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15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 09:40

1-Bonifaccio-A.jpg-         Tu penses à quoi, Mouss’ ?

-         C’était en 1954. On lisait un mot sur les murs du métro, un seul : Garap.

-         Garap, qu’est-ce que çà veut dire ?

-         Nous nous le demandions tous, les chats du métro et les rats des égouts. Il n’y a que les clochards que çà laissait indifférents.

-         Çà a duré longtemps ?

-         Plusieurs mois et puis un jour… Et puis un jour vint un début de réponse ; « La réponse sera donnée le mois prochain »

-         Et c’était quoi, la réponse ?

-         Gare à la publicité. Nous avons ri, nous avions tort.

-         Pourquoi ?

-         Parce que c’est ce jour que tout a basculé.

-         Que veux-tu dire ?

-         Que la publicité s’est emparée de la femme, ses parfums, ses bas…Une nouvelle espèce de femme naissait, comme aujourd’hui on voit les soigneurs façonner une nouvelle espèce de sportif.

-         C’est çà la libération de la femme.

-         Pour la libérer on a commencé par la déshabiller sur tous les murs des villes d’abord et puis…

-         Et puis quoi ? Tu vas parler à la fin

-         Et puis pour pouvoir suivre les conseils de la pub, on a fait du chiffre.

-         Comment çà ; du chiffre ?

-         Les banquiers nous ont fait dire qu’ils avaient besoin de notre argent.

-         Et on leur en a donné ?

-         Bien sûr, ils le demandaient avec de tels trémolos sur leur pub !

-         Pour en faire quoi ?

-         Pour le jouer.

-         Le  jouer ?

-         Pour trader si tu veux

-         Mais il n’y pas que les traders qui font du chiffre…

-         Les policiers aussi.

-         Çà se voit à quoi ?

-         Aux contraventions et aux garde-à-vue. C’est alors que les voleurs s’y sont mis.

-         Et çà se voit à quoi ?

-         Aux braquages qui sont de plus en plus meurtriers.

-         Les femmes sont devenues de plus en plus attirantes. Même les fillettes s’y sont mises.

-         Et de plus en plus convoitées, violées, étranglées. Comme dans les films policiers, où c’est toujours résolu en cinquante cinq minutes. Même à l’école on cherche à faire du chiffre.

-         Çà se voit à quoi ?

-         À 80% des élèves qui passent le bac et à un sacré pourcentage d’élèves qui refusent l’école.

-         80% + un sacré pourcentage çà fait combien ?

-         un sacré chiffre.

-         Et nous, pendant ce temps là, qu’est-ce qu’on fait ?

-         On observe, Caramel, on observe. N’oublie pas que nous devons accumuler pas mal de vies en attendant, et manger des tas de souris.2-Nog-copie-1.jpg

-         Il n’y en a plus que dans les laboratoires 

-         Pour faire du chiffre ?

-         Non, on vient de leur interdire d’interdire les huîtres !

-         Hum ! Çà sent 68 tout çà..

 



Photographies Françoise Ronsin et Jean Nogrady

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14 février 2010 7 14 /02 /février /2010 09:57

chat_bonne_ann-e_15_X15.jpg      -         Tu sais Mouss’ c’est la Saint Valentin, aujourd’hui.

      -         Je sais et j’ai appris qu’il y a des écrivains publics qui font des poèmes pour cette occasion, comme Cyrano qui soufflait à Christian de subtiles réponses…. Chercherais-tu un poète public, Caramel ?

      -         Moi, je préfère les grands poètes

      -         Qui as-tu choisi aujourd’hui ?

      -         Verlaine

      -         Tu aurais pu tomber plus mal et quels vers vas-tu envoyer à ta belle ?

       -         Quatre vers seulement que j’ai trouvé dans « ô Verlaine » de Jean Teulé – un roman merveilleux de la vie d’un poète maudit.

      -         Tu m’inquiètes. Peux me les dire

-         Oh, oui, écoutes bien :

-         Je suis foutu. Tu m’as vaincu.

-         Je n’aime plus que ton beau cul

-         Tant baisé, léché, reniflé,

-         Et ton cher con tant piné…

-         Tu ne vas pas envoyer çà à ta Dulcinée ?

-         Et pourquoi ?

-         Aucune femme n’aimera çà. Et tu risques des ennuis judiciaires

-         Avec Apollinaire et Villon, ç’aurait été pareil et pourtant, ils savaient ce que c’est que l’amour, eux.

