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30 octobre 2009 5 30 /10 /octobre /2009 05:59

- Dis-moi il faut que je prépare l'intervention du Maire, tu n'aurais pas un conte d'actualité en réserve par hasard ?
- Je ne t'ai jamais raconté l'histoire de ces chasseurs de Gironde qui attendaient les palombes?
- Des palombes? Justement nous sommes en plein dedans.


Quand un homme regarde en l’air, en Gironde, c’est qu’il attend les palombes. Ce qu’y voyait le simplet de village était hors de vue des autres habitants pourtant habitué à circuler le nez en l’air. Il souriait toujours, même quand il n’y avait pas de palombes. C’est pour çà qu’on le disait simplet.

Il marchait déjà comme çà quand il était petit et ses parents disaient d’un air entendu « cet enfant va finir par se casser la gueule », ce qui aurait dû être l’évidence même. Mais il y a toujours un Bon Dieu pour les rêveurs. Et ce simplet là n’avait pas son pareil pour sentir un vol de palombes deux jours avant qu’elles n’arrivent. C’était un cas. Le village le considérait comme un héros local – un peu comme un demi de mêlée de rugby.

Son père lui avait légué une palombière, sorte de vigie à nacelle de brande, bien calée à la naissance de la plus grosse branche d’un chêne. Il vivotait du produit de ses chasses en saison et de l’hospitalité du village hors saison.

Cela aurait pu durer longtemps, s’il n’y avait eu la trahison. Notre simplet a dit comme çà que la dame ne voulait plus qu’on touche aux palombes. Habitués à ne jamais tenir compte de ses paroles, les chasseurs se mirent à l’espionner, d’autant plus qu’il montait deux fois par jour à la palombière.

Au début, cela étonnait : « Le passage serait-il précoce cette année ? Le temps a-t-il été déréglé par la pollution ? » Les habitants supputèrent les impossibilités : « Il faudrait que les glands poussent. Le maïs n’est pas assez mûr, etc… » Ils en vinrent à douter de leur informateur. « Avait-il perdu le don ? » ou encore  « avait-il toute sa raison ? » ce qui était un comble en parlant d’un garçon simplet. On le crut même gagné par les écologistes, payé par Dugrain- Dubourg .

Et puis un jour d’octobre, à l’heure où l’aube fait briller la rosée, les habitants du village n’en crurent pas leurs yeux. La palombière du simplet n’était pas une nacelle, c’était une volière. Il y avait des palombes partout tout autour d’elle.

On courut chez notre simplet : pas de simplet. On le crut au café : le café était vide. On se portait en troupe à l’église où il servait de bedeau quelquefois : le curé ne l’avait pas vu depuis deux jours déjà. Deux hommes des plus hardis montèrent à la palombière : ils l’y trouvèrent tout au fond en compagnie de …la plus belle des dames qu’un « cassaïre » ait jamais rencontré dans la lande, même quand il avait bu un bon résidu de grappe : des yeux de feu, une chevelure de lumière longue à lui recouvrir le croupion… Ils étaient certains d’une chose, c’est qu’ils ne l’avaient jamais vue auparavant parce qu’une fille pareille, çà ne s’oublie pas.

Lourds de cette découvert, il dévalèrent l’échelle au risque de se rompre les cervicales mais quand ils voulurent tous ensemble porter le "tourin" comme on fait aux jeunes mariés la nuit de leurs noces, il n’y avait plus dans la palombière ni la dame, ni le simplet. Il n’y avait même plus d’oiseaux.

C’est ainsi que les palombes ne sont jamais revenus dans ce village de cassaïres où des hommes trop indiscrets n’ont pas su laisser tranquille un garçon simplet qu’ils avaient trouvé au fond de sa palombière en compagnie de la plus belle dame qu’on ait jamais connue en ce coin de Médoc où sont pourtant venues tant de belles étrangères.

Photographies de Régine Rosenthal

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29 octobre 2009 4 29 /10 /octobre /2009 05:57

-         Qu’est-ce qu’un bobard, me dit mon chat en rentrant ce matin

-         C’est ce qu’on veut faire croire et qui n’a aucun fondement.

-         Tu en connais, toi, des bobards ?

-         Plein : des bobards historiques, des bobards politiques, de bobards pour rire…

-         Un bobard, çà ne serait pas un mensonge, par hasard ?

