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17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 11:09

3-Bonifaccio.jpg
-
         Tu as vu, on meurt de froid dans les rues maintenant.

-         Qui, on ?

-         Des sans domiciles fixe.

-         Qu’attend-t-on pour s’occuper d’eux ? 

-         Le réchauffement de la planète.

-         Ce n’est pas encore, nous ne sommes qu’ en décembre.

-         Oh, tu sais, la glace fond à toute vitesse au pôle nord, ils le disent tous et la télé le répète tous le jours.

-         Au pôle nord, mais pas ici.

-         Il faut sauver les ours d’urgence.

-         Et les sans-abri ?

-         Ce n’est pas une espèce protégée.

-         On pourrait la mettre sous protection spéciale.

-         C’est qu’on ne sait pas les sauver tous. Il y faut beaucoup d’argent

-         Comme pour le refroidissement de la planète.

-         Les ours n’ont pas l’habitude qu’on s’occupe d’eux

-         Mais çà fait pleurer dans les chaumières.

-         C’est si mignon, les petits surtout.

-         Et les sans-abri ?

-         Tu les as vu : dépenaillés, sales, tout rouges de froid. Tu irais t’occuper d’eux, toi ?

-         Il y a bien des gens qui s’en occupent. Ils disent qu’ils n’y arriveront jamais sans aide.

-         C’est vrai, il faut créer des habitudes.

-         Comme pour les ours ?

-         Non, pour les ours il s’agit de rétablir les conditions habituelles des ours blancs.

-         Pourquoi les sans abris n’ont-ils pas d’abris?

-         Parce que c’est leur condition

-         Et si on leur donne des abris.

-         Tu changes leurs conditions sociales. C’est comme si tu peignais un ours blanc en brun, il n’a plus besoin de banquise

-         Tu ne crois pas que c’est plutôt comme un ours blanc qui aurait perdu so dernier glaçon ?

-         Qu’est-ce qui fait fondre les abris des Sdf ?

-         La crise, peut-être, l’absence de propriétaires, les blues aussi,

-         Il y a des psys pour les S.d.f..

-         Ils pourraient pas payer alors c’est pas la peine d’essayer : ils ne feront aucun effort. personnel.

-         Et les ours blanc ?

-         Avec quoi veux-tu qu’ils payent, ils ont assez payé avec leurs peaux.

-         C’est quoi les conditions habituelles d’existence d’un sans abri ?

-         Une rue bien chauffée.

-         Mais un sans-abri, ce n’est pas une espèce. Quand comprendras-tu ce que je te dis ?

-         C’est quoi alors ?

-         C’est pas des habitudes qu’ils ont, c’est des contraintes. Ils sont dans la rue , comme un ours blanc qui a perdu sa dernière glace flottante .

-         Je n’y suis pour rien< ;

-         Mais pas pour le réchauffement de la planète.

-         Ceux qui disent çà, qu’est-ce qu’ils font pour leur donner de la glace ?

-         Aux sans-abris ?

-         Non aux ours blancs. !

-         Pour les sans-abris, il vaut mieux un abri..

-         Qui paiera ?

-         Le même que celui qui paiera pour les ours.

-         Ce n’est pas possible, çà ne fait pas pleurer grand monde un S.d.f .qui meurt dans la rue, On l’oublie vite, çà ne passe à la télé qu’une fois par an !

-         Peut-être qu’il faudrait les y faire passer plus souvent.

-         Je crois qu’on n’a pas encore trouvé de solution pour eux

-         Pour les ours blancs non plus. 

 2-chat.jpg
Phtographies Jean Nogrady et Régine Rosenthal

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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 10:30

1.-Chaton_blanc.jpg-         Tu sais que tout est dans tout me dit Mouss’ en m’abordant ce matin

-         Et réciproquement, dis-je bêtement

-         On ne peut pas causer avec toi, tu n’es pas sérieux

-         Allons, dis-moi ce que tu veux dire et ne fait pas la gueule pour si peu.

-         On a fait le tout voiture dit-il alors.

-         En quoi çà t’intéresse ?

-         On supprime nos jardins pour faire leur tout-parking, on met du bitume partout et l’eau qui ne pénètre plus dans le sol part en déluge dans la ville, on crée des grands surfaces au diable (et à la diable) au grand dam des vieux, on ne met aucune signalisation pour prévenir qu’il y a des chats alors qu’on le fait pour les enfants, on ne signale même pas les chats écrasés, même à la rubrique des chiens de même…

-         On n’y peut rien, c’est le progrès.