-         Ce sont des extrémistes de l’amour, un jour gentils, un jours osés. Ce qu’il te faut c’est un bon petit amour bien délicat, bien gentillet, qui ne mette pas le feu aux poudres.

-         Tu as çà quelque part ?

-         Cherche du côté de François Coppée ou de Maurice Rollinat. Pas de danger avec eux.

-         Au fond, tu n’aimes pas la saint Valentin ?

-         Non.

-         Et pourquoi ?

-         Je n’aime pas les fêtes que la publicité concocte pour nous : le même jour, à la même heure, le même petit cadeau et le soir, dans le lit, le même…

-         Arrête, Mouss’ tu deviens osé..

-         Non, le même regard mouillé sur son cadeau le même minois de chatte évaporée, le même miaulement langoureux. Fontanes, tirant sa montre disait « Aujourd’hui, à cette heure, tous les enfants de France écoutent leur leçon de morale. »

-         Et tu crois que tous les médias du monde vont dire pareil aujourd’hui : les journaux, la radio, la télé… ?

-         Les marchands … Pourquoi s’y mettent-ils tous ?T2.jpg

-         Pour que tu y penses au moins un jour à ta petite amie

-         Et les autres jours ?

-         Pas la peine, elle ne te demande rien que de l’aimer.

-         Pourtant j’aime Kate

-         Et ses yeux jolis.

-         Elle est délicate

-         Aux longs traits pâlis

-         Oh ! que j’aime Kate

-         Là, tu peux y aller, Caramel, toutes les chattes sont Kate, et c'est plus passe-partout que ce que  tu avais choisi en premier.

Photograzphird Régine Rosenthal

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13 février 2010 6 13 /02 /février /2010 07:34

Chiens et chats au pays des cigales.

 

7ec1d48Chiens et les chats signèrent un beau jour un pacte de non belligérance. L’acte, dûment paraphé, fut caché dans un trou de rocher gros comme un trou de serrure.

Les rats sont curieux, chacun sait cela. L’un d’eux mit ses moustaches dans le trou du rocher. Il en vint à grignoter le précieux papier et la mésentente revint entre chiens et chats.

Ce conte, en partie publié par Frédéric Mistral dans l’Almanach provençal de 1878 a été repris  dans Proses de l’Almanach Provençal publié récemment par les Éditions Aubéron.

Que croyez-vous qu’il arriva ? les chiens s’en moquèrent mais les chats s’en prirent aux rats à qui ils déclarèrent la guerre. C’est depuis ce temps là que les petits rats s’entraînent aux entrechats et sauts de chat.

-         Pourquoi donc, dit Caramel ?

-         Parce que, répondit Mouss’, qui, ayant servi une cartomancienne, connaît tout des contes passés et à venir, « ils les font si bien que les chats ébahis n’ont pas le courage de les croquer »

-         Pendant qu’ils dansent je suppose ?  

-         Et toi, tu aurais le cœur de croquer un petit rat.

-         N’enfin, dit Caramel. Un petit rat, dans sa loge, çà ne se refuse pas.

 

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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 11:46

caramel-2.jpg
-
         Tu as entendu, Caramel, notre maître a dit ce matin qu’il allait donner sa langue au chat

-         Que veut-il que j’en fasse, j’en ai déjà une, plus fine, plus rose, plus souple que la sienne.

-         C’est une façon de parler.

-         Pourquoi pas langue de chat contre langue de bois ?

-         La première est sucrée, la seconde insipide.

-         Je n’aime pas les ailurophobes : ils sont allergiques aux chats

-         Aucun de nous n’ayant voulu se frotter à eux, ils affectent de ne rien comprendre aux chats

-         Parce qu’ils ne cherchent pas à nous comprendre.

-         Ils sont avec nous comme chien et chat.un matelas de chien.

-         Erreur ! je m’entend bien avec le chien de la voisine.

-         Chat échaudé craint l’eau chaude

-         De toute façon échaudé ou pas il craint l’eau, même froide.

-         Il font pourtant une toilette de chat

-         À sec

-         Les ailurophobes doivent avoir un chat dans la gorge

-         Toutes griffes dehors !

-         N’auraient-ils pas d’autres chats à fouetter

-         Au chat à neuf queues ?

-         Allons, ne te fâche pas. Dans ce que je te dis, il n’y a pas de quoi fouetter un chat

-         Qui fouetter alors ? Toi ?