-         Il y a tant de mensonges : le mensonge pieux, le mensonge d’auto-défense, le mensonge mondain, le mensonge de glorification… Non, le bobard est un mensonge gratuit que l’auteur qui cherche à tromper des badauds sait être un mensonge, puisque c’est lui qui est à l’origine du bruit qui court.

-         Un mensonge de carnaval ?

-         Presque, sauf que carnaval, pour un bobard, c’est tous les jours.

-         Tu en connais des bobards ?

-         Tiens, l’autre jour, on a dit qu’on allait supprimer la ligne Facture Arcachon

-         Et ce n’est pas vrai ?

-         Pas encore.

-         Si je dis qu’on va mettre des éoliennes sur la dune du Pilat…

-         J’ai compris, c’est un bobard.

-         Non, c’est un ballon d’essai

-         Si j’affirme que l’on va installer des périscopes à Arcachon, un dans chaque pièce pour que chacun puisse voir la mer depuis chez soi; qu’est-ce que c’est ?

-         Un bobard, bien sûr.

-         Non c’est une idée géniale

-         Et quand Clemenceau a dit des combattants « ils ont des droits sur nous » ?

-         Çà ce n’est pas un bobard parce que c’est trop sérieux

-         Tu as raison, ce sont des inquiétudes de politique

-         Quand tu entends dire que la bonne du curé se tient mal ?.

-         J’espère que c’est un ragot

-         Non, c’est une rumeur et de plus malveillante

-         Parce qu’il y a des rumeurs bienveillantes ?

-         Quelquefois, quand on prépare des élections.

-         Si je dis qu’on va fermer la plage quand les souris crèvent ?

-         C’est un faux bruit

-         Et la barbe fleurie de Charlemagne ?

-         Une accroche pédagogique

-         Quelle différence fais-tu entre un bobard, un ballon d’essai, une idée géniale mais utopique, l’expression d’une illusion, une accroche pédagogique, un faux bruit, une rumeur et une parole de politique ?

-         Aucune. Ça dépend du degré de réception du badaud qui t’écoute.

Photographies Paul-Yvan Béna

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27 octobre 2009 2 27 /10 /octobre /2009 10:45

-         La science, c’est un alibi ?

-         Oui, c’est un alibi

-         Un alibi sérieux

-         Un alibi sérieux. Pourquoi me demandes-tu çà ?

-         Pour les yaourts scientifiquement prouvés…

-         C’est un usage abusif du mot science

-         Et pour le réchauffement de la planète ?

-         Çà dépend

-         Çà dépend de quoi ?

-         Quand j’étudiais la thermodynamique de l’atmosphère, il n’était pas question de carbone mais de calories apportées par les rayons solaires

-         Toujours les mêmes ?

-         Non, à cause des poussières interstellaires.

-         Et maintenant ?

-         Il y a encore des scientifiques qui utilisent la formule du bilan terrestre sans faire intervenir l’oxyde de carbone.

-         Ils le disent ?

-         Les scientifiques ont des revues sérieuses où s’affrontent leurs thèses.

-         Ils lisent tout çà ?

-         Oui, bien sûr. Ils doivent même dire où se situent leurs recherches

-         Et s’ils ne le font pas ?

-         Ils disent n’importe quoi et se foutent de nous

-         Alors tu ne veux rien me dire?

-         Dans ce cas précis, je ne peux rien te dire

-         La politique, c’est pareil ?

-         Pourquoi ?

-         Parce qu’ils nous disent que la science affirme.

-         Pourquoi ne laissent-ils pas parler les scientifiques ?

-         Ils ont peur de leurs doutes et des observations contraires à leurs opinions

-         Parce que les opinions ont quelque chose à voir avec les observations ?

-         Pas toujours.

-         Les politiques sont des observatoires ?

-         Tu veux dire des observateurs ?

-         Oui des observateurs

-         Et bien non, ce sont des affirmateurs.

-         Au nom de quoi auraient-ils raison ?

-         Au nom du Saint Chrême que leur confère l’élection.

-         Tu ne serais pas monarchiste par hasard ?

-         Au nom du Saint-Chrême ?

Les princes qui nous gouvernent le méritent bien.

Les photographies nous ont été fournies par Frimousse avec l'autorisation expresse de ses maîtres.
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26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 09:56

 Mon chat est rentré ce matin en très mauvais état, traînant la patte et les moustaches de travers

-         Qu’est-ce qui t’arrive ?

