- Où vas-tu
Caramel ?
- Il fait beau, je vais-t-à la pêche ?
- Et tu pêches quoi ?
- Des huîtres.
- Les huîtres, çà ne se pêche pas les huîtres, çà se drague ou çà se ramasse au parc à touton.
- Le parc à touton, qu’est-ce que c’est ?
- C’est le parc de quelqu’un d’autre.
- Mais c’est du vol, çà.
- Oui, c’est du vol.
- Moi, je suis le Chat-qui-pêche les huîtres
- Et comment les pêches-tu ?
- À la ligne.
- Comment peut-on pêcher une huître à la ligne ?
- C’est facile, je laisse passe le fil près d’une huître et, quand elle baille, je m’arrange à faire passer le fil à pêche entre les coquilles. Quand elle se ferme, je ferre et je tire
- Et si le fil casse ?
- Comme dit Tristan Derême, j’aurais essayé de pêcher une huître à la ligne.
- Çà t’arrive souvent d’essayer des choses impossibles ?
- Tout le temps. Mais au moins on ne peut pas me reprocher de n’avoir rien fait. Ce n’est pas pire que le loup qui pêche avec un seau dans un étang glacé.
- Je sais, jusqu’à ce que la glace enserre le seau et la queue.
- Oui mais lui, il y a perdu sa queue.
-
Ce serait dommage, Caramel que tu perdes ainsi le plus bel appendice de ta personne.
- Je l'’ai perdu, l’escargot bleu
- Un livre de Tristan Derême
- Il a bavé sur son chemin
- Mais tout au bout il n’y avait rien
- Qu’un rêve tout comme on les aime
- Et c’est là le triste destin
- Des pêcheurs d’huîtres et de lune
- Il en tombe comme il en pleut
- Ils ne feront jamais la Une
- Mais ils nous font toujours du bien
-
Photographie de Régine Rosenthal