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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 06:46

le-chat-thon.JPG- Tu as vu, Mouss', il y a un chat qui nous ressemble.

- Je ne suis jamais allé dans l'eau.

- oui mais le poisson a des moustaches, comme un chat

- Un poisson chat? Est-ce qu'il porte ses petits?

- Oui, les chat-thons

- Je voudrais bien voir çà

 

Chet et chat-thon par Nicole Chatignol, céramiste

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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 06:24

4A.jpg- Dis moi, Mouss' nous sommes en pleine mouise

- Tu veux dire en pleine crise?

- C'est pareil, il n'y a plus de sous

-on n'a pas besoin de sous. Il suffit de savoir faire

- Comment?

- Dans un  petit village de fond de terroir il n'y avait plus de sous. Un touriste est arrivé, qui a donné cent euros à l'hôtelier pour retenir une chambre. L'hôtelier l'a porté au boulanger à qui il les devait ; le boulanger les a apportés au boucher pour effacer sa dette ; le boucher les a apportés à un vieux beau qui les avait promis à sa compagne d'aventure, qui les apprtés à l'hôtelier qui la logeait et à qui elle les devait. Elle les a posés sur la banque de l'hôtel

- Et alors?

- Alors le client est revenu. Il a dit qu'il avait réfléchi, qu'il voulait aller ailleurs ; il a repris le billet.

- Il n'y avait toujours pas de sous dans ton village.

- Non mais il n'y avait plus de dettes non plus.

- C'est génial. Que veux-tu faire plus tard?

- Trader.

 

adapté d'un article du joural corse Taravu.

 

 

 

 

 

 

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16 septembre 2011 5 16 /09 /septembre /2011 16:27

 1A-copie-1.jpg

 

C’était une loco d’autre fois, de celles qu’on avait inventées pour les enfants sages. Elle avait cheminé si longtemps, si longtemps, sur ses deux rails si  si ordonnés qu’ils en étaient tout luisants d’usure et qu’il lui prit la fantaisie de les quitter. C’était une locomotive qui avait lu beaucoup  de livres sur les locomotives où se trouvaient plein d’histoires de trains dérangés en serpentins par un tremblement de terre bon enfant ou de trains glissant sur la glace d’un lac. Elle savait que la sagesse est  le commencement de l’ennui et qu’un peu de fantaisie ne saurait nuire qu’à l’administration qui a toujours peur d’être dérangée (un mot qui signifie grain de folie en jargon administratif qui n’est jamais le langage de tout le monde).

Elle est donc partie, la petite locomotive pour une sortie d’exercice par un beau matin de printemps. Ce qui l’a décidé à franchir le pas, après tant d’années de sagesse professionnelle, c’est qu’on avait décidé de supprimer la ligne sur laquelle elle circulait. Elle ne voulait pas subir le même sort que la ligne. Comment faire, sinon montrer à tous qu’elle n’avait pas besoin de ligne pour exister ? Tout l’y encourageait : le muguet sonnait de toutes ses clochettes “Mais vas-y donc, mais vas-y donc”, la tourterelle roucoulait “Tout doux, tout doux” et le coucou en rajoutait “cours un coup, cours un coup”. Elle a cru que c’était arrivé, la petite locomotive, et doucement, tout doucement, elle est sortie des rails comme on sort de l’eau, en s’ébrouant. Elle ne s’est plus sentie de fer aux pieds et ce furent des heures merveilleuses.

 Les nuages eux-mêmes lui faisaient des signes de connivence comme s’il se fut agi de fumées légères de locomotives disparues. Elle a remonté la pente des collines au milieu des pâquerettes et des boutons d’or, comme aspirée par les sommets. Elle a batifolé au milieu des vaches qui venaient pour un fois la renifler. Elle a trempé ses roues dans l’eau claire des ruisseaux. Elle a bu le soleil et la fraîcheur du vent  et puis...

Et puis la nuit est arrivée, une nuit sombre sans fanal, sans lampadaire, sans lumière des gares. Elle s’est affolée, la petite locomotive. Elle s’est sentie seule et bien imprudente dans ce monde qu’elle ne connaissait pas et dont on lui avait parlé comme d’un milieu tout plein d’attaques de fourgons ou de taggers sauvages qui vous laissent toute couverte de signatures sanglantes comme en laissaient autrefois les bandits de grands chemins. C’est alors qu’elle a eu peur, la petite locomotive, très peur d’un monde d’autant plus inconnu qu’elle ne reconnaissait aucune des sonneries habituelles au monde des cheminots : ni la sonnerie coutumière de l’arrivée des trains, ni le sifflet qu’avaient autrefois les chefs de gare, rien que l’orage qui se préparait. Elle qui était seule et nue dans la campagne noire.