-         C’est à cause du match

-         Quel match ?

-         PSG contre Marseille.

-         Tu ne reviens pas de Marseille, tout de même ?

-         Non, j’étais au bistrot à côté pour regarder le match à la télé.

-         Qui a gagné ?

-         Personne. Le match n’a pas eu lieu.

-         Pourquoi ?

-         À cause de la grippe porcine

-         Ils n’avaient pas reçu les masques ?

-         Aux couleurs des clubs, tu galèjes.

-         C’est pas si grave que çà deux joueurs malades de la grippe porcine

-         La preuve que si.

-         Tout çà ne me dit pas pourquoi tu es dans cet état

-         Ils ont tout cassé

-         Les joueurs ?

-         Non, les supporters : ils n’ont pas supporté d’avoir fait le déplacement et payé les places si cher pour être privés de matche.

-         Mais toi tu n’as rien payé et tu n’es pas allé bien loin.

-         Oh, tu sais, quand tu vois quelqu’un se bagarrer, çà te donnes envie.

-         Et tu as tout cassé.

-         Non, c’est le patron.

-         Il a tout cassé ?

-         Non il a appelé les flics

-         Comment çà s’est terminé ?

-         Au poste.

-         Et à Marseille ?

Je ne sais pas, il n’y a pas de poste au commissariat dans les salles de dégrisement.

Photographies Régine Rosenthal et Jean Nogrady
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25 octobre 2009 7 25 /10 /octobre /2009 06:39
- Où vas-tu chercher tout ce que tu me racontes, me dit un jour mon chat
- Comme tout le monde, sur Internet
- Tu y crois, toi, à internet
- On trouve tout sur internet
- Comme à la Samaritaine?
- Plus qu'à la Samaritaine : on trouve un mari, un mec, de quoi l'habiller, tous les ragots pipoles et toutes les opinions indispensables pour bien voter.
- A voir toutes les bêtises que tu y mets, Internet est probablement le plus grand bêtisier du monde.
- On aime bien les bêtisiers, çà repose du sérieux.
- Le malheur c'est, que de nos jours, ce sont toujours les mêmes bêtises qu'on répercute.
- Comme les moutons et les oies qui suivent la troupe qui suit le meneur.
- Le plus grand nombre, j'ai entendu çà quelque part.
- Quand j'ai défini la démocratie.
- Parce que la démocratie, c'est quand on se met à plusieurs pour démolir quelqu'un?
- Non, çà, c'est la rumeur.
- La rumeur, c'est quoi exactement?
- Ce que quelqu'un susurre et que tout le monde répète.
- Le secret dit à l'oreille?
- C'est un peu çà. En langage commercial, çà s'appelle du marketing.
- Tu fais du marketing tous les matins?
- Non, puisque je ne vends rien.
- Que fais-tu alors?
- Je me défoule.
- Et tu as besoin de moi pour te défouler
- Oui puisque tu es mon faire valoir.
- Gare à mes griffes!

















Photographies de Vincent Gaillère, Régine Rosenthal et Jean Nogrady
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24 octobre 2009 6 24 /10 /octobre /2009 07:12
- Dis-moi, pourquoi le seigneur est-il resté longtemps auprès des loups?
- Parce que la fée sa marraine, pensait qu'il n'y avait pas meilleur pensionnat pour apprendre la civilité morale et puérile qu'auprès des loups, moins fauves à ses yeux que la soldatesque d'ailleurs.
- Moi, tu sais, je serais allé voir Jeaneton quand elle dégrafait son corsage.
- Mais les gars de Créon connaissaient plein d'autres histoires de gens devenus loups garous dans la grande forêt et craignaient de ne pas revenir.
- Qui, par exemple?
- le grand Jean, qui était si bon savetier, la grosse Jeanne, toujours la première à entonner une chanson à boire, la triste Agnès dont on se serait douté, rien qu'à la voir, qu'elle était ensorcelée. Les plus craintifs les disaient mangés par les loups, les plus informés, ou les plus critiques, pensaient qu'ils les avaient rejoints sous les grands arbres.
- Les loups, les grands arbres...
Photographie de Cristelle Daniel
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24 octobre 2009 6 24 /10 /octobre /2009 06:50

Je ne sais pas d'où il sort tout cela mais mon chat a des tas de contes qu'il ronronne au coin du feu avant de s'asseoir devant l'ordinateur où il prend des attitudes de poète inspiré.

