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26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 06:28

     -         Tu as vu, il y a des gens bien qui mendient aujourd’hui à côté des SDF.

     -         Ils parasitent les SDF qui viennent là chaque dimanche.

      -         Je parie qu’ils ramassent plus d’argent que ceux qui en ont besoin

     -         Mais eux aussi en ont besoin

     -         Pourquoi faire ?

-         Pour en donner aux SDF et se faire bien voir de tous.

     -         Ils ramassent plus que les pauvres, pour le leur donner ensuite. C’est normal, çà, qu’ils les narguent ?

     -         Tu ne vas pas jouer ton Bergé ? 

     -         Oh, lui, il est jaloux parce que le téléthon ramasse plus d’argent que sidaction

     -         Et si ç’avait été le contraire ?

     -         Je ne sais pas ce qu’il aurait dit.

     -         Il est comme les SDF du parvis, il trouve que ce n’est pas juste que l’autre pompe plus que lui. S’il n’a pas d’idées, il n’a qu’à prendre  un publiciste. Mendier, c’est un métier, un vrai.

-         Mais ces gens bien mis, c’est quoi ?

-         Ce sont des intermittents de la charité 

-         Quelle différence fais-tu ?

-         Un métier, c’est… prolétaire

-         Et l’intermittence ?

-         C’est une action distinguée, bien vue, subventionnée, charitable.

-         Comme toute association. Ils ne pourraient pas partager?
-    
Ce n'est pas dans le statut des associations - même caritatives.
-    Les SDF pourquoi mendient-ils, pour partager ?

-         Ils mendient pour manger, boire, survivre.

-         Que vaut-il mieux ?

Et mon chat se mit à chantonner :

 « C’est aujourd’hui, samedi jour de paye

 Le peuple entier se trouvait rassemblé… »

-         C’est fini, çà, ces fameux jours de paye où la femme du roulier allait de bar en bar chercher son homme, elle irait plutôt chercher le fiston de squat en squat

-         On sert à boire dans les squats ?

-         Non on y fume toutes sortes de drogues.

-         Ce n’est pas très distingué.

-         La drogue ?

-         Non les SDF devant l’église. Ils sont mal habillés. Çà fait tache. Surtout que c'est dimanche et qu’il y à leurs côtés des représentants d'associations mendiantes qui son bien sapés...

-         Entre les associations, c’est un peu comme entre sidaction et téléthon.

-         Tu crois qu’ils vont en venir aux mains entre associations ?…

-         Çà remplacerait les montreurs d’ours de mon enfance

-         Au fait, qu’a-t-on fait des ours ?

-         Du pâté

-         Tu en trouve, toi, du pâté d’ours ?

-         Ce doit être interdit maintenant.

-         Qu’est-ce qui n’est pas interdit !

-         Le cannibalisme

Là tu sa raison. Il suffit de regarder les politiques et les Présidents d’associations caritatives : ils sont toujours prêts à se bouffer entre eux.

Photographies de Régine Rosenthal et Hélène Durand
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25 novembre 2009 3 25 /11 /novembre /2009 07:00

     -         Pourquoi la police suit-elle les pompiers quand il y a un accident de la route ?

     -         Pour incarcérer les responsables tandis que les pompiers désincarcérent les victimes.

     -         Si je comprends bien incarcération et désincarcération sont les deux mamelles de la route.

     -         Pas vraiment des mamelles nourricières.

-         Comment çà ?

-         L’une coûte à l’hôpital et l’autre à la pénitentiaire

-         De quoi donc se nourrit la route ?

-         Des taxes sur l’essence et des amendes de radars.

-         Il y donc bien enrichissement!

-         Par les amendes oui mais les amendes n’existent qu’en dehors des accidents

-         Si je comprends bien, l’amende est liée à la prévention et c’est la prévention qui rapporte ?

-         La prévention c’est aussi de l’éducation et l’éducation a un coût.

-         Il faudra donner le tuyau à l’Éducation Nationale

-         L’éducation de l’Éducation Nationale n’est pas de l’éducation-prévention, c’est de l’entassement de connaissances.

-         Y aurait-il des éducations à deux vitesses ?

-         Celle qui est liée au compteur n’a rien à voir avec celle qui est liée à la salle de classe.