-         Et le tout électricité ?

-         Tu es bien content de trouver ton radiateur électrique.

-         Oui mais avec toutes les débauches de lumières, de chauffage, de congélation… la fée électricité se transforme en sorcière.

-         En sorcière ?

-         Comment appelles-tu les pannes, les alertes de délestage, le lait qu’on ne peut plus traire ou rafraîchir, la nourriture industrielle qui décongèle dans les frigo....

-         Je sais j’ai vu çà une année en Corse : une heure d’électricité, deux heures de coupure, une heure d’électricité…et pas de café, par d’enregistrement de colis, des veillées à la chandelle.

-         Comme pendant la guerre.

-         Oui, mais ce n’est pas la guerre. Nous sommes dans une perspective de développement infini.

-         Une perspective, dis-tu

-         Une perspective, pas un projet.

-         C’est tout ?

-         Et le tout emballage ?

-         Que veux-tu dire par là ?

-         Qu’il y a plus de papier que de produit que tu es censé acheter. Et le papier, tu  ne le dévores que sous la forme de livres, et ils vont devenir numériques.

-         Mais le papier d’emballage, et le carton, ne seront jamais virtuels.

-         Je sais, on vient de me donner une quatrième poubelle pour le papier.

-         Non content de payer le marketing, le cartonnage, tu vas trier, trier, trier sans compter les arbres coupés.

-         Et le papier recyclé qu’en fais-tu ?

-         S’il est recyclé, c’est qu’il a été non recyclé avant. Si çà te donnes bonne conscience, alors tant mieux. Tu ne m’empêcheras pas de regretter l’odeur des graines dans les bacs que l’on allait chercher avec un pelle pour la mettre dans un simple sac de papier.

-         Et les souris…

-         Çà te gêne, toi, les souris ? 

-         C’est tout ?

-         Le tout tourisme, le tout transport, le tout camion,

-         Le tout tout quoi.

-         Ne me parles pas de toutous. Ave le tout toutous de nos jours, je me demande bien où nous marchons. Tu ne crois pas qu’ils pourraient enterrer leurs déchets, comme tout le monde ?

 1-copie-7.jpg

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15 décembre 2009 2 15 /12 /décembre /2009 06:13

2-Hqlloween.jpg-         Tu as vu, les poupées Barbies ressemblent à des images de mode

-         Normal, leur créateur s’inspire des magazines.

-         Et les top models s’inspirent des poupées Barbie.

-         Ce sont donc les créateurs de poupées qui sont les vrais créateurs de la mode.

-         Non ce sont les petites filles qui cherchent dans les journaux de leurs mères les modèles de leurs poupées.

-         Je croirais plutôt que ce sont leurs mères qui cherchent dans les poupées de leurs filles des modèles pour elles-mêmes.

-         Mais c’est un manque d’imagination, çà

-         Non c’est un sens tonique du marketing. Les filles refusant de ressembler à leurs mères, ce sont les mères qui ressemblent aujourd’hui aux poupées de leurs filles.

-         D’autant plus qu’elles les choissent ensemble..

-         Ce n’est plus de l’éducation des filles par assimilation, c’est l’éducation des mères par soumission aux goûts de leurs enfants.

-         C’est une éducation moderne.

-         Les goûts des enfants ne sont jamais pervers

-         C’est pour çà qu’on a créé des poupées «  sales gosses » pour leur donner ce goût qui leur manque naturellement.

-         Tu leur trouve du caractère ?

-         Oui, bien sûr.

-         Aux top models ?

-         Non aux petites filles.

-         Quant aux mères ?

-         Plus elles ressemblent aux poupées de leur enfance et plus elles sont contentes. Ce n’est pas le caractère qui compte, mais les accessoires : la garde robe, les cheveux, les sacs, bijoux et autres fanfreluches

-         Rien que du toc

-         Oui, mais du toc pour tous. Du moins tant qu’elles ont l’âge de servir de poupées à leurs filles

-         Et les photographes se soumettent à leurs tours aux modèles barbiesques.

-         Avec l’ordinateur, c’est facile ils leur font en ovale des visages d’anges et d’illuminés, ils leur effacent les rides mieux encore avec la lotion X.. tu sais celle qui t’enlève dix ans à chaque application.

-         Oui mais les photographes ne font pas des poupées.