C’était aux temps lointains quand la forêt recouvrait le plateau de Benauge. Les habitants venaient d’y bâtir Créon, une bastide en rond à proximité d’immenses souterrains où ils se réfugiaient à l’annonce de chevauchées ennemies. C’est après une alerte un peu plus longue que les autres qu’une femme en sortit avec deux bébés loups qu’elle prétendait nourrir à la mamelle.

Des louves nourrissant des petits d’hommes, nous en connaissons à Rome et dans l’Inde mais des loups nourris par des femmes, çà ne s’était jamais vu. Jeaneton était une fille de paysans durs à la peine mais quand ses compagnons d’infortune ont claqué la porte de la ville sur elle et ses loups, elle s’enfuit en forêt se disant que si les hommes se faisaient loups pour elle, les loups pourraient bien s’attendrir à son exil forcé. Quand elle dégrafait son corsage, ce sont les loups, et pas les hommes qui faisaient cercle autour d’elle. Les jeunes prenaient des précautions de loup pour ne pas blesser ses jeunes seins de leurs dents pointues.

Cela aurait pu durer longtemps s’il n’y avait eu les grands froids de Noël qui ont obligé les habitants à allumer un grand feu sur la place centrale. Cette nuit là, le veilleur de nuit s’étant cadenassé en son logis et le feu n’en finissant pas de mourir, on vit arriver deux jeunes loups dans la ville. C’était chose banale par les grands froids que cette intrusion. Bordeaux même a sa rue du Loup. Alors Créon, ville perdue en plein milieu de la forêt…

Ces loups n’en voulaient qu’aux tisons rougeoyant sur la neige. À peine eurent-ils mis le pied sur les bûches à demi calcinées que le feu reprit de plus belle, le temps qu’en sortissent deux hommes, où l’on put reconnaître un jeune seigneur et son serviteur. Ce dernier reprit son cri de guerre : « Tue, pille, mon beau seigneur

-         Garde-t-en bien sur l’honneur dit alors le seigneur qui répondait aux doux prénom d’Amaury.

-         Quel honneur, beau sire, vaut belle fille prise en fenière ?

 Amaury, qui n’écoutait déjà plus, fonçait vers la forêt suivi de son serviteur bougonnant.

De tanière de loup, ils n’en virent point mais un beau château tout illuminé de chandelles. Une jeune femme brodait près de Jeaneton qui tricotait.

Amaury, penaud et pour une fois intimidé s’en vint près de la jeune femme pour lui présenter Jeaneton. Mais elle, qui était fée, savait tout ce qui s’était passé et de sa baguette bénit les jeunes gens. Elle avait transformé pour un an le jeune seigneur en loup pour le punir de ses pilleries de soudard, et le savait guéri.

Et Jeaneton ?   Elle oubliait l’offense de ses dents aigues de carnassier,  et le regardait les yeux chavirés ainsi que fait qu’une fille amoureuse qui pardonne du fond des yeux qui est un peu le fond du cœur. Mais çà, une fille bien élevée ne peut jamais le dire.

Et comme on dit chez moi lou counte es acabàt


Photographies de Régine Rosenthal
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23 octobre 2009 5 23 /10 /octobre /2009 06:38

-         Tu as vu, dit mon chat, on sait exactement quelle sera la température du 25 août 2045 et le nombre de malades de la grippe porcine cet été.

-         Comment cela ?

-         Grâce à des logiciels

-         Si c’est sur Internet, alors… Je n’ai plus rien à dire contre les extrapolations.

-         Qu’est-ce que c’est une extrapolation ?

-         Je vais t’en donner un exemple : Henri Rochefort écrit en tête de son livre de cavale après son évasion de Nouméa qu’il y avait aux États-Unis 38 115 641 habitants en 1870. Il se demande alors quand ce pays pourra atteindre les 100 millions d’habitants. Après deux pages de savants calculs sur les accroissements décennaux, les effets de la guerre de Sécession, l’arrivée des immigrants, la natalité et les décès, les crimes passionnels et les usages malencontreux d’armes à feu, il estime que ce sera après l’année 1900 et avant l’année 1910

-         Il n’est pas plus précis ?

-         Si, une recherche rigoureuse lui fait préciser le 24 juillet 1903 à 5 heures, 24 minutes du soir.

-         C’était un grand mathématicien.

-         Non un brillant polémiste.