Elle se souvint alors de la petite chèvre de Monsieur Seguin qui avait trouvé le loup sur la montagne. Elle eut peur du loup la petite locomotive,  mais aussi de toutes ces locomotives disparues à ce qu’on disait dans un grand volcan où elles tournent en rond jusqu’à la fin du monde qui est dans très, très longtemps. Elle est descendue, la petite locomotive, sur la pointe des roues .

Elle a erré longtemps  dans la vallée jusqu’à ce qu’elle sente l’acier d’un aiguillage sous ses roues. Elle a glissé ses roues dans l’aiguillage avec le soulagement qu’ont les personnes aux pieds blessés quand elles enfilent une bonne paire de pantoufles. Elle a remis ses pieds dans les rails et elle est revenue, la petite locomotive, jusqu’au garage qui brillait dans la nuit, heureuse de n’avoir pas trouvé le loup que les grandes personnes mettent dans leurs histoires pour faire obéir les enfants sages et les locomotives bon enfants.

Un caméraman, qui était là, a filmé son aventure. Le pays s’en est ému, ce qui ne l’a pas rendue plus fière pour autant. Elle n’a plus quitté les rails, jamais ; elle espère ne plus les quitter de longtemps, ni elle, ni ses enfants, ni les enfants de ses enfants qui parlent entre eux de choses modernes, de choses  terribles qu’elle n’ose même pas imaginer.

Elle est devenue si gentille et si médiatique, la petite locomotive, que la direction des chemins de fer n’a pas osé fermer la ligne .

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15 septembre 2011 4 15 /09 /septembre /2011 06:53

VII

Mitge-chatte-Isabelle-AF 8827Le murmure de l’Océan, une vague qui vous lèche les orteils, le rouleau qui s’aplatit devant vous, le coquillage qui roule sous la plante des pieds, tout cela, c’est l’enfance. Elle en avait retrouvé la mémoire, qui est le retour intime du  passé

 

La nuit tombait sur l’aquarium. Dans la lumière glauque des lampes de veille n’apparaissaient que les blouses blanches du personnel halophile qui distribuait des pilules blanches ou roses aux poissons et coquillages à demi endormis. C’était l’heure des confidences dites à voix étouffées, quand, dans l’aquarium, des souvenirs montent en bulles.

 

 

VIII

Les renvois d’élèves qui n’ont pas seize ans semblaient ignorées des instances rectorales qui faisaient volontiers la sourde oreille et n’auraient jamais mis les pieds dans cet enseignement sauvage qu’ils considéraient comme les latrines de l’éducation. Ils se gardaient bien d’en retirer les enfants perdus. De peur de se salir les mains, sans doute.

L’aquarium lui semblait tout à coup plus glauque, peuplé d’être difformes bardés d’appendices comme en ont les poissons des abysses. Il avait touché le fond dans le silence noir des grandes profondeurs où ne perçait qu’une lumière diffuse émise par des lucioles phosphorescentes.

 

IX

De parler de sa mère, qu’il n’avait pas connue, de sa grand mère qu’il avait vu vendre tout ce qu’elle possédait, petit à petit, avec une parcimonie dont je mesurais toute la peine contenue à l’évocation de ce qui le rattachait au passé qu’il aimait, l’avait ragaillardi.

 

L’orage se préparait. L’aquarium avait pris la teinte argenté du mercure. Les poissons s’y profilaient en longs traits d’encre comme sont les caricatures.  

 

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15 septembre 2011 4 15 /09 /septembre /2011 06:13

 

-          Dis-moi, Mouss’, c’est un cormoran cet oiseau ?

-          Tu te crois chez Toulouse-Lautrec : son cormoran a été tué par un chasseur d’Audenge.

-         

oiseau.JPG

 

 

C’est quoi,alors ?

-          Un cailloc

-          C’est quoi un cailloc ?

-          Un oiseau qui sent l’huile de poisson

-          Et qu’est-ce qu’il fait sur son piquet ?

-          Sur le pignot : il surveille les bains

-          Il a peur que les poissons se noient ?

-          Mais non  idiot,  ce n’est pas un MNS

-          Et qu’est-ce que c’est des pignots ? Une forêt inondée ?

-          Des arbres d’éclaircissage que les hommes plantent dans le Bassin ?

-          Ils sont pas un  peu fou sur le Bassin : non seulement ils bâtissent sur du sable mais encor ils plantent dans l’eau.

 

Cet oiseau qui se dore aux premières lueurs,
A jamais accroché au pignot sans ramure
Patient comme un cailloc, sérieux comme un augure
Attend-il la marée ou qu'éclosent les fleurs?

 

 

Vase à l'oiseau ou l'oiseau de bronze par Nicole Chatignol

 

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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 07:50

IV

 

Avec Adèle, c’est tout Paris qui défile. Pour ces provinciales, c’est du rêve à jet continu, la bonne petite douche tiède qu’elles attendent pour préparer les rêves de leur nuit.