-         Non mais ils fabriquent des photos. Tout y passe, le grain de peau, le tour de cuisses et de poitrine, la longueur des jambes, celle des pieds

-         Comment peuvent-elles tenir sur des pieds pareils ?

-         Elles ‘ont pas besoin de tenir debout, elles ont juste besoin d’être tenues à bouts de bras.

-         Cela suffit puisqu’elle ne font qu’être habillée et déshabillées

-         Comme les jeunes mères des petites filles.

-         Habillées, déshabillées : je comprends que la poupée reste le jouet sexiste par excellence..

-          Ce qui plaît aux petites filles ce n’est pas le bébé qu’elles auront plus tard, c’est la mère qu’elles ont maintenant.

-         ce sont des petites filles pressées.

-         Noël est la grande vitrine des valeurs du monde moderne.

-         Et pour les garçon, tu as vu, plus de soldats, plus de chars d’assauts.

-         Non mais des jeux videos où ils apprennent cette rude violence sans laquelle il n’y a pas de grande civilisation.

-         Oui c’est ainsi que, tous les ans, Noël façonne le monde.
photo.jpg
Photos de Régine Rosenthal et Juliette Durand

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14 décembre 2009 1 14 /12 /décembre /2009 07:05

 3-lavandi-re.jpg-         Tu as vu, ils parlent de justice climatique maintenant, qu’est-ce que çà veut dire ?

-         Le même climat pour tous, je suppose.

-         Comment peut-on faire le même climat pour tous ?

-         Nous le saurons quand la rencontre de Copenhague touchera à sa fin.

-         Tu crois qu’ils y croient ?

-         Je ne sais pas, du moins ils le disent.

-         Nous avons eu le déluge, les sept plaies d’Égypte, maintenant c’est l’effet de serre de l’oxyde de carbone

-          Pourquoi diable l’oxyde de carbone va-t-il s’accumuler à la limite de l’atmosphère ?

-         Il n’est pas à la limite de l’atmosphère, il est partout. Regarde bien les piétons dans les villes, ils portent un masque pour circuler.

-         C’est de la coquetterie. Ils devraient plutôt porter une tunique rafraîchissante.

-         Et l’effet de serre tu y as pensé

-         L’effet de serre ? Qu’est-ce que çà veut dire ?

-         Que la chaleur du soleil passe à travers la couche de dioxyde et ne ressort plus.

-         Et tout çà sera supprimé par la taxe carbone ?

-         Non, la taxe carbone c’est l’argent qu’on te soutire et l’effet de serre, c’est de la chaleur qu’on t’ajoute.

-         Et l’argent supprime le dioxyde de carbone ?

-         Non il va financer les recherches et permettre aux pays qui ne font pas d’oxyde de carbone de pouvoir en produire à leur tour.

-         Et si on diminuais plutôt nos productions d’ypérite, çà ne coûterait pas moins cher ?

-         Ce n’est pas de l’ypérite, c’est du dioxyde de carbone.

-         Oui mais je n’aimerais pas me priver. J’en ai besoin, moi, de mon confort, de mes moteurs, de mes vacances, de mes achats pas chers, de mon petit frisson… Je ne vais pas m’en priver pour si peu

-         Comment si peu ?

-         Depuis quand la planète se réchauffe-t-elle ?

-         Dix, Vingt ans à peu près qu’on en parle.

-         Et çà doit continuer jusqu’à quand ?

-         Tu sais toute statistique est exponentielle : les chômeurs, la grippe, la faim, les profits…

-         Et la croissance zéro qu’en fais-tu ?

-         C’est comme le trou d’ozone, on l’a oubliée.

-         Tu y comprends quelque chose?

-         C’est affaire des deux pattes tout çà. Leurs politiques sont dans leur période catastrophique et ils veulent l’imposer à grands coups de gueule ...

-         Tu veux dire d’arguments ?

-         Non de slogans.

-         Pourquoi ?

-         Par principe de précaution.

-         Pour protéger leurs administrés?

-         Non, pour se protéger en reportant la responsabilité sur les autres..

-         C’est pour çà qu’on laisse faire de gueuletons pour Noël, des illuminations, des super-productions de dioxyde ?

-         Tu n’a jamais entendu parle de la cigarette du condamné ?

-         On n’en donne plus aux condamnés avant de les exécuter.

-         Pourquoi ?

-         Parce que fumer tue. C’est écrit sur les paquet qu’on vend aux fumeurs.