-         Que peut-on faire en classe qu’on ne peut pas faire au volant ?

-         On peut s’endormir en classe

-         Mais pas au volant

-         On peut faire des SMS en classe

-         Mais pas au volant

-         On peut lire le journal en classe

-         Mais pas au volant

-         Il y a une autre différence : les jeunes vont vite en voiture

-         Et lentement en classe. Regarde Caramel.
-         On peut se maquiller en classe ?

-         Çà, la prof d’anglais du lycée Jean Lurçat n’a pas voulu, pas plus que le téléphone.

-          Tu vois bien qu’il y a des moments où c’est pareil

-         Oui, la pause pipi et l’arrêt obligatoire toutes les 55 minutes.

-         Comme les troupes à pied qui devaient faire une halte toutes les 55 minutes.

-         Tu sais, on n’a pas l’imagination fertile : que ce soit à pied, en voiture ou en classe, cinquante-cinq minutes  nécessitent un arrêt OBLIGATOIRE

-         C’est bien la seule chose qui soit respectée en classe.

-         Et en voiture ?

-         Pas souvent.

-         J’ai lu que les cameras de surveillance vont être remplacées par des cameras de protection ? On va surveiller les arrêts-pipis ?

T’inquiètes pas, surveillance et protection, c’est la même chose.

Photographies Antine@
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24 novembre 2009 2 24 /11 /novembre /2009 07:06

-         La poubelle que tu as en plus, c’est à cause de la caisse de Caramel ?

-         Non, c’est pour le tri sélectif

-         Tu connais un tri qui ne soit pas sélectif, toi ?

-         Non, mais çà fait partie du vocabulaire administratif. Ils veulent dire un tri qui sélectionne certains éléments

-         Comme pour le rugby

-         J’ai dit des déchets, pas des joueurs mais c’est un tri sélectionneur quand même : cartons, plastique, boîtes de conserve à mettre de côté

-         Pour qu’ils jouent ?

-         Non pour être recyclés

-         Çà je sais : les boîtes de conserve, çà sert à mettre les clous !

-         Plus maintenant, les clous ne sont plus vendus en vrac mais en boîtes plastiques à glissières

-         Comme les nouilles, les gâteaux, les légumes secs…

-         Non, eux c’est en paquets cartonnés ou en boîtes.

-         Çà fait du déchet tout çà

-         560 kgs par personne.

-         Comment faisait-on pendant la guerre ?

-         Je ne sais pas.

-         Il faudrait peut-être reprendre le règlement de Vichy.

-         Je crois qu’on n’avait pas grand chose à jeter.

-         Pourquoi a-t-on tant à jeter aujourd’hui ?

-         A cause des boîtes, des emballages, des journaux de pub. Attends Noël et tu verras, sans compter les bouteilles de champagne que tu dois mettre à part.

-         Elles ont consignées ?

-         Non on ne se ressert jamais des contenants

-         Par mesure d’hygiène ?

-         Je pense que c’est pour le plaisir d’accumuler tout çà dans des déchetteries

-         Çà ne s’appelle plus comme çà. J’ai vu que, dans certaines régions, on appelle çà des recycleries

-         Est-ce qu’ils ont demandé son avis à l’Académie ?

-         L’Académie Française ?

-         Non, l’Académie du Bassin d’Arcachon ?

-         Penses-tu ! le vocabulaire administratif a sa logique qui n’est pas la nôtre.

-         L’administration créerait-elle des mots nouveaux ?

-         Pas toujours mais elle en emprunte aux langues étrangères ou elle en détourne souvent de son vrai sens.

-         Du droit chemin, en quelque sorte

-         C’est un peu çà. Regarde ce qu’ils disent quand ils parlent de service, de confidentialité, de transparence, de collaborateurs… C’est pas utile mais çà embrouille.

-         Pourquoi on ne leur demande pas aux industriels de faire le tri sélectif ?

-         Parce que çà fait partie du marketing des commerciaux et que, pour faire un tri sélectif il faut d’abord les éléments.

-         Çà sert à quoi le marketing ?

-         À faire vendre

-         À faire vendre ce qu’on doit jeter ?

-         C’est un peu çà.

-         Ne me dirais-tu pas qu’il faut que je travaille à trier ce que j’achète  ?

