- Tu as vu, on meurt de froid dans les rues
maintenant.
- Qui, on ?
- Des sans domiciles fixe.
- Qu’attend-t-on pour s’occuper d’eux ?
- Le réchauffement de la planète.
- Ce n’est pas encore, nous ne sommes qu’ en décembre.
- Oh, tu sais, la glace fond à toute vitesse au pôle nord, ils le disent tous et la télé le répète tous le jours.
- Au pôle nord, mais pas ici.
- Il faut sauver les ours d’urgence.
- Et les sans-abri ?
- Ce n’est pas une espèce protégée.
- On pourrait la mettre sous protection spéciale.
- C’est qu’on ne sait pas les sauver tous. Il y faut beaucoup d’argent
- Comme pour le refroidissement de la planète.
- Les ours n’ont pas l’habitude qu’on s’occupe d’eux
- Mais çà fait pleurer dans les chaumières.
- C’est si mignon, les petits surtout.
- Et les sans-abri ?
- Tu les as vu : dépenaillés, sales, tout rouges de froid. Tu irais t’occuper d’eux, toi ?
- Il y a bien des gens qui s’en occupent. Ils disent qu’ils n’y arriveront jamais sans aide.
- C’est vrai, il faut créer des habitudes.
- Comme pour les ours ?
- Non, pour les ours il s’agit de rétablir les conditions habituelles des ours blancs.
- Pourquoi les sans abris n’ont-ils pas d’abris?
- Parce que c’est leur condition
- Et si on leur donne des abris.
- Tu changes leurs conditions sociales. C’est comme si tu peignais un ours blanc en brun, il n’a plus besoin de banquise
- Tu ne crois pas que c’est plutôt comme un ours blanc qui aurait perdu so dernier glaçon ?
- Qu’est-ce qui fait fondre les abris des Sdf ?
- La crise, peut-être, l’absence de propriétaires, les blues aussi,
- Il y a des psys pour les S.d.f..
- Ils pourraient pas payer alors c’est pas la peine d’essayer : ils ne feront aucun effort. personnel.
- Et les ours blanc ?
- Avec quoi veux-tu qu’ils payent, ils ont assez payé avec leurs peaux.
- C’est quoi les conditions habituelles d’existence d’un sans abri ?
- Une rue bien chauffée.
- Mais un sans-abri, ce n’est pas une espèce. Quand comprendras-tu ce que je te dis ?
- C’est quoi alors ?
- C’est pas des habitudes qu’ils ont, c’est des contraintes. Ils sont dans la rue , comme un ours blanc qui a perdu sa dernière glace flottante .
- Je n’y suis pour rien< ;
- Mais pas pour le réchauffement de la planète.
- Ceux qui disent çà, qu’est-ce qu’ils font pour leur donner de la glace ?
- Aux sans-abris ?
- Non aux ours blancs. !
- Pour les sans-abris, il vaut mieux un abri..
- Qui paiera ?
- Le même que celui qui paiera pour les ours.
- Ce n’est pas possible, çà ne fait pas pleurer grand monde un S.d.f .qui meurt dans la rue, On l’oublie vite, çà ne passe à la télé qu’une fois par an !
- Peut-être qu’il faudrait les y faire passer plus souvent.
- Je crois qu’on n’a pas encore trouvé de solution pour eux
- Pour les ours blancs non plus.
Phtographies Jean Nogrady et Régine Rosenthal