-         Mais c’est de la non assistance à personne en danger, çà ?

-         Ils payent une taxe. Comme ils disent : Quand on paye, on peut faire ce qu’on veut,

-         Même se suicider ?
-         Oui. Pourvu que ce soit confortable.


caramel-2.jpg

 

Cer blog a produit 0,005g de CO2
Photographies Régine Rosenthal
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13 décembre 2009 7 13 /12 /décembre /2009 06:25

1-copie-1.jpg-         Tu as vu, j’ai fait de l’Histoire, hier

-         Non, Mouss’, tu as fait une histoire mais pas de l’Histoire

-         Qu’est-ce que c’est alors que l’Histoire

-         C’est la base de l’identité nationale.

-         Comment çà

-         Tu as bien appris : « nos ancêtres les Gaulois… ». C’est ce qu’on apprend partout où flotte le drapeau français.

-         Et ce n’est pas vrai ?

-         Pas tout à fait.

-         C’est tout ?

-         Non, c’est aussi le grand ramassis de tout ce qui a existé avant nous, les pierres, les papiers, les tessons, les fondations…

-         C’est de l’Antiquité ?

-         Je préfère que tu dises des objets de musée.

-         Ce n’est pas pareil ?

-         Pour les musées, tu tries, tu choisis

-         Tu ne vas pas me dire que  l’Histoire est un fourre-tout ?

-         Pour le patrimoine local, çà arrive. Les historiens locaux mettent tout et n’importe quoi dans le patrimoine qui est surtout utile pour le tourisme.

-         Parce que l’Histoire, ce n’est pas le patrimoine ?

-         Pas plus que l’exaltation du nationalisme que tu me feras le plaisir de laisser aux compétitions sportives.

-         C’est quoi, alors ?

-         C’est une réflexion sur les comportements, les modes de vie, les réflexions des hommes.

-         Mais il faut de l’esprit critique ?

-         Bien sûr, sans esprit critique, sans analyse des sources, par d’Histoire.

-         Je comprends alors pourquoi les lycéens de section S n’en ont pas besoin.

-         Pourquoi ?

-         Parce qu’à la télévision on dit toujours scientifiquement prouvé, sans citer les sources.

-         Ce n’est pas de la science, çà, c’est de la pub, un acte de crédibilité ou de crétinisation selon la grosseur de ce qu’on donne à gober..

-         La science, c’est d’aller dans la lune ?

-         Oui mais pas seulement. Laisse la tranquille la lune, tu vas encore troubler l’équilibre céleste.

-         C’est alors quoi la science ?

-         C’est la curiosité, l’intelligence, l’application, le désir de comprendre, de trouver

-         Comme l’Histoire ?

-         Comme l’Histoire mais…

-         Mais… ?

-         Un scientifique choisit l’objet de ses recherches , en Histoire …

-         Tu choisis l’époque, pas l’objet

-         C’est bien çà.

-         C’est pour çà que les scientifiques n ‘ont pas besoin d’Histoire ?

-         Ils ont besoin d’esprit critique, d’analyse des sources, de confrontations…

-         Comme l’Histoire ?

-         Comme tout citoyen digne de foi.2-copie-8.jpg

-         C’est pourquoi alors qu’on veut leur supprimer des heures d’Histoire en classe ?

-         Pour que les élèves ne se posent pas trop de questions.

-         C’est la majorité qui a raison ?

-         Pas toujours

-         Comment sait-on si on a raison ?

-         L’important n’est pas de savoir, mais de douter

-         Même en Sciences.

-         Surtout en sciences parce qu’il peut y avoir des conséquences imprévues.

 

Photos régine Rosenthal et Hélène Durand.
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12 décembre 2009 6 12 /12 /décembre /2009 07:23
_0419.jpg-          Je ne t’ai pas vu avant-hier, où étiez-vous passés tous les deux

-          Nous étions à Rat-à-Plat

-          Rat-à-plat ?

-          Oui les archives du 1 tiens, 2 tu l’or-rat

-          Et tu as trouvé ton bonheur ?

-          Oui j’ai retrouvé la date exacte et les raisons de l’arrivée de Gargantua sur le Bassin. Vois plutôt :

 

Comment Gargantua en vint à se curer les dents avec un pignot[1]

et décida de rester au pays

 

 

Après qu’il se fut éveillé, étiré et frotté les yeux dans le lit de Leyre, Gargantua ne vit rien, n’entendit rien, ne comprit rien tant était épaisse l’escalumade[2] et profond le silence de la lande où ne se plaisent que les bécuts qui sont les sorciers.