-         Tu ne voudrais pas mettre le commerce au chômage ou réchauffer l’atmosphère ?

-    Atmosphère ! Atmosphère ! Ils ne la réchauffent peut-être pas l’atmosphère!  

Photographies de Régine Rosenthal, Jean Nogrady et Vincent Gallière
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23 novembre 2009 1 23 /11 /novembre /2009 06:28

Le chat des villes

et le rat des champs

 

 

L’autre jour un chat de ville

Rencontrant un  rat des champs

D’une façon fort civile

L’abordait tout en marchant.

Où allez-vous bel enfant ?

Venez à mon domicile

J’ai croquettes et argent…

Vous aurez emploi facile

Du confort, de l’entregent.

Mais le rat n’est pas servile

Et du chat il est méfiant

Il faut, dit-il que je file

Je n’ai pas beaucoup de temps.

Votre griffe est trop agile,

Votre ton trop alléchant,

Je ne suis pas si débile

Que de  suivre un Tout-venant.

 

 

Ce conte est pour les enfants

Qui ne seraient pas dociles

Aux conseils de leurs parents

Car il n’est jamais habile

De se montrer trop confiants

Si l’esbroufe est dans les villes

La sagesse est dans les champs.

 

-         Tu reviens de la campagne ? Qu’as-tu vu de beau ?

-         Rien qu’un rat maigre

-         Ou trop vert ?
-
         Je n’ai pas dit une souris verte, j’ai dit un rat maigre, si maigre que je lui ai proposé de venir à la maison se retaper.

      -         Et il n’a pas voulu ?

      -         Il dit préférer sa liberté à mon confort. Je me demande à quoi ça sert la liberté sans confort. C’est un plouc, un gueux

      -         Et le confort sans liberté, çà sert à quoi ?

-     -         Il m’a menacé de prévenir alerte-enlèvement.
Ces gens-là n’ont aucune reconnaissance. Il n’a vu en moi aucun sentiment de compassion.

     -         Pourquoi alerte-enlèvement ? Que lui as-tu donné à croire ?

      -         Moi, rien mais ses parents lui ont dit de se méfier des inconnus.

       -         Il était bien capable de te faire enfermer.

-     -         Il aurait bien essayé mais nous avons de bons avocats et de bons psys .

      -         Tu as besoin d’un psy ?

    -         Pas vraiment d’une cure psy mais d’un certificat prouvant que j’ai des pulsions.

      -         Et çà aurait suffi.

      -         Bien sûr, ils les libèrent tous dans ce cas là.

    -         En tous cas, il faut se méfier de tout aujourd’hui.

-         Tu regrettes quoi, au juste ?

-         Le joli temps de mon enfance où l’on pouvait se payer un rat sans être accusé d’être un prédateur..

-         Tu sais, il y a une fin à tout.

-     Mais pas à mes pulsions.

Photographies Régine Rosenthal
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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 07:07

Des histoires de renards, il y en a toujours eu ici où les poules couchent dans les grands arbres quand ce n’est pas dans un abri aménagé tout en haut d’un pitey afin de leur échapper. Ce sont des renards roux, de l’espèce ordinaire, de ceux que l’on trouve dansant dans la lande :

« Troubi lou renard, lou loup et LA lèbe

Troubi lou renard et lou loup dansen. »

 

Celui-ci sortait de l’ordinaire pour deux raisons : on ne l’avait jamais vu autour d’un poulailler et surtout il avait une touffe de poils argentés dans sa fourrure rousse. C’était, comment dire ? comme un renard de collection. Tous les chasseurs en lorgnaient le pelage.

C’est ainsi qu’il fut décidé en leur assemblée de « cassaïre », à une majorité jamais atteinte dans aucune assemblée politique, de courir cet animal hors normes que d’aucuns s’accordaient à trouver diabolique.

