- Dis-moi donc, Caramel, le
Secrétariat d’État à la francophonie organise un concours sur l’informatique…
- Que veux-tu que ça me fasse ?
- J’aimerais que tu y participes, afin que je puisse évaluer tes connaissances.
- De quoi s’agit-il ?
- De définir cinq mots
- Allons, dépêche-toi. Quels mots ?
- Chat
- Tu te fiches de moi ?
- Non
- D’après Pablo Neruda « Chaque chat est chat de la moustache à la queue ». Que puis-je te dire de mieux ?
- Talk
- C’est une poudre qui empêche des rougeurs des fesses des bébés. Il y a même des hommes qui se couvrent de talk quand ils vont à un rendez-vous pour ne pas avoir les fesses rouges.
- Tuning
- Çà, c’est la construction d’un tunnel
- Buzz
- C’est une piqûre de guêpe : bzzz, bzzz
- Newsletter
- C’est une nouvelle litière !
- Eh bien, Caramel, tu as tout faux
- Faux, moi ! Alors que j’ai décortiqué tous les mots : chat vient de cattus, dans tuning il y a tun comme dans tunnel, le buz c’est la bruit de l’abeille, le talk, c’est une faute d’orthographe. Çà arrive tu sais, qu’on remplace le c par un k, çà fait kulturel.
- Et newsletter ?
- Alors là, c’est clair.
- Eh bien, non, ce sont des mots anglais.
- Pourquoi les emploie-t-on en français?
- Çà fait chic et puis, comme çà, les vieux ne comprennent pas.
- Voltaire l’a déjà dit : « Une bouche française / Semble broyer du fer ou mâcher de la braise »
- Je vois que tu connais tes classiques mais tu ne connais rien à l’informatique
- Si c’est une langue de fer braisé, évidemment que je ne connais rien. Et qu’est-ce que çà veut dire ?
- Un « chat », c’est un bavardage, un « talk », une simple conversation, la « newsletter », une lettre d’information, le « buzz », c’est ce dont on parle partout bzz, bzz, c'est plus une enflure qu'une piqûre et « tuning » la mise au point, le bon accord musical.
- Pourquoi ne pas dire comme tu dis ? Tu ne sais pas que la langue française est la plus précise du monde ?
- Mais la plus paresseuse. Elle
ne cherche jamais à donner aux mots étrangers leur identité nationale. Il faudrait toujours ajouter informatique.
tu sais, j’ai un vieux copain du Canada il assaisonne tous les mots, qu’ils soient français, anglais, chinois, ou basque à la sauce Québec , et çà marche.
- Une langue du XVIIè siècle pour parler d’informatique, tu ne serais pas un peu dérangé ? Et pourquoi ne fais-tu pas le concours ?
- Parce que je suis professeur et qu’on suppose que je sais tout.
- Les professeurs ne se trompent jamais ?
- Oh si, souvent, mais la différence, c’est qu’ils sont censés tout savoir.
- Alors j’envoie tes définitions à qui ?
-
À franco.mot@diplomatiegouv.fr, jusqu’au 7 février .
- Qui t'as appris çà, toi?
- Mon maître qui est secrétaire perpétuel d'une académie?
- Une académie?
- Tu n'as qu'à voir "academiedubassindarcachon.blospot.com"
ou "academiedubassindarcachon.ning.com"
Photographies de Jean-Yves Béna et Jean Nogrady