« Holà marauds » dit-il pour exercer ses poumons et savoir s’il était toujours en vie. Mais de marauds il n’en vint point, ni personne d’autre d’ailleurs, comme si le bécut les avait tous fait disparaître dans son antre. Écœuré de n’avoir point d’écho dans ce pays de sable où même le bruit des charrettes ne s’entend pas, après avoir champouillé[3] au droit de Malprat[4] comme font les gamins dans l’eau des flaques d’eau, il partit vers l’ouest où persistait un grondement qui lui parut de bon augure car il savait qu’en bord de mer il y a toujours plus de personnes qu’ailleurs et, pour ne pas se perdre en chemin, prit le sentier de l’estey qui prolongeait Leyre. Après qu’il eut marché dans les chenaux du Teich, de Gujan, du Passant, il s’est trouvé dans le Teychan[5]. L’eau qu’il n’avait qu’aux chevilles dans Leyre, lui montait sans qu’il s’en aperçusse aux jambes puis aux cuisses. Quand il eut de l’eau jusqu’à mi-ventre, tout étonné, il s’assit sur le Grand banc[6] pour son bain de siège matinal.

Les géants ont ceci de particulier que les bains de siège leur ouvrent l’appétit. Heureusement pour lui qu’il y avait à portée de sa main un palet[7] que des marins s’apprêtaient à visiter. Il se saisit des filets et mit tout dans sa bouche, poissons crus comme on le fait de sardines au pays, soles et bars et mulets et filets avec leurs gourdes et les pierres de lest. Tout y passa, même qu’un matelot faillit s’y laisser prendre. Quand il eut bien digéré et vu les ravages qu’il avait causé au travail des pauvres pêcheurs, il se saisit d’un pignot pour réparer le mal. Le pignot avait été apointé et il sentait quelque chose de lourd du côté de sa dent creuse. Voilà, pensa-t-il de quoi curer ma dent malade. Farfouillant dans le creux carié d’une molaire il en sortit incontinent le filet, un dormeur bien installé au chaud et qu’il prit pour un coléoptère tant était dure sa carapace et un congre qu’il eut beaucoup de mal à déloger. Après s’être rincé la bouche à force gargoullis d’eau salée il se leva sur le banc qui s’était découvert entre temps.

Sans qu’il prit davantage le temps de s’étonner de ce prodige qu’est la marée, il perçut dans la brume qui maintenant s’effilochait des barques à voiles et à rames, et des indigènes, des hommes et des femmes qui venaient prier la Vierge que Thomas l’Illyrien[8] avait recueillie au cours d’une tempête précédente.

Des tempêtes il y en avait eu beaucoup dans le pays, des tourmentes à vous dévisser des mâts de galéasses, des vents à faire monter le flot mais jamais au grand jamais de ces dégâts irréversibles sur le seul Grand banc. Quand les fidèles furent entrés dans la chapelle, il enjamba le Teychan pour voir à travers les ouvertures de ce bâtis de garluche[9] quel étrange sabbat pouvait s’y dérouler. Il eut la double surprise de voir que ce n’était point un sabbat et d’apercevoir ses serviteurs vautrés sous les tamaris de la plage qu’ils étaient bien les seuls à fréquenter en cette saison.

Après qu’il les eut repris en main et s’être séché à un bon feu de bois allumé aux galips[10], usage qui a donné son nom à la forêt usagère[11], Gargatua but son saoul d’un petit vin d’aramon et, jetant un coup d’œil circulaire sur la mer, la terre, le soleil qui perçait enfin l’escalumade, fit dételer les charrois que ses serviteurs, tout penauds d’avoir été surpris à ne rien faire, s’étaient empressés de préparer pour se faire pardonner.

Tant de mystères paradisiaques l’incitaient à  rester en ce pays qui l’avait ensorcelé.

 



[1] Jeune tronc de pin coupés lors de l’éclaircissage de la forêt et ensuite épointé por être plante dans le Bassin etr servir de support aux palets, de barrière aux parcs, de repères aux croisements de chenaux…

[2] Brume de mer

[3] trépigné des pieds dans l’eau.

[4] Ile du delta de Leyre

[5] Chenal qui contourne le cap d’Arcachon

[6] Banc de sable attenant à l’île aux Oiseaux, face à Arcachon.

