Depuis que
Mouss’ a lancé l’idée d’écoles sans classes [voir le blog précédent] il a reçu des quantités de commentaires et il sait de source sûre (elles le sont toutes quand elles ne sont pas erronées) que
l’association des parents d’élèves des écoles publiques et privées pour une fois d’accord ont écrit au Ministre de l’Éducation Nationale.
- Ils l’ont félicité au moins ?
- Oh, tu sais, ils en ont tellement vu qu’ils ne prennent plus parti.
- Pourquoi ont-ils écrit alors ?
-
Ils ont demandé que, au cas où cette réforme serait votée au Parlement (et ils ne voient pas pourquoi elle ne le
serait pas) - je cite - : « Dans le cadre de l’égalité des chances nous demandons à ce que chaque foyer où se trouve un élève scolarisable soit muni d’une web cam reliée à un service
central de surveillance ainsi que la création d’un corps d’enseignants-veilleurs pour contrôler ce que font les élèves chez eux quand les parents n’y sont pas ».
- Tu crois que c’est possible, çà ?.
- Bien sûr il en existe un excellent modèle à la Préfecture de Police de Paris pour surveiller la circulation dans la capitale. Il pourrait servir de modèle.
- Et les enseignants qu’est-ce qu’ils en pensent ?
- Ils sont contre mais uniquement sur le titre à donner au nouveau corps. Ils préfèreraient le titre d’enseignants-chercheurs
- Ils chercheraient quoi ?
- La petite bête, la faille de l’élève, la moindre inattention, la faute à sanctionner…
- Et pourquoi pas un bracelet électronique pour éviter l’école buissonnière de printemps ?
- Pourquoi pas ? Ils sont rôdés, bien au point. Le seul problème c’est qu’on ne sait pas où ils sont fabriqués. Ils risquent de provoquer des brûlures à en gonfler les chevilles des pauvres petits..
- Et comment se ferait la formation des nouveaux enseignants ?
- Par des stages dans les commissariats et dans les prisons.
- Et tu crois que les enseignants vont accepter çà ?
- Pour l’instant le gouvernement et les syndicats d’enseignants n’en sont qu’aux discussions préliminaires précédant les discussions préparatoires.
- Çà va changer drôlement le cours des choses !
- Pas tellement puisque ce n’est après tout que le rétablissement des pions, des études surveillées, des colles, des garde-champêtres et le désengagement des parents.
- Si c’est çà, le progrès, autant revenir aux méthodes anciennes, quand l’odeur de l’encre et de la craie à l’école rappelait l’odeur de l’encens des églises.
- Je vois, tu es un olfactif, toi.
- Et puis, çà ferait de belles histoires de blagues entre copains à raconter plus tard à nos enfants. Que va-t-on pouvoir leur dire maintenant ?
-
Déjà qu’on n’a plus d’histoires de régiments.
Caramel, qui écoutait cette conversation d’un autre monde se demandait dans quel milieu il était tombé.
- Ce n’est pas du caramel, dit-il, c’est de la mélasse.
Photographies de Vincent Gallière et Régine Rosenthal