-         Les chats dépensiers qui sont amoureux (ou gourmands) comme une chatte

-         Pourquoi pas gourmands comme des gourgandines ?

-         La nuit, tous les chats sont gris

-         À l’exception de leurs yeux fixés éperdus à la lune.

-         Moi j’appelle un chat un chat

-         Et pourquoi m’appelles-tu Caramel ?

-         Quand je te vois jouer au chat et à la souris

-         C’est le jeu du foulard des jeunes chats, un jeu cruel

-         Comme jeter un chat aux jambes de quelqu’un.

-         Pourquoi pas un chien dans un jeu de quilles ?

-         Quand le chat n’est pas là, les souris dansent

-         Comme des petits rats ?

-         Baudelaire aime voir les chats passer entre les livres.

-         Moi, je préfère passer sur le clavier de l’ordinateur.

-         Pour écrire comme un chat ?

-         Tu ne lis jamais ce que j’écris.

-         Si, bien sûr mais il y faut des yeux de chat.

Ah, bon ! je croyais que tu allais parle d’œil de lynx.
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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 08:40


Mouchkine.jpg-
         Il paraît que les parents sont venus manifester avec vous.

-         Nos parents nous soutiennent

-         Si je comprends bien ils soutiennent à la fois les professeurs et les élèves

-         Oui, bien sûr.

-         Ils n’y a aucune opposition entre vous et vos parents ?

-         Pas en cas de grève.

-         Ni entre vos parents et vos profs ?

-         Pas en cas de grève.

-         Il est vrai qu’à votre âge ils sont dispensés de surveiller leurs ados.

-         Les profs et les surveillants aussi ?

-         Çà dépend qui ils surveillent et comment ils le font.

-         Autrement dit tout le monde doit vous suivre.

-         Les écoles où tout le monde s’entend sont les meilleures écoles du monde.

-         Même en cas de grève ?

-         Surtout en cas de grève.

-         Et ce sont les ados qui mènent la danse ?

-         Oui, puisque c’est nous que çà concerne.

-         Autrefois les parents étaient moins laxistes.

-         Les ados étaient béni oui oui

-         Pas du tout mais les parents faisaient de la résistance.

-         Comment faisaient-ils ?

-         En pratiquant le rappel à la loi immédiat.

-         Ils n’aimaient pas leurs enfants ?

-         Ne croie pas çà. Ils faisaient de la résistance pour le bien de leurs enfants.

-         Ils les punissaient pour leur bien ? C’est çà que je ne comprends pas.

-         Ils ne les laissaient pas dériver.

-         Le rappel à la loi qu’est-ce que c’est ?

-         Un acte qui fait souvenir qu’on a dépassé les bornes.
- Pourquoi?
- Parce que, lorsqu'on a dépassé les bornes, ils n'y a plus de limites.
- Et l’éducation, qu’est-ce que c’est ?refroid

-         Le rappel à la loi.

-         Je connais un magistrat qui reçut un jour un avocat, homme politique connu. L’avocat lui dit : »Vous donnerez raison à mon client ? » le juge répondit que la loi ne le permettait pas. « Mais la loi est mal faite dit l’avocat » « La faute à qui ? » dit le juge 

-         Eh ben oui, dit Caramel, la loi c’est ce que vous voulons qu’elle soit. Ne sommes-nous pas le peuple souverain ?

-         C’est pourquoi les parents doivent faire de la résistance.

Photographies Régine Rosenthal et anonyme

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10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 07:11

Chanel-dans-un-arbre-AF.27671.jpg-     -         Allons, Caramel, dépêche-toi.. Tu vas être en retard à l’école !

       -         Je suis prêt, j’arrive !

-          -       C’est çà que tu appelles être prêt ?

      -         J’ai tous mes couteaux sur moi.

      -         Ne te fais pas prendre avec ton armurerie de griffes..

      -         T’inquiètes pas, elles sont bien cachées dans mes chaussures. 

      -         Et ton cartable ?

-         Je n’en ai pas besoin, on fait grève.

-         Tu fais grève pourquoi ?

-         Parce qu’un copain s’est fait tuer à l’arme blanche.
- Par qui?
- Par un copain.
-         Et que fais-tu, toi ?

-         Je n’ai tué personne. Pas encore. Je montre ma force  pour n’avoir pas à m’en servir.

-         Mais tu te bats aussi.

-         Il faut bien, tout le monde se bat1-chats.jpg

-         Et quand est-ce que vous travaillez ?