[7] long filet vertical tendu sur des piquets pour prendre le poisson qu’on vient dépendre à marée descendante.

[8] Moine franciscain fameux qui, en trois mois de 1616 a trouvé le moyen de recueillir une Vierge d’albâtre sur le banc du Bernet, de construire une chapelle pour l’abriter et d’y faire venir en procession tous les habitants du Bassin.

[9] Pierre ferrugineuse dérivée de l’alios et qui sert de pierre de construction dans  la lande.

[10] Copeau résineux dérivé du gemmage du pin (quand il était gemmé au hapchot)

[11] forêt de La Teste, confiée en 1648 par le captal de Buch à ses sujets.1-copie-12.jpg

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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 07:02

1-copie-5.jpg-         J’ai entendu ta voisine, hier, elle a dit qu la dame que tu connaissais a une tête de présidente

-         Et çà te gêne ?

-         Pas du tout mais chez moi on dit naz de guit, naz de porc, naz de cul mais jamais tête de président.

-         Mais tête de président, ce n’est pas une injure.

-         C’est quoi alors ?

-         Une constatation. Quoique, à vrai dire, les têtes de présidents çà se remarque surtout aux réceptions officielles quand ils haussent la tête pour savoir qui les salue..

-         Les présidents, ils président, alors ils sont au-dessus du lot

-         Quel lot ?

-         Ceux qui travaillent, ceux qui se manifestent, ceux qui font vivre l’association.…

-         Ils n’aiment pas ceux qui se manifestent ?

-         Surtout pas, il y a des fonctions qui sont présidentielles et d’autres qui sont roturières

-         Quelle différence fais-tu ?

-         Les roturières sont des fonctions humbles, inconnues du public, méconnues du président.

-         Et les autres ?

-         Ce sont les fonctions honorifiques, celles dont on parle même quand c’est un président d’opérette.

-         Mais dans les associations, ce sont tous des bénévoles ?.

-         Là aussi il y a deux sortes de bénévoles, ceux qui sont nés pour obéir, ceux qui sont nés pour commander (avec l’envie de donner un coup de pied au cul des bénévoles qui ne travaillent pas assez)

-         Là tu exagères

-         Non, je t’assure, j’ai entendu çà à la télé pendant que je gatounais

-         Tu gatounais ?

-         Oui je faisais semblant de dormir comme nous faisons, nous, ls chats. Je t’assure qu’il était sérieux en disant çà.

-         Les présidents ont des gens sérieux qui ont du petit personnel pour les aider et dont on se débarrasse quand on veut

-         Ils ne sont pas permanents ?

-         Disons qu’ils sont bénévoles éjectables : taillables et corvéables à merci, tant qu’ils payent.

-         Je le sais bien : j’ai été secrétaire deux ans : le président ne me laissait aucune lettre à lire, aucune réponse à faire – même contrôlée par lui.

-         Pourquoi ?

-         Parce que seul le président préside.. et que les lettres c’est le contrôle des hommes et des actes.

-         Autant de travail en moins

-         Oui mais quand le président dit du mal de ses aides ?

-         S’il est président, c’est qu’il a raison : il s’en débarrasse. Çà vaut mieux que des délations en sourdine.

-         J’ai vu çà pendant la guerre.1-copie-2.jpg

-         Aujourd’hui encore, à lire les journaux on voit bien des les conflits au cœur des associations… Tiens un jour j’ai vu en assemblée générale la liste opposée dire que, même si elle se représentait, il serait interdit à l’ancienne présidente d’être élue.

-         Au nom de quoi ?

-         Au nom du présumé président qui avait bien chauffé la salle.

-         C’est tout ?

-         Aujourd’hui encore on parle sur le journal d’un président qui a interdit à une ancienne bénévole de parler à titre personnel à la radio.

-         Au nom de quoi ?

-         De l’imprimatur.

-         Ils sont tous comme çà ?

-         Bien sûr que non, il y a ceux qui pensent communautés là où les autres pensent régiments. Tout dépend de ce qu’ils attendent d’une association..

-         Et toi, si tu étais président ?

-         Je n’ai jamais été président.

Photographies Jean Nogrady

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10 décembre 2009 4 10 /12 /décembre /2009 06:42

Chaton_H_2.jpg-      -         Tu as vu, les Greenpeace, ils sont descendus dans l’hémicycle de la chambre des députés.