 

Les chasseurs furent convoqués un dimanche de novembre à Saint Magne de Belin. Le notaire et le maître des Arnauds, qui avaient l’habitude de ces courses, avaient revêtu l’habit rouge et la culotte blanche et chaussé les bottes à revers. Les autres s’étaient dispensé de tout protocole. Il y avait là quelques femmes avec, en amazone, la jeune nièce du notaire, une personne fort courtisée et venue tout exprès de Bordeaux. Le piqueur comptait les arrivants. Des chevaux de louage se mêlaient à ceux que leurs propriétaires avaient amenés. Les chiens, qui faisaient partie de l’équipage de Me Tabellion dansaient sur place selon leurs habitudes. On partit de bonne heure, fanfare au vent, dans l’aboiement des chiens de la meute qu’accompagnaient pour une fois tous les chiens de Saint Magne. Le renard, pris aux environs de La Brède, partit tout aussitôt comme une flèche mais, au lieu d’aller droit devant lui il courrait comme UNE lièvre en faisant d’impressionnants crochets et rebondissait aux limites de la lande comme les boules de billard lorsqu’elles touchent à la bande. Et la meute suivait. Et les piqueurs sonnaient. Et la meute aboyait. Et les chasseurs galopaient. On les avait vus passer à Villandraut, au Moutchic, aux environs de Lesparre, à Sainte Hélène pus à nouveau au Barp, à Saint Symphorien, à Cestas, à Caudos, à Captieux. La bête, qui ne quittait jamais la Gironde, avait choisi de repasser par Saint Magne autant de fois qu’il le faudrait.

 

La première fois, le village était là à les applaudir, avec la clique venue rendre hommage aux morts de la Grande guerre et les majorettes à grand renfort de gambettes. La seconde fois, qui était un lundi, il ,n’y avait plus que les enfants des écoles à courir derrière eux à la sortie des classes, la « frottée à l’ail » de leur « quatre heure » encore à la main. La troisième fois, quelques personnes attardées à rentrer chez elles sous une pluie fine qui les transperçait s’étonnèrent de voir filer cette horde sonnante, aboyante et galopante sous de lourds nuages assemblés. La quatrième seul un vieil ivrogne les aperçut alors qu’il sortait de l’unique cabaret encore ouvert à cette heure indue. Le cinquième, l’équipage était fourbu, les piqueurs hébétés, les habits des cavaliers déchirés. Les femmes avaient perdu leurs chapeaux emplumés et tous de leur superbe, personne n’étant plus là pour les admirer. Les cuivres ne sonnaient plus depuis longtemps quand ils sont passés pour la sixième fois, dégoulinants de pluie et de fatigue, les yeux éteints dans de grands cernes violacés. La septième fois, ils disparurent corps et biens dans les rues de la ville qui les avait oubliés.

 

On ne les revit jamais : ni les cavaliers, ni la meute, ni la belle héritière du notaire, ni le renard à la touffe d’argent. Disparus, volatilisés dans la lande, à tout jamais perdus entre les vignes, les grands pins et les petits bois d’acacias du Bazadais.

 

C’est depuis ce temps là que les vieux assis le soir sur le banc devant l’ « oustaou », disent à leurs petits enfants, les jours où le vent chuinte dans les cimes des pins : « tu entends, pitchoun, c’est Saint Hubert qui chasse. »
Photographies Régine Rosenthal

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21 novembre 2009 6 21 /11 /novembre /2009 18:58




À bon chat bon  rat

À chat lit, rat lie

À chat mot, rat maux

À chat sis, rat scie

À chat beau, rat bot

À chat laid, rat lé

À chat mi, rat mie

À chat vain, rat vin

À chat leur, rat l’heure

À chat tôt, rat taux

À chat thé, rat té

À chat marée,….

……rat d’eau, bien entendu.

Photographie de Régine Rosenthal
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21 novembre 2009 6 21 /11 /novembre /2009 06:39

-         Tu sais quel est le médecin de garde dimanche ?

-         Non

-         Et le pharmacien ?

-         Non plus

-         Je croyais qu’ils pratiquaient la transparence des tours de garde ?

-         Non c’est un secret que seuls connaissent le 15 et le bon Dieu

-         Le 15 ne répond pas toujours et Dieu ne répond jamais à ce genre de sollicitations.

-         C’est un secret défense ?

-         Non un secret médical.

-         Comment vont faire le vieux ?

-         Les vieux n’ont que çà à faire : ils n’ont qu’à se retenir de tomber malade en fin de semaine, ou la nuit.

-         Pourquoi la nuit ?