L’érotisme demande du mouvement, l’ampleur de la houle, l’attaque émoustillante de la vague. Le bernique se contente de son rôle de voyeur. Exactement comme une pensionnaire de maison de retraite

 

2-copie-10.jpg

V

Il était plus heureux avec son aquarium, ses coquilles vides, ses animaux immergés parce que là, il pouvait manœuvrer la fiction sans tromper son monde. Il adhérait aux fantaisies de son imaginaire

 

parce qu’il disposait tout à son aise d’un temps qu’il créait à sa convenance

 

 Dans la lumière glauque des lampes de veille n’apparaissaient que les blouses blanches du personnel halophile distribuant des pilules blanches ou roses aux poissons et coquillages à demi endormis. C’était l’heure des confidences dites à voix étouffées, celle où, dans l’aquarium immobile, les souvenirs montent en bulles.                                     

 

 

VI

 

Aucune maison de retraite n’est un phalanstère. Les chambres sont bien disposées autour du lézarium qui tient lieu d’agora comme en avaient aussi les moines qui les nomment cloîtres, mais on ne peut pas qualifier de coopératifs les services qui y sont rendus.

 

 

Cela avait suffi à provoquer le désordre chez les alevins de l’aquarium. Il s’en était moqué méchamment, lui dont la vie glissante de mourguin passait d’une tuile blanchie à une tuile rustique.

 

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13 septembre 2011 2 13 /09 /septembre /2011 06:49

-        chatte des for-ts Norv-giennes -Eclipse- AF.5656  Tu as vu les porteurs de valises ?

-          Il y a toujours eu des porteurs de valises

-          Qu’est-ce qu’on met dans les valises ?

-          Ce que l’on veut cacher

-          On y met des cadavres ?

-          Quelquefois

-          Il parait qu’il n’y avait rien dans les valises en carton

-          Ça, c’est pour l’arrivée des émigrés avant guerre. On a bien changé depuis.

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13 septembre 2011 2 13 /09 /septembre /2011 06:41

I

Une maison de retraite, c’est comme une forêt primaire : tous les personnages y sont mêlés dans le désordre : tordus, chenus, attendant la prochaine tempête

 

Les chambres des maisons de retraite sont comme des coquillages vides qui pavent le fond des mers en attente de bernard-l’ermite qui y trouvent les souvenirs accumulés par d’anciens occupants. Les histoires qui y sont murmurées sont toutes pareilles aux rumeurs de l’Océan.

 

                                               2A.jpgII 

 

 

Une maison de retraite, c’est un peu ce qu’on appelait le purgatoire autrefois ? »

-         « Vous croyez que la ville, c’est le paradis ? »

 

Quand il est arrivé  il y eut une effervescence comme lorsqu’on introduit un nouveau poisson  dans un bocal de poissons rouges. Un instant très bref, et la population s’est rendormie

 

III

C’est à table que les pensionnaires se relâchaient le plus, pas dans la grande véranda où l’essentiel de leur activité se bornait à boire le soleil, les yeux mi-clos sur un sommeil qui ne tardait jamais à venir. 

 

A peine le dernier fauteuil avait-il franchi la porte que la lumière était éteinte. Quelques lumières  palpitaient encore dans les chambres avant de disparaître pour laisser les habitants de l’aquarium retrouver la profondeur de leurs nuits

2A.jpg

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12 septembre 2011 1 12 /09 /septembre /2011 06:34

 

1A.jpgBedonnant mais encore alerte et le regard vif, il me montrait le parc de la maison où je l’accompagnais

« Vous voyez, je ne m’ennuierai pas. J’ai avec moi la vieille forêt. Une maison de retraite, c’est comme une forêt primaire : tous les personnages y sont mélangés dans le désordre, tordus, chenus, attendant la prochaine tempête. » Se tournant vers moi, il me dit, mi-figue mi-raisin «vous pourrez en faire un roman ». 

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9 septembre 2011 5 09 /09 /septembre /2011 06:37

 

derni-re-coucher.jpegIl y a toujours au fond des mers des coquilles délaissées,  abandonnées  aux flots quand meurent les coquillages qui les ont habitées. Les bernard-l’ermite s’en emparent pour en faire leur domaine. Les chambres des maisons de retraite sont comme ces coquillages qui pavent le fond des océans et que les bernard-l’ermite, viennent habiter. Quand ils meurent ils y laissent quelques souvenirs qui s’accumulent d’un hôte à l’autre tout au fond en spirale du coquillage. Ces miettes de vie se heurtent et s’entrechoquent. Elles sont susurrées, murmurées, remuées, vantées, éventées, écrêtées, abandonnées, reprises, amplifiées, rassemblées au creux de quelque tourbillon. Les souvenirs murmurés par les vieillards en maisons de retraite sont tout pareils aux rumeurs de l’Océan. Les enfants sages le savent bien, qui collent leurs oreilles aux ouvertures des buccins pour entendre tout au fond le bruit du ressac.

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