        -         Ce n’est pas nouveau : Vaillant a envoyé une bombe en France et un colonel espagnol y a tiré un coup de feu n Espagne

        -         Oui mais l’un était un anarchiste et l’autre un franquiste. Ce n’étaient pas des démocrates mais de Ravachols

        -         Parce que les membres de Greenpeace ne sont pas démocrates ? 

        -         Personne ne met leur démocratie en doute

        -         Tu as dit leur démocratie

        -         Pourquoi t’inquiètes-tu ?

        -         Parce qu’on m’a toujours dit que la base de la démocratie c’est le vote et que nos députés ont été élus tout à fait normalement. La démocratie des uns ne serait-elle pas la démocratie des autres?

         -         Mais il faut orienter leur discussion.

         -         Du Roi mal informé au Roi mieux informé disait-on au temps de la monarchie dite absolue.

- <<     -        Les députés seraient mineurs qu’il faille les engueuler, les menacer? 

        -         L’indépendance des pouvoirs, tu connais ?

        -         Mais le peuple n’est pas un pouvoir, c’est LE pouvoir.

        -         Pourquoi les greenpeaceont-ils envahi la chambre ?

        -         Pour discuter 

        -         Il n’y a pas d’autres moyens de discuter ou d’autre lieu ?

-         Tu sais ils sont minoritaires

-         Et c’est au nom de quoi que les minoritaires doivent exiger d’être suivis ?

-         De la vérité scientifique.

-        Une vérité qui n’est pas démocratique à ce que je vois.

-          C’est pour cela que les députés sont sous pression des groupes, des associations, de la rue..

-         A quoi servent-ils alors ?

-         Peut-être seulement à meubler le Palais Bourbon.

-         C’est pour nous dire çà que tu n’est pas passé hier ?

Non, j’ai travaillé Gargantua, un grand de la littérature, tu sais.-

  Photographie de Vincent Gallière

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8 décembre 2009 2 08 /12 /décembre /2009 09:58

                                                                                 
-
         Malgré la crise, dit Mouss ‘, il y aura des cadeaux à Noël.

       -         Pour tous ?

       -         Pas forcément mais il y en aura beaucoup.

       -         Pourquoi dis-tu malgré la crise ? 
 -         Parce qu’ils disent tout le temps çà à la télé et que j’ai bien vu que çà t’horripilait 
 -         Que va-t-il encore y avoir, malgré la crise ? 

      -         Malgré la crise il va y avoir le père Noël

      -         Pas difficile il vient en traîneau à rennes

      -         Malgré la crise il y aura de la neige dans les stations de ski

      -         Çà n’a rien à voir avec la crise, çà

       -         Mais la venue des skieurs, si.

      -         Malgré la crise il va y avoir des gueuletons de Noël.

-         Il faut bien évacuer les surplus.

-         Malgré la crise les salons font le plein

-         On y va pour trouver plein d’idées d’économies

-         Parce que çà ne se trouve pas tout seul des idées d’économie ?

-         C’est pas la télé qui nous en donne. Tu as vu tout ce qu’elle promet aux mômes.

-         Qu’en pense Caramel ?

-         Il s’en fout il sait bien que ce n’est pas pour les chats. C’est nous qui allons subir le contre-coup de la crise.

-         Malgré la crise on vend de plus en plus de voitures.

-         Comme elles polluent moins. On peut en avoir plus sans polluer davantage.

-         Tu ne devrais pas dire malgré la crise mais malgré Copenhague

-         Malgré Copenhague, les illuminations se préparent

-         On a remplacé les vieilles ampoules par des ampoules basse consommation. On peut en mettre beaucoup plus pour dépenser un petit peu moins.

-         Malgré Copenhague, on va prendre des billets touristiques

-         Oui mais c’est pour aller à Copenhague

-         Malgré Copenhague, on déblaie les sables bitumineux du Canada

-         Comment roulerais-tu en voiture sans çà. ? C’est bien toi qui en demande toujours plus.

-         Pourquoi prends-tu toujours ta voiture ?

-         C’est nécessaire pour aller chercher du boulot.

-         Malgré Copenhague, les usines fument à fond

-         C’est pour avoir des tôles pour faire des camions

-         Malgré Copenhague on déforeste toujours plus.

-         C’est pour faire toujours plus de journaux pour toujours mieux t’informer de ce qui peut nous arriver si l’on ne fait rien

-         Et que fais-tu, toi ?

-         J’informe. Tu ne peux pas savoir comme il faut se défoncer pour informer les gens. Ils ne savent rien.

