Il y a toujours au fond des mers des coquilles délaissées, abandonnées aux flots quand meurent les
coquillages qui les ont habitées. Les bernard-l’ermite s’en emparent pour en faire leur domaine. Les chambres des maisons de retraite sont comme ces coquillages qui pavent le fond des océans et
que les bernard-l’ermite, viennent habiter. Quand ils meurent ils y laissent quelques souvenirs qui s’accumulent d’un hôte à l’autre tout au fond en spirale du coquillage. Ces miettes de vie se
heurtent et s’entrechoquent. Elles sont susurrées, murmurées, remuées, vantées, éventées, écrêtées, abandonnées, reprises, amplifiées, rassemblées au creux de quelque tourbillon. Les souvenirs
murmurés par les vieillards en maisons de retraite sont tout pareils aux rumeurs de l’Océan. Les enfants sages le savent bien, qui collent leurs oreilles aux ouvertures des buccins pour entendre
tout au fond le bruit du ressac.