Quand j’ai dit
à mon chat qu’on attendait les extra-terrestres à l’ovniport d’Arès créé tout spécialement près du syndicat d’initiatives de cette ville pour les recevoir aux heures d’ouverture dudit syndicat
mon chat m’a regardé drôlement avant de me dire :
- Tu y crois, toi, aux petits hommes verts ?
- Je crois bien en toi.
- Mais moi je suis sur terre, je vis sur terre, je marche sur terre.
- Si peu : tu as eu sept vies, tu as servi des cartomanciennes extra-lucides, tu pries à la lune, tu marches sans bruit, tu me regardes avec cet air qui vient d’ailleurs et qui n’appartient sûrement pas à la terre.
- Et qu’attends-tu de quelqu’un qui viendrait d’ailleurs plus que de moi-même ?
- Une autre approche du monde.
- Tu sais, dit mon chat, tu n’as pas besoin d’eux pour çà. Vous autres, les deux pattes, vous êtes curieux : il suffit que quelqu’un vienne d’ailleurs pour qu’il soit intéressant à vos yeux.
- D’ailleurs, d’ailleurs… ou des médias, du sport ou de Paris, des magazines people ou des séries télévisées.
-
C’et pareil. Mais pourquoi dis-tu des petits hommes verts ? Pourquoi pas blancs, noirs, rouges, jaunes…
- Je ne suis pas raciste, moi. Et puis le vert, c’est la couleur de l’espérance
- Ou de la peur, vert de peur. Et petit ?
- Petit, parce que c’est moins inquiétant que les grands, les ogres, les géants. Tu sais, plus t’es grand, plus t’es méchant.
- Tu ne crois pas que les hommes font un complexe, qu’ils ne croient pas assez en eux?
- Au contraire, ils croient trop en eux, en eux seuls.
- En eux seuls ?
- Ils se croient personnellement les plus forts, les plus grands, les plus beaux, les plus…
- Tu n’exagèrerais pas ?
- Ils ne pensent qu’à dominer en compétitions, challenges, victoires, réussites, mépris…
- Et les autres ?
- Ils sont là pour être exploités.
- Ils ne croient qu’en leurs compétences ?
- Non, çà c’est rien, ils croient en leurs titres, leurs décorations, leur argent, leur ego.
- Tu ferais mieux de m’écouter de temps en temps plutôt que de t’énerver.
-
Mais tu ne me dis rien
- Tu trouves ? Ce n’est pas l’avis de ceux qui suivent mon blog. Ils me trouvent bavard. Je t’observe, me tais et n’en pense pas moins.
- Quand je te disais que tu viens de loin.
- Tu crois qu’il suffit de se taire pour faire croire qu’on vient de loin ?
- Si tu te tais, c’est par discrétion ?
- Non, c’est par sagesse.
- Par sagesse ou par intérêt ?
- C’est pareil. Et méfies-toi des petits hommes verts.
Tu deviens raciste maintenant ? Photographies Régine Rosenthal