-         Si je comprends bien, malgré Copenhague, tu ne changes rien à ta façon de vivre.

-         Si, je fais de la pub pour que les autres fassent attention.

-         Je ne vois rien venir qui soit vraiment nouveau

-         Ne dis pas n’importe quoi : tu viens de recevoir une troisième poubelle sans compter la poubelle double. Et ce n’est qu’un début.

-         Que va-t-on faire des poubelles

-         Du mobilier de jardin

-         Et en ville

-         Du mobilier de couloir. Elles sont jolies tu sais, on a choisi les couleurs les plus gaies et les plus reposantes.

-         Si je comprends bien tu t’occupes des autres pour ne pas t’occuper de toi. Qu’attends-tu pour te décider à agir ?

-         De voir ce qui va se passer à  Copenhague.

 

Photographies Régine Rosenthal et Jean-Yves Béna

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7 décembre 2009 1 07 /12 /décembre /2009 06:50

-     -         Alors, Mouss’ tu l’as reçue ta feuille de route ?

      -         Qu’est-ce que tu appelles une feuille de route ?

      -         La feuille pour te faire vacciner.

      -         Pourquoi l’appelles-tu comme çà

      -         Parce que çà me rappelle le bon vieux temps

      -         Ah, oui, et quoi donc ?

      -         Pour les femmes, çà leur rappelle les queues devant les magasins pratiquement vides…

      -         Et pour les hommes,

-         La vaccination par section à vingt-quatre à la fois, les aiguilles dans le dos en attendant que le major vienne y visser sa seringue.

-         Moi, je ne l’ai pas reçue mais Caramel, oui.

-         C’est normal, les femmes et les enfants d’abord. Et qu’est-ce qu’il a dit ?

-         Qu’il ne veut pas y aller

-         Pourquoi ?

-         Il dit comme çà qu’il n’aime ni les piqures ni les brossages

-         Il est trop jeunes pour en sentir toute la volupté

-         Des piqures ?

-         Non des brossages. C’est toujours les jeunes qu’on vaccine en premier. Çà fait partie des initiations, des apprentissages du civisme.

-         Parce que le civisme, c’est la vaccination ?

-         Bien sûr. Cela fait partie de l’intégration.

-         Comme les minarets ?

-         Si les minarets ressemblent à des clochers d’église, pourquoi pas ? On dit que c'est une question d'intégration architecturale.

-         Tu crois qu’en pays musulman on va faire aux églises des clochers comme des minarets

-         Je n’y vois aucun mal. Figures-toi que de l’autre côté du Bassin, à l’Herbe, il y a une chapelle ou le croissant avoisine la croix au-dessus du fronton.

-         C’est une mosquée ?

-         Non, la chapelle de la villa algérienne

-         Et personne ne dit rien ?

-         Si les bateliers quand ils passent devant, ils disent n’importe quoi

-         Pourquoi ?

-         Parce que çà fait partie du tourisme de dire n’importe quoi quand on ignore Ils disent, selon l’inspiration, que çà a été fait par des musulmans, que le constructeur s’était fait musulman, que…

-         Est-ce qu’on sait vraiment ?

-         Et l’histoire qu’en fais-tu ?

-         Caralmel n’en a pas besoin, il veut aller en section S

-         Et les scientifiques n’ont pas besoin de connaître l’histoire ?

-         À voir ce qu’ils disent il y a longtemps que, même moi, je m’en suis aperçu

-         Et le souvenir de mémoire, qu’en fera-t-il ?

-         Il ira le chercher sur internet, il y a tout ce qu’il faut savoir sur internet.

-         Pour l'intégration, il ira sur la télé

-         Mais la télé dit la même chose qu’internet, en plus dramatique encore. Les scientifiques qu’on interviouve disent qu’ils ne pensent qu’à l’avenir de leurs enfants

-         Les temps sont dramatiques, tu sais, comme au temps du déluge, des sept plaies d’Egypte, de l’an mil, de la grande terreur…

-         Oui mais – sorbonagres, sorbonicoles – ils ont introduit dans les foyers les disputes savantissimes des époques médiévales et c’est çà qui compte.

-         Tu y vas fort

-         Tu verras qu’ils vont finir par assassiner l’histoire si elle ne va pas dans leur sens.

-         C’est pour çà qu’on la leur enlève ?

-         Oui, par principe de précaution.

Photographies de Régine Rosenthal

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