-         J’ai connu un temps où l’on pouvait appeler le médecin la nuit et des pharmacies qui avait un guichet à n’utiliser qu’aux heures de fermeture. 

-         Tu galèjes ?

-         Pas du tout.

-         Tu es si vieux que çà ?

-         On dirait.

-         Et les mamans qui craignent pour leur bébé ?

-         Elles ont toutes des voitures ; elles peuvent toujours aller aux urgences.

-         Tu crois que les urgences …?

-         C’est fait pour tout ce que ne veulent pas faire les services médicaux aux heures les plus indues pour les bobos les plus inattendus.

-         Et les autres, qui ont pignon sur rue, ils ne travaillent qu’aux heures ouvrables ?

-         Comme tout le monde.

-         Pour un petit bobo, il faut prendre sa demi-journée ?

-         Bien sûr.

-         Que paiera ?

-         La Sécurité sociale : visite et ITT

-         Tu en connais d’autres métiers qui ont à ce point réduit leurs services ?

-         La poste et le téléphone.

-         Parce qu’avant ?

-         Oui j’ai connu deux distributions de lettres par jour, les télégrammes de Noël montés aux étages le jour même et les demoiselles du téléphone de service 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.

-         Même pendant la guerre.

-         Même pendant le couvre-feu.

-         Je comprends leur stress.

-         D’autant plus que le timbre de la poste ne fait plus foi.

-         Pourquoi donc ?

-         Parce qu’il n’y a plus de timbre de poste indiquant le jour, la date et l’heure du départ des lettres.

-         Et Caramel qu’est-ce qu’il en pense ?

-         Caramel est un chat moderne qui comprends que tout métier mérite salaire et repos.

-         Même la médecine et la poste ?

-         Courriels et SMS sont toujours datés.

-         Et en cas de maladie ?

-         Oh, tu sais, à son âge, on n’est malade qu’aux heures scolaires.

 


Photographies de Régine Rosenthal et Hélène Durand.

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20 novembre 2009 5 20 /11 /novembre /2009 11:37

Ce mur, qui le murmure de la mer ne mure,
Est mur à mer






Photo Jean-Christophe Lauchas

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20 novembre 2009 5 20 /11 /novembre /2009 06:47
Mouss’ a amené Caramel voir quelques édifices intéressant le patrimoine de la région

 

      -         Tu vois, dit Mouss’ la façade de cette école est ancienne ; on désire la conserver au titre du patrimoine.

      -         Qui, on ?

      -         Ceux qui répertorient les monuments à classer.

      -         Cinquante ans, c’est assez ?

      -         Pour savoir ce qui se faisait avant nous, oui.

      -         Mais l’hôpital que tu m’as montré tout à l’heure, il ne doit pas être détruit ?

-         Si, il est obsolète.

-         Il est si vieux que çà ?

-         Oui il a trente ans d’âge.

-         Je ne comprends pas, dit Caramel, plus futé que ce que Mouss’ pensait : trente ans, c’est obsolète et cinquante digne d’être conservé ?

-         Bien sûr.

-         Comment connaîtra-t-on le style des années 70-80 si on détruit les monuments de l’époque avant qu’ils aient cinquante ans ?

-         Ces années-là ne nous intéressent pas.

-         Et si elles m’intéressaient, moi ou mes enfants ?

-         Je t’assure que çà n’en vaut pas la peine. Tu peux me faire confiance, non ?

-         Caramel n’aime pas qu’on lui impose une confiance qu’il n’accorde pas à priori. Il continue : « et notre maître, qui a trente ans de plus que ta façade, il appartient au patrimoine ou aux vieux déchets ».

-         Voyons, ne parle pas comme çà. C’est vrai qu’il est obsolète.

-         Pourquoi ? 30, obsolète, 50, à conserver, 80 vieux croûton. Je ne comprends vraiment plus.

-         La courbe de la vie fait des sinusoïdes.

-         Des sinusoïdes, qu’est-ce que c’est que çà ?

-         Des ondulations.

-         Comme la mer ?

-         Si tu veux.

-         Tu es en train de me dire que la vie fait des vagues ?

