvent pas porter à pied , même vides, des bouteilles qu’on leur livre pleines.

-         Ils n’ont qu’à ne pas boire,  les vieux.

-         Le Ministre de la Santé dit qu’il faut les faire boire. Ce n’est pas lui qui porte les bouteilles à la décharge !

-         Et puis, me dit mon chat, tu n’aimes vraiment pas les écolos.

-         Non, je n’ai pas de voiture, je roule à vélo, je marche à pied, je ne gaspille pas, je ne parcours pas la planète en avion à kérosène. C’est parce que je n’ai pas besoin d’excuses que je ne suis pas écolo.

-         C’est très mal

-         J’ai pas le droit, non ?

-         Non, tu n’es pas civique.

-         Et si j’avais une piscine ?

-         Tu le serais parce qu’une piscine, çà sert aux pompiers quand il y a le feu.

-         Il y a souvent le feu ?

-         Non mais c’est un principe de précaution. Tu n’as jamais laissé traîner un papier par terre ?

-         Çà m’arrive mais je ne laisse pas de crotte de chien dans le caniveau.

-         Tu n’as pas de lampe basse tension ?

-         Non, je ne jette pas les vieilles avant qu’elles soient inutilisables.

-         Tu n’a jamais laissé ta télé sous tension ?

-         Je ne laisse pas la maison éclairée à giorno

-         Oui, mais tu laisse la télé sous tension.

-         Je ne fais pas trois lessives par jour, je fais sécher le linge en plein air

-         Oui mais il y a le bouton rouge de la télé.

-         Je sais, ce n’est pas écolo mais je n’ai pas fait brûler les plastiques pendant plusieurs jours comme l’a fait un chantier de démolition près de chez moi.

-         C’était accidentel tandis que le bouton rouge de la télé..

-         C’est tout le temps, je sais et j’ai tort

 

C’est ainsi que mon chat m’a convaincu de l’utilité des écolos en affirmant qu’en laissant allumé le bouton rouge de la télé je participais au réchauffement de la planète.

-         Si peu lui dis-je

-         Tant soit peu, c’est déjà beaucoup. Tu y as pensé à tes enfants ?

-         Oui, ils roulent en voitures, ont une piscine, lavent leur linge en permanence, n’éteignent jamais les lumières…

-         Tu es incorrigible. Tu devrais lire la charte écologique que Hulot a mise au point

-         Monsieur Hulot, celui du jet dans le jardin ?

Non le seul, le vrai, l’incontournable Hulot.

Photographies Jean Nogrady
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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 06:38

Quand j’ai dit à mon chat qu’on attendait les extra-terrestres à l’ovniport d’Arès créé tout spécialement près du syndicat d’initiatives de cette ville pour les recevoir aux heures d’ouverture dudit syndicat mon chat m’a regardé drôlement avant de me dire :

-              Tu y crois, toi, aux petits hommes verts ?

      -         Je crois bien en toi.

      -         Mais moi je suis sur terre, je vis sur terre, je marche sur terre.

       -         Si peu : tu as eu sept vies, tu as servi des cartomanciennes extra-lucides, tu pries à la lune, tu marches sans bruit, tu me regardes avec cet air qui vient d’ailleurs et qui n’appartient sûrement pas à la terre.

-         Et qu’attends-tu de quelqu’un qui viendrait d’ailleurs plus que de moi-même ?

-         Une autre approche du monde.

-         Tu sais, dit mon chat, tu n’as pas besoin d’eux pour çà. Vous autres, les deux pattes, vous êtes curieux : il suffit que quelqu’un vienne d’ailleurs pour qu’il soit intéressant à vos yeux.

-         D’ailleurs, d’ailleurs… ou des médias, du sport ou de Paris, des magazines people ou des séries télévisées.

-         C’et pareil. Mais pourquoi dis-tu des petits hommes verts ? Pourquoi pas blancs, noirs, rouges, jaunes…

-         Je ne suis pas raciste, moi. Et puis le vert, c’est la couleur de l’espérance

-         Ou de la peur, vert de peur. Et petit ?

-         Petit, parce que c’est moins inquiétant que les grands, les ogres, les géants. Tu sais, plus t’es grand, plus t’es méchant.

-         Tu ne crois pas que les hommes font un complexe, qu’ils ne croient pas assez en eux?

-         Au contraire, ils croient trop en eux, en eux seuls.

-         En eux seuls ?

-         Ils se croient personnellement les plus forts, les plus grands, les plus beaux, les plus…

-         Tu n’exagèrerais pas ?

-         Ils ne pensent qu’à dominer en compétitions, challenges, victoires, réussites,  mépris…

-         Et les autres ?

