Le chat des villes
et le rat des champs
L’autre jour un chat de ville
Rencontrant un rat des champs
D’une façon fort civile
L’abordait tout en marchant.
Où allez-vous bel enfant ?
Venez à mon domicile
Vous aurez emploi facile
Du confort, de l’entregent.
Mais le rat n’est pas servile
Et du chat il est méfiant
Il faut, dit-il que je file
Je n’ai pas beaucoup de temps.
Votre griffe est trop agile,
Votre ton trop alléchant,
Je ne suis pas si débile
Que de suivre un Tout-venant.
Ce conte est pour les enfants
Qui ne seraient pas dociles
Aux conseils de leurs parents
Car il n’est jamais habile
De se montrer trop confiants
Si l’esbroufe est dans les villes
La sagesse est dans les champs.
- Tu reviens de la campagne ? Qu’as-tu vu de beau ?
- Rien qu’un rat maigre
-
Ou trop vert ?
- Je n’ai pas dit une souris verte, j’ai dit un rat maigre, si maigre
que je lui ai proposé de venir à la maison se retaper.
- Et il n’a pas voulu ?
- Il dit préférer sa liberté à mon confort. Je me demande à quoi ça sert la liberté sans confort. C’est un plouc, un gueux
- Et le confort sans liberté, çà sert à quoi ?
- - Il m’a menacé de prévenir alerte-enlèvement.
Ces gens-là n’ont aucune reconnaissance. Il n’a vu en moi aucun sentiment de compassion.
- Pourquoi alerte-enlèvement ? Que lui as-tu donné à croire ?
- Moi, rien mais ses parents lui ont dit de se méfier des inconnus.
- Il était bien capable de te faire enfermer.
- - Il aurait bien essayé mais nous avons de bons avocats et de bons psys .
- Tu as besoin d’un psy ?
- Pas vraiment d’une cure psy mais d’un certificat prouvant que j’ai des pulsions.
- Et çà aurait suffi.
- Bien sûr, ils les libèrent tous dans ce cas là.
- En tous cas, il faut se méfier de tout aujourd’hui.
- Tu regrettes quoi, au juste ?
- Le joli temps de mon enfance où l’on pouvait se payer un rat sans être accusé d’être un prédateur..
- Tu sais, il y a une fin à tout.
- Mais pas à mes pulsions.