-         Tout à fait. Tu as l’avant-guerre, le temps de guerre, les trente (dites) glorieuses, la décolonisation, la chute du mur, les héros de 68, les milliardaires qui nous viennent de l'est par communisme interposé, le temps des traders, la chance des Madof, les lendemains qui déchantent…

-         Et rien qui enchante ?

-         Si la généalogie, l’histoire, le patrimoine… Tout ce qui fait rêver.

-         L’histoire et le patrimoine, c’est pas pareil ?

-         L’histoire est faite par nos ancêtres, le patrimoine pas forcément

-         Comment donc ?

-         La hutte gauloise, c’est de l’histoire, même si nous sommes venus d’ailleurs récemment ; le blockhauss, qui a été construit pas les Allemands, c’est du patrimoine français.

-         C’est ce qu’on appelle la fraternisation.

-         Même si elle a commencé autrement.

-         Au fond, le patrimoine, c’est ce qu’on visite le jour du patrimoine ?

-         Une peu, oui.

-         Mais, dis-moi : pourquoi ne conserve-t-on que les façades ?

-         Parce que les arrières sont pourris depuis longtemps.

-         Comme chez notre maître alors ?

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19 novembre 2009 4 19 /11 /novembre /2009 06:27

Depuis que Mouss’ a lancé l’idée d’écoles sans classes [voir le blog précédent] il a reçu des quantités de commentaires et il sait de source sûre (elles le sont toutes quand elles ne sont pas erronées) que l’association des parents d’élèves des écoles publiques et privées pour une fois d’accord ont écrit au Ministre de l’Éducation Nationale.

 

-         Ils l’ont félicité au moins ?

-         Oh, tu sais, ils en ont tellement vu qu’ils ne prennent plus parti.

-         Pourquoi ont-ils écrit alors ?

-         Ils ont demandé que,  au cas où cette réforme serait votée au Parlement (et ils ne voient pas pourquoi elle ne le serait pas) - je cite - : « Dans le cadre de l’égalité des chances nous demandons à ce que chaque foyer où se trouve un élève scolarisable soit muni d’une web cam reliée à un service central de surveillance ainsi que la création d’un corps d’enseignants-veilleurs pour contrôler ce que font les élèves chez eux quand les parents n’y sont pas ».

-         Tu crois que c’est possible, çà ?.

-         Bien sûr il en existe un excellent modèle à la Préfecture de Police de Paris pour surveiller la circulation dans la capitale. Il pourrait servir de modèle.

-         Et les enseignants qu’est-ce qu’ils en pensent ?

-         Ils sont contre mais uniquement sur le titre à donner au nouveau corps. Ils préfèreraient le titre d’enseignants-chercheurs

-         Ils chercheraient quoi ?

-         La petite bête, la faille de l’élève, la moindre inattention, la faute à sanctionner…

-         Et pourquoi pas un bracelet électronique pour éviter l’école buissonnière de printemps ?

-         Pourquoi pas ? Ils sont rôdés, bien au point. Le seul problème c’est qu’on ne sait pas où ils sont fabriqués. Ils risquent de provoquer des brûlures à en gonfler les chevilles des pauvres petits..

-         Et comment se ferait la formation des nouveaux enseignants ?

-         Par des stages dans les commissariats et dans les prisons.

-         Et tu crois que les enseignants vont accepter çà ?

-         Pour l’instant le gouvernement et les syndicats d’enseignants n’en sont qu’aux discussions préliminaires précédant les discussions préparatoires.

-         Çà va changer drôlement le cours des choses !

-         Pas tellement puisque ce n’est après tout que le rétablissement des pions, des études surveillées, des colles, des garde-champêtres et le désengagement des parents.

-         Si c’est çà, le progrès, autant revenir aux méthodes anciennes, quand l’odeur de l’encre et de la craie à l’école rappelait l’odeur de l’encens des églises.

-         Je vois, tu es un olfactif, toi.

-         Et puis, çà ferait de belles histoires de blagues entre copains à raconter plus tard à nos enfants. Que va-t-on pouvoir leur dire maintenant ?

-         Déjà qu’on n’a plus d’histoires de régiments.

 

Caramel, qui écoutait cette conversation d’un autre monde se demandait dans quel milieu il était tombé.

- Ce n’est pas du caramel, dit-il, c’est de la mélasse.

 

 

Photographies de Vincent Gallière et Régine Rosenthal

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