-         Ils sont là pour être exploités.

-         Ils ne croient qu’en leurs compétences ?

-         Non, çà c’est rien, ils croient en leurs titres, leurs décorations, leur argent, leur ego.

-         Tu ferais mieux de m’écouter de temps en temps plutôt que de t’énerver.

-         Mais tu ne me dis rien

-         Tu trouves ? Ce n’est pas l’avis de ceux qui suivent mon blog. Ils me trouvent bavard. Je t’observe, me tais et n’en pense pas moins.

-         Quand je te disais que tu viens de loin.

-         Tu crois qu’il suffit de se taire pour faire croire qu’on vient de loin ?

-         Si tu te tais, c’est par discrétion ?

-         Non, c’est par sagesse.

-         Par sagesse ou par intérêt ?

-         C’est pareil. Et méfies-toi des petits hommes verts.

Tu deviens raciste maintenant ?                                                                                           Photographies Régine Rosenthal
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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 05:40

       -         Tu as vu, on a porté des morceaux de murs dans la cour de la mairie de Bordeaux.

      -         Des morceaux de mur ? La mairie, ce n’est pas une décharge publique que je sache ; on aurait mieux fait de les donner à Bartherotte, il s’en serait servi pour consolider sa digue

      -         Mais ce n’est pas de n’importe quel mur qu’il s’agit : ce sont des morceaux du mur de Berlin.

      -         Pourquoi n’ont-ils pas mis aussi des morceaux de murs qui barraient les accès de plage et les jetées en 40. Le mur de l’Atlantique, c’est plus ancien et c’était quelque chose !.

-         Mais c’est moins important que le mur de Berlin.

-         Pourquoi est-il plus important, le mur de Berlin ?

-         Parce qu’on l’a démoli.

-         Ce mur murant Berlin rend Berlin murmurant

-         Non, c’est de Paris qu’on l’a dit parce que le mur qui entourait Paris en 1848 coûtait cher

-         Celui de Berlin n’a rien coûté ?

-         Si : vingt-huit ans de séparation d’amis et de familles. Un pays fermé, un passage interdit. Un régime cadenassé.

-         Ce sont peut-être des bénévoles qui l’ont construit ?

-         Tu en connais toi, des bénévoles qui construisent des murs pour le compte des politiques ?

-         C’était pas un mur mitoyen ?

-         Non un  mur séparateur.

-         Il n’y a plus de murs séparateurs dans le monde ?

-         Oh que si ! Il faudrait chercher dans le Moyen-Orient, au nord du Mexique, en Chine…

-         En Chine ?

-         Oui la grand muraille.

-         Mais celle-là on l’a contournée depuis longtemps.

-         Comme la ligne Maginot.

-         Et on l’a conservée toute entière.

-         Pourquoi n’a-t-on pas conservé le mur de Berlin tout entier pour le patrimoine ?

-          On a gardé des morceaux.

-         A-t-on étiqueté les morceaux pour le remonter, comme on a fait des pierres du clocher de Notre-Dame d’Arcachon ?

-         Non les démolisseurs n’ont pas tout mis de côté ; le puzzle est incomplet.

-         Jusqu’aux prochaines enchères ?

-         Tu crois qu’on en a mis de côté pour les vendre plus tard ?

-          « Murs, villes et port

Asiles de mort »      

-         Le mur, ce n’est pas un asile.

-         « Il était un grand mur blanc –nu, nu, nu… »

-         il n’a pas dû rester longtemps blanc

-         pourquoi ?

-         avec tous les taggueurs qui existent dans le monde.

-         Ah, oui, l’art moderne du tag au tag.

-         Tu crois qu’on n’aurait pas  pu s’opposer aux maçons quand ils l’ont construit ? .

-         Les maçons étaient armés

-         Armés de quoi ?

-         De truelles. Si tu crois que c’est facile de s’opposer à tous les murs qu’on construit dans le monde ?

-         Si c’est pour les démolir après…Tu ne trouves pas qu’on perd trop de temps à regarder monter des murs un peu partout pour séparer les gens ?

-         Il me semble que tu n’aimes pas trop les murs ?

-         Si, quand on y laisse une chatière et qu’il n’est pas trop haut pour que j’y puisse prendre un bain de soleil.

-         « Contre le mur une échelle – haut, haute, haute

Et, par terre, un hareng saur – sec, sec, sec… »

 

« J’ai composé cet histoire, - simple, simple, simplePour mettre en fureur les gens – graves, graves, graves

Et amuser les enfants – petits, petit, petits.

-         Où as-tu trouvé çà ?

Dans le coffret de santal, de Charles Cros.




Photographies de Jean Nogrady
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