-         Et tu crois que les logiciels sont dus à des polémistes ?

-         Ils aident.

-         De toute façon il y aura beaucoup de morts par la grippe porcine, çà, c’est sûr.

-         Ça dépend si on prend des précautions, si les Ministres mettent un masque aux Conseils de Ministres, si les bigotes s’aspergent les mains de liqueur alcoolisé après le baiser de paix (si, si, ça s’est vu), si on met de l’alcool dans les bénitiers…

-         On ne peut pas parler  avec toi. Tu ne prends rien au sérieux et tu changes la donne chaque fois… Que penses-tu du réchauffement de la planète ?

-         Comme les savants qui n’ont pas changé d’un iota leurs comportements personnels

-         Pourquoi ?

-         Parce qu’ils attendent que les autres commencent, ce qui prouve que ce n’est pas si pressé. On a fait beaucoup d’études sur les climats des temps passés à partir des observations de Madame de Sévigné et de Saint-Simon, de la date du premier chant du coucou, de l’apparition de la première primevère, de l’ouverture du ban des vendanges, des relevés des marins sur leurs carnets de bord…

-         Et çà se trouve où, çà ?

-         Dans des revues sérieuses comme Recherche et Géographie.

-         N’oublies pas que j’ai fait un stage auprès d’une voyante extra-lucide.

-         Et moi des études sur des données relevées en temps réel.

-         Tu en conclues quoi, homme sans foi ?

-         Qu’il y a eu des réchauffements, des refroidissements, que la calotte glaciaire s’est rétrécie, qu’elle s’est rallongée. Qu’on a trouvé des icebergs à la dérive dès 1750. D’ailleurs le bilan thermique de la terre est toujours 0 comme tout bilan qui se respecte et cela année après année. J’ai même une formule pour le calculer.

-         C’était autrefois, avant le réchauffement actuel.

-         Je ne suis pas Mathusalem tout de même et de toutes façon, ce sont les assureurs qui vont être contents.

-         Pourquoi les assureurs ?

-         Parce qu’ils voudraient assurer les vacances. J’en ai vu venir à la Sorbonne demander un conseil au Professeur de thermodynamique de l’atmosphère qui opérait en plein cours.

-         Qu’est-ce qu’il leur a donné comme conseil ?

-         Il les a mis à la porte !

-         Tu le vois bien que les scientifiques ne font aucun effort pour aider les acteurs de l’économie.

-         Si, regarde le trou d’ozone, on n’en parle plus.

-         Pourquoi ?

-         Va savoir, on l’a peut-être rempli avec les pics d’ozone.
Photographies de Jean Nogrady

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22 octobre 2009 4 22 /10 /octobre /2009 07:06

      -         Sylvie Brunel, tu sais, la femme de Besson, elle a fait un livre

      -         Un livre de géographie ?

      -         Non un livre sur les femmes abandonnées 
-         Elle est de gauche ?

      -         Tout le monde est de gauche

      -         Sauf ceux qui sont à droite

-         Qu’est-ce que c’est un homme de droite ?

      -         Un homme qui ne dit rien mais n’en pense pas moins

      -         Et un homme de gauche ?

      -         Un homme qui se dit de gauche même si son comportement est d’un homme de droite

-         Qu’est-ce qu’un comportement de droite ?

-         C’est un comportement honni par la gauche

-         Et un comportement d’homme de gauche ?

-         Un comportement stigmatisé par un homme de droite.

-         C’est différent ?

-         Pas tellement. Ça dépend des hommes.

-         S’ils ont des sous, c’est qu’ils sont de droite ?

-         Pas toujours. Je connais des pauvres de droite

-         Et des riches de gauche ?

-         On a même inventé le terme gauche caviar pour eux

-         Parce qu’ils mangent du caviar ?

-         Pas toujours mais ils dirigent France-caviar.

-         La gauche, c’est le partage

-         Ils partagent le caviar ?

-         Non ils partagent les ressources.

-         Comme saint Martin ?

-         Non, ils ne vont quand même pas jusqu’à partager leur manteau. Les pauvres, d’ailleurs, ils n’en voudraient pas.

-         Et la droite, c’est quoi ?

-         C’est la charité.

-         Depuis le temps qu’on fait la charité aux portes des églises on n’a pas supprimé la misère

-         C’est que tendre la main, çà peut être un métier

-         En temps de chômage, probablement.

-         Qu’est-ce qu’elle dit, Madame Brunel ?

