-
Qu’as-tu donc Caramel que je te vois tout triste aujourd’hui ?
- Les Américains ont arrêté les transports sur la lune.
- - Çà ne te suffit pas de rêver à la lune, sur les toits de Paris ou d’ailleurs, de miauler à la lune, d’imprimer ton amour lunaire sur la tuile, le zinc ou l’ardoise ?
- Je suis réaliste, moi, je veux aller sur la lune.
- Toujours l’impatience de la jeunesse.
- Je voudrais bien t’y voir, Mouss’. Ce n’est pas de ma faute, si tu est obsolète et si les rêves te suffisent.
- Avec eux, tu vois, on n’est jamais trahi. « Ne point aller chercher ce qu’on fait dans la lune / Mettre un peu de clarté sur ce qu’on fait chez nous ».
- Et çà te suffit ?
- Par précaution, oui.
- Pourquoi par précaution ?
- Tu n’as jamais entendu parler d’une chatte marchant sur de la braise ?
- Qui n’essaie rien n’a rien.
- Encore une idée de jeunesse. Il y a des essais qui n’aboutissent jamais
- Des rêves aussi
-
Mais on ne demande pas aux rêves d’aboutir ! Écoutes un peu les vieux, écoutes-les, les chats de la nuit, tous
ces poivrots de lune : « ils accomplissent leurs fonctions de rêve » et tu voudrais, toi, tuer cette image merveilleuse des chats qui prennent leur bain au clair de la lune
avant d'aller faire l’amour ?
Photographie de Jean-Christophe Lauchas