-         Montrer sa force, c’est travailler, non ? De toute façon, la bagarre, c’est notre façon à nous, les jeunes, de nous intégrer.

-         Vous intégrer à l’école ?

-         Non, à la bande.

-         Allons, prend ton cartable et mets-y tes livres et tes cahiers.

-         Tu n’as pas encore remarqué que je ne porte jamais de livre à l’école ?

-         Pourquoi ?

-         C’est trop lourd

-         Mais ton cartable pèse un âne mort, même que nous avons fait, nous autres parents, une réclamation au Ministre pour qu’il allège les programmes.

-         Çà n’empêche pas que mon cartable pèsera toujours aussi lourd.

-         Et qu’est-ce qu’il y a dans ton cartable s’il n’y a pas de livres,

-         Des balles de tennis, un revolver, des patins à roulette, mon P3, mon i.pod, mon ordinateur

-         Enfin un outil scolaire. !

-         Çà, c’est pour les jeux. Mon téléphone portable.

-         Tu ne m’appelles jamais.

-         Je sais bien mais j’envoie beaucoup de Sms en classe.

-         À qui ?

-         À mes copains pendant les interrogations.

-         Alors si tu fais grève, çà ne change rien ?

-         Si, on va pouvoir crier, courir et le cartable, çà gêne quand on est poursuivi.

-         Pourquoi faites-vous grève ?

-         On demande des surveillants.

-         Drôle d’idée. De mon temps on aurait demandé qu’on les supprime.

-         On ne peut pas faire autrement que les profs. Nous sommes tous solidaires, nous, les profs et les surveillants.

-         Jusqu’à ce que vous les insultiez, les frappiez ou les lardiez de coups de couteaux

-         C’est la faute au manque de surveillants

-         Souviens-toi des grenouilles qui demandaient un roi.

-         Je sais : on veut nous envoyer des médiateurs.

-         Des médiateurs ? qu’est-ce que c’est que çà ?

-         Des gros bras qui ne sont pas des policiers (les profs n’en voudraient pas) ni des surveillants (le Ministre n’en veut pas)

-         Des chiens sans doute, qui flaireraient la drogue en même temps ?

-         Non, ce sont des policiers.

-         Et que mettrait-on alors ?lendemains de fêtes.

-         Des chats bien sûr.

-         Pourquoi des chats ?

-         Parce qu’il n’y a pas de chat policier et que, dans leur belle indifférence – La Fontaine l’a dit – ce sont les meilleurs médiateurs du monde.

"En croquant l’un et l’autre".


Photographies Régine Rosenthal, Jean Nogrady et Services de renseignements (AFP)
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9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 06:34

1nog-copie-2.jpg-         Où vas-tu Caramel ?

-         Il fait beau, je vais-t-à la pêche ?

-         Et tu pêches quoi ?

-         Des huîtres.

-         Les huîtres, çà ne se pêche pas les huîtres, çà se drague ou çà se ramasse au parc à touton.

-         Le parc à touton, qu’est-ce que c’est ?

-         C’est le parc de quelqu’un d’autre.

-         Mais c’est du vol, çà.

-         Oui, c’est du vol.

-         Moi, je suis le Chat-qui-pêche les huîtres

-         Et comment les pêches-tu ?

-         À la ligne.

-         Comment peut-on pêcher une huître à la ligne ?

-         C’est facile, je laisse passe le fil près d’une huître et, quand elle baille, je m’arrange à faire passer le fil à pêche entre les coquilles. Quand elle se ferme, je ferre et je tire

-         Et si le fil casse ?

-         Comme dit Tristan Derême, j’aurais essayé de pêcher une huître à la ligne.

-         Çà t’arrive souvent d’essayer des choses impossibles ?

-         Tout le temps. Mais au moins on ne peut pas me reprocher de n’avoir rien fait. Ce n’est pas pire que le loup qui pêche avec un seau dans un étang glacé.

-         Je sais, jusqu’à ce que la glace enserre le seau et la queue.

-         Oui mais lui, il y a perdu sa queue.

-         Ce serait dommage, Caramel que tu perdes ainsi le plus bel appendice de ta personne.