-         Qu’une femme de cinquante ans est souvent abandonnée par son mari.

-         Un jeune mari ?

-         Un mari de cinquante ans.

-         Tu te souviens de tes copains à la fac ?

-         Oui mais c’était pour leur carrière

-         Leurs femmes faisaient bouillir la marmite pendant qu’ils étudiaient et quand ils sont devenus assistants, des étudiantes leur ont fait les yeux doux

-         C’est utile pour les examens et un bon restaurant, çà vaut mieux qu’un resto-U

-         Après tout, elles ne portent préjudice qu’aux femmes.
- Et çà, ce n’est ni de droite, ni de gauche.


Photographies de Paul-Yvan Béna et Jean Nogrady 

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21 octobre 2009 3 21 /10 /octobre /2009 06:38

Je ne sais où mon chat a trouvé cette histoire. Il paraît qu’il l’a lue dans de vieux grimoires chez la diseuse de bonne aventure qui l’employait dans une autre vie. Il tenait absolument à la mettre en ligne prétextant qu’il s’agit là d’une histoire véridique qui vit son épilogue le 11 février 1637.

 

« C’est une histoire du temps du bon roi Louis le treizième du nom. Corneille venait de faire jouer le Cid et Descartes mettait au point son discours de la méthode. Il y avait alors dans Bazas trois vieux qui ne connaissaient ni Descartes ni Corneille et qui avaient l’habitude de se réunir dans un estaminet proche de la cathédrale. Ils avaient nom Pottier, Galeton et Jassou, parlaient peu mais buvaient sec de ce vin du haut pays qu’on ne vendait pas encore aux Anglais. C’est d’ailleurs pourquoi ils le buvaient, non par obligation mais par satisfaction d’organismes que ne soutenaient plus beaucoup les années. Le plus jeune avait soixante ans et d’avoir vécu si vieux les faisait déjà un peu sorciers. Les honnêtes citoyens de Bazas ne doutèrent plus qu’ils le fussent quand ils surent que les vieux tournaient autour d’une jeunette de réputation bourgeoise et sage ( deux termes qui ne vont pas forcément ensemble mais qu’on appliquait à le jeune Florimonde).

Elle ne baissait jamais les yeux au-dessous de ce que permet l’honnêteté. C’est dire qu’elle était jeune, belle, bourgeoise et sage. Le malheur, c’est qu’on la disait aussi  possédée du démon, que les trois vieux lui avaient jeté un sort…. Elle criait dans les prés, dans les champs, dans la ville même et n’arrêtait de crier que lorsqu’on l’aspergeait d’eau bénite. D’un côté le claret, de l’autre l’eau bénite. Ce qui devait arriver arriva. Galeton, Jassou et Pautier furent soumis à la question d’où il apparut que les diables étaient à leur service, rompant les cordes dont on les frappait et gardant aux condamnés la bouche close, ce qui est preuve suffisante en démonologie.

Aussi est-ce en leur grande sagesse que Messieurs les juges et gens du Roy donnèrent sentence qu’ils fussent

Condamnés à faire amende honorable nuds en chemise

La corde au col

Tenant chacun un gros flambeau de cire ardente

Estant à genouil

Demander pardon au Roy et à la justice (qui en avait bien besoin)

D’estre conduits hors la ville

Brulez vifs

Chacun en un poteau

Qui pour cet effet leur seroient dressez.

& leurs cendres jetées au vent.

 

Quand le bûcher fut embrasé on aperçut Florimonde, poussée par quelque puissance infernale, se précipiter dans le feu et tout aussitôt, dans un crépitement d’étincelles et des volutes d’encens, surgir des flammes dans les bras d’un jeune homme beau comme un dieu. On n’a jamais retrouvé de cendre humaine, rien que trois pieux calcinés.

C’est ainsi que Florimonde disparut comme disparaissaient les filles en ce temps, par enlèvement de princes désenvoûtés. »

-         Tu y crois, toi, à trois vieillards transformés en un seul jeune homme ?

-         Çà, c’est la rumeur qui le dit

Toujours est-il que les Bazadais, trompés par leurs juges, fatigués de brûler des vieillards, dégoûtés par les odeurs nauséabondes d’une époque sans pollution autre que les bois de justice, préfèrent aujourd’hui n’immoler que les bœufs dont ils font les héros de leurs fêtes.

 Photographies de Régine Rosenthal

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