-         Je l'’ai perdu, l’escargot bleu

-         Un livre de Tristan Derême

-         Il a bavé sur son chemin

-         Mais tout au bout il n’y avait rien

-         Qu’un rêve tout comme on les aime

-         Et c’est là le triste destin

-         Des pêcheurs d’huîtres et de lune

-         Il en tombe comme il en pleut

-         Ils ne feront jamais la Une

-         Mais ils nous font toujours du bien

-          

 

Photographie de Régine Rosenthal

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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 10:49

Z.jpg-         Tu as vu, Mouss’, c’est le printemps des galipettes, des sauts de chats et des sauts périlleux.

-         Méfie-toi : les chenilles processionnaires ont envahi la ville.

-         Au secours, au secours !

-         Comment, hier tu voulais aller sur la lune et aujourd’hui quelques chenilles te feraient peur ?

-         C’est toi qui me dit de me méfier. Qu’est-ce que c’est que ces chenilles ?

-         Des vers à pattes aux longs poils soyeux comme les tiens.

-         Pourquoi en aurais-je peur alors ?

-         Parce que ces poils, même détachés de la chenille provoquent brûlures, urticaire et allergies.

-         C’est pour çà que j’étais « patraque » l’autre jour ?

-         Peut-être.

-         On ne peut pas les tuer, les ébouillanter, les brûler ?

-         La vie de tous est sacrée.

-         Tu m’embêtes avec tes leçons de morale. Je suis pour tout ce qui me plaît, contre tout ce qui me gêne.

-         Tu es un peu comme les humains alors.

-         Comment, comme les humains ?

-         Ils ont fait des associations pour la défense de tout ce qu existe à l’exception des chenilles processionnaires et des humains en tant qu’espèces.

-         Ils ne reconnaissent pas les espèces ?

-         Ils n’aiment que les espèces sonnantes.

-         Tais-toi, c’est sérieux.

-         Je comprends : les chenilles processionnaires vont devenir des papillons mais en attendant…

-         Elles sont comme les ados : poil à gratter, agressivité et opposition permanente.

-         À quoi les reconnaît-on ?

-         À leur couleur jaunasse, à leur aspect velu et à leurs groupements.

-         Comme les ados ?

-         Les ados vont en bandes, pas en lignes. Les chenilles, elles, cheminent en lignes, à la queue leu leu , chacune d’elle collant à la précédente.

-         Et si on en écrase une ?

-         Elles reforment la colonne avant de continuer leur chemin.

-         Comme les ados : on en enlève un, il en vient vingt autres. Où vont les chenilles ?

-         Elles prennent le premier trou venu pour s’enfoncer dans la terre.

-         Elles chemineraient jusqu’en enfer ?

-         Peut-être mais l’enfer est leur renouveau. C’est là que se forge la chrysalide.

-         Le feu purificateur, je connais.

-         Comment tu connais ?

-         J’ai été cathare dans une autre vie. Et tu voudrais que j’aime un papillon d’enfer ?

-         Je ne t’ai pas dit de l’aimer, je t’ai dit de t’en méfier.

-         Comme de tout ce qui est étranger ?3-copie-7.jpg

-         Voici encore un jugement d’humain.

-         Tu vois que j’avais raison de vouloir aller sur la lune

-         Pourquoi ?

-         Il ne doit pas y avoir de chenille processionnaire là haut.

-         Crois-tu qu’il y aurait des chats ?

-         Il doit bien y en avoir. À force de rêver à la lune ils ont bien y en avoir quelques uns dedans.

-          Ne crois-tu pas qu’il y a assez d’hommes dans la lune ?

-         C’est des politiques que tu veux parler ?

-         Doucement !. Je crois qu’on n’y aime ni les clandestins, ni les passeurs de clandestins.

-         Encore une idée lunaire.                                          Photographies de Régine Rosenthal et Anthine@

 

 
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7 février 2010 7 07 /02 /février /2010 10:15

derni-re-coucher.jpeg      -         Qu’as-tu donc Caramel que je te vois tout triste aujourd’hui ?

    -         Les Américains ont arrêté les transports sur la lune.

-     -         Çà ne te suffit pas de rêver à la lune, sur les toits de Paris ou d’ailleurs, de miauler à la lune, d’imprimer ton amour lunaire sur la tuile, le zinc ou l’ardoise ?

      -         Je suis réaliste, moi, je veux aller sur la lune.

      -         Toujours l’impatience de la jeunesse.

      -         Je voudrais bien t’y voir, Mouss’. Ce n’est pas de ma faute, si tu est obsolète et si les rêves te suffisent.

      -         Avec eux, tu vois, on n’est jamais trahi. « Ne point aller chercher ce qu’on fait dans la lune   / Mettre un peu de clarté sur ce qu’on fait chez nous ».

      -         Et çà te suffit ?

      -         Par précaution, oui.

      -         Pourquoi par précaution ?

-         Tu n’as jamais entendu parler d’une chatte marchant sur de la braise ?

-         Qui n’essaie rien n’a rien.

-         Encore une idée de jeunesse. Il y a des essais qui n’aboutissent jamais

-         Des rêves aussi

-         Mais on ne demande pas aux rêves d’aboutir ! Écoutes un peu les vieux, écoutes-les,  les chats de la nuit, tous ces poivrots de lune : « ils accomplissent leurs fonctions de rêve » et tu voudrais, toi, tuer cette image merveilleuse des chats qui prennent leur bain au clair de la lune avant d'aller faire l’amour ?

Photographie de Jean-Christophe Lauchas

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6 février 2010 6 06 /02 /février /2010 06:52

 

-1-adieux.jpg         Dis-moi donc, Caramel, le Secrétariat d’État à la francophonie organise un concours sur l’informatique…

-         Que veux-tu que ça me fasse ?

-         J’aimerais que tu y participes, afin que je puisse évaluer tes connaissances.

-         De quoi s’agit-il ?

-         De définir cinq mots

-         Allons, dépêche-toi. Quels mots ?

-         Chat

-         Tu te fiches de moi ?

-         Non

-         D’après Pablo Neruda  « Chaque chat est chat de la moustache à la queue ». Que puis-je te dire de mieux ?

-         Talk

-         C’est une poudre qui empêche des rougeurs des fesses des bébés. Il y a même des hommes qui se couvrent de talk quand ils vont à un rendez-vous pour ne pas avoir les fesses rouges.

-         Tuning

-         Çà, c’est la construction d’un tunnel

-         Buzz

-         C’est une piqûre de guêpe : bzzz, bzzz

-         Newsletter

-         C’est une nouvelle litière !

-         Eh bien, Caramel, tu as tout faux

-         Faux, moi ! Alors que j’ai décortiqué tous les mots : chat vient de cattus, dans tuning il y a tun comme dans tunnel, le buz c’est la bruit de l’abeille, le talk, c’est une faute d’orthographe. Çà arrive tu sais, qu’on remplace le c par un k, çà fait kulturel.

-         Et newsletter ?

-         Alors là, c’est clair.

-         Eh bien, non, ce sont des mots anglais.

-         Pourquoi les emploie-t-on en français?

-         Çà fait chic et puis, comme çà, les vieux ne comprennent pas.

-         Voltaire l’a déjà dit : « Une bouche française  / Semble broyer du fer ou mâcher de la braise »

-         Je vois que tu connais tes classiques mais tu ne connais rien à l’informatique

-         Si c’est une langue de fer braisé, évidemment que je ne connais rien. Et qu’est-ce que çà veut dire ?

-         Un « chat », c’est un bavardage, un « talk », une simple conversation, la « newsletter », une lettre d’information, le « buzz », c’est ce dont on parle partout bzz, bzz, c'est plus une enflure qu'une piqûre et « tuning » la mise au point, le bon accord musical.

-         Pourquoi ne pas dire comme tu dis ? Tu ne sais pas que la langue française est la plus précise du monde ?

-         Mais la plus paresseuse. Elle ne cherche jamais à donner aux mots étrangers leur identité nationale. Il faudrait toujours ajouter informatique.
tu sais, j’ai un vieux copain du Canada il assaisonne tous les mots, qu’ils soient français, anglais, chinois, ou basque à la sauce Québec , et çà marche.

-         Une langue du XVIIè siècle pour parler d’informatique, tu ne serais pas un peu dérangé ? Et pourquoi ne fais-tu pas le concours ?

-         Parce que je suis professeur et qu’on suppose que je sais tout.

-         Les professeurs ne se trompent jamais ?

-         Oh si, souvent, mais la différence, c’est qu’ils sont censés tout savoir.

-         Alors j’envoie tes définitions à qui ?

-         À franco.mot@diplomatiegouv.fr, jusqu’au 7 février .1-chats.jpg

Qu’on se le dise !
       - Qui t'as appris çà, toi?
- Mon maître qui est secrétaire perpétuel d'une académie?
-  Une académie?
-  Tu n'as qu'à voir "academiedubassindarcachon.blospot.com"
ou "academiedubassindarcachon.ning.com"


Photographies de Jean-Yves Béna et Jean Nogrady
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