- On volerait pour 4, 9 milliards d’euros de marchandises dans les
magasins
- Et combien fraude-t-on à la sécu et aux impôts ?
- Ce n’est pas pareil.
- Et le bourreau, qu'est-ce qu'il en pense?
- On volerait pour 4, 9 milliards d’euros de marchandises dans les
magasins
- Et combien fraude-t-on à la sécu et aux impôts ?
- Ce n’est pas pareil.
- Et le bourreau, qu'est-ce qu'il en pense?
- Trois vieillards malfaisants à Bazas[1].
-
- C’était au temps du bon roi Louis treizième du nom. Corneille venait de faire jouer le Cid et Descartes mettait au point son Discours de la Méthode. Dans Bazas il y avait à l’époque trois vieux paysans qui n’avaient jamais entendu parler de Corneille ni de Descartes, à peine quelquefois de l’évêque régnant en leur ville et qui avaient l’habitude de se réunir en un estaminet proche de la cathédrale. Ils avaient nom Pautier, Galeton et Jassou, parlaient peu mais buvaient sec de ce vin de haut pays[2] qu’on ne proposait pas encore à ceux d’Angleterre. Ce pourquoi ils le buvaient, non par obligation mais par satisfaction d’organisme que ne soutenaient plus beaucoup les années. Le plus jeune avait au moins soixante ans et d’avoir vécu si vieux les faisait déjà un peu sorciers.
Les honnêtes citoyens de Bazas n’en doutèrent plus quand ils surent que les vieux tournaient autour d’une jeunette de réputation sage et bourgeoise – deux termes qui ne vont pas forcément ensemble mais qu’ils appliquaient à leur jeune concitoyenne qui répondait au nom de Florimonde.
[1] Véritable relation de l’effroyable mort de trois sorciers & magiciens exécutés dans la ville de Bazas près Bourdeaux le 11 février 1637 et des horribles & épouvantables actions des Diables & Démons tant en l’air que sur terre, durant icelle exécution, au grand étonnement du peuple.
[2] Le haut pays est, en amont de Langon, le pays qui ne participait pas au commerce du vin avec l’Angleterre.
À quinze ans, ce fut un garçon solitaire qui passait ses
journées à lire dans le vent, dans les nuages et dans les mains ouvertes devant lui. À vingt, il s’isolait chaque fois qu’il avait à prendre une décision grave et revenait rasséréné et confiant.
A vingt-cinq il lui avait fallu s’absenter deux longs jours avant de demander en mariage celle qui s’inquiétait déjà de son silence. Ce n’est pas qu’il fût irrésolu : ce garçon travailleur,
serviable, poli, ne décidait de rien sans en avoir longuement parlé. Avec qui ? D’aucuns – ceux qui tranchent de tout sans rien savoir - invoquaient sa conscience.
Il vécut heureux et hors du commun auprès de celle qu’il s’était choisie- en son âme et conscience, disait-on pour expliquer l’inexplicable. Elle avait fini par s’habituer à son élégance et même à y prendre goût. Elle finit par singer sa distinction avec obstination. Il est vrai que ce qui n’était pas naturel en elle lui venait de ces petits livres que la baronne Staffe[1] avait élaboré pour les gens des villes qui voulaient abandonner les vilaines habitudes de leurs enfances.
Ils moururent comme ils avaient vécus : ensemble et sans bruit mais quand, le jour de l’enterrement, une voisine accourue voulut glisser dans la main d’Antoine le crucifix des morts, elle trouvait entre ses doigts crispés un très vieux médaillon tout incrusté de fines coquilles comme s’il avait longtemps séjourné dans la mer. C’était une figurine d’ivoire représentant une très vieille dame vêtue dans ses atours de cour avec, inscrite au verso, d’une écriture ancienne très fine, une étonnante dédicace et une date : « Pour Antoine, partant en mer, sa vieille amie – 7 février 1611 ». Tout le monde comprit que c’était là celle qui avait conseillé toute sa vie la réincarnation d’Antoine mais personne ne s’est étonné que ce fût là la date de son anniversaire... à trois cents ans près.
Photographie de Régine Rosenthal
- Tu as vu, Mouss', il y a un "médaillable" qui arefusé la légion
d'honneur. Il prétend qu'il faut la mériter pour l'obtenir.
- Eh bien il va en rester du ruban rouge chez les merciers
- Et tu comprends pourquoi l'industrie textile est en crise!
On avait bien demandé au jeune Antoine d’expliquer son retard mais
outre qu’on ne l’avait fait qu’après que la correction eût été administrée, personne ne voulut croire ce qu’il disait : un naufrage, des gens qui criaient sur la plage, le bois des bordages
qui grinçaient et les voiles qui se déchiraient dans un craquement sec comme une branche qui casse. D’autant plus que le lendemain la plage était propre et nue sans aucun débris sous un ciel sans
nuage.
Ce qui irritait les parents, c’est qu’ils n’ont jamais eu une explication valable de son retard. Ni fugue, ni fille, ni chute, ni distraction. Pas de biche que l’on traque, pas de palombe que l’on piège. Rien qu’une de ces explications qui découragent les juges et les parents. Les personnes les plus compréhensives, qui ne sont malheureusement jamais les plus intéressées à la vérité, disaient à qui voulait les entendre : « le petit, il s’est pris pour Thomas Illyricus[1]. C’est dommage pour lui qu’il n’ait pas trouvé la statue de la Vierge sur la plage ». C’étaient des esprits forts, de ceux qui veulent faire croire que n’importe qui peut trouver une statue de la Vierge sur le sable un jour de tempête.
[1] Moine en résidence à Arcachon fondateur d’une église, d’un culte et d’un pèlerinage pour avoir trouvé une statue de la Vierge sur le banc de Bernet.
Marseille aurait pris un arrêté pour interdire la
mendicité
il vaut mieux les fausses factures, et les prises illégales d'intérêt, c'est moins voyant.
Le vent s’était levé tout à coup ce jour là, secouant la mer d’inquiétante façon. Antoine, qui était allongé à son habitude entre deux dunes où les oyats[1] chassaient sur les grains en longues traces lisses, la voyait danser d’étrange manière. Pire, le sable de la plage avançait en un mur qui noyait les formes de la mer comme celles de la terre. C’est alors qu’il perçut un curieux navire qui ressemblait à un bateau d’autrefois, les voiles pleines de vent à en péter et les mâts emboîtés secoués comme de simples fétus. Des cris montaient de ce navire en détresse, qui semblait sortir tout droit d’un océan d’un autre monde.
Ce soir là, quand il rejoignit son foyer, il reçut la plus mémorable des corrections, une de ces punitions dont l’exemplarité se mesurait à l’intensité de la frousse rétrospective des parents. C’était une de ces habitudes rétrogrades que les jeunes enfants d’aujourd’hui ne peuvent comprendre.
Observatoire marin par Nicole Chatignol (céramique)
- As-tu voté dimanche ?
- Le vote étant secret, tu ne le sauras pas.
- Oui mais tu es fliqué.
- Qui parle de flicage ?
- Ceux qui ont bien regardé qui votait socialiste pour faire la soustraction.
- Et alors ? De toute façon on le sait. On voit bien qui va à la messe.
- C’est même là l’objet des fiches du général André. Autrefois, ça faisait scandale.
- La surveillance politique n’aura plus besoin d’écoutes illégales.
- Les primaires suffiront.
- Alors je vois bien les lendemains politiques du vote
- Comment le vois-tu ?
- Sans isoloir, avec une urne par parti se présentant (plus une pour les bulletins blancs), la sébille à côté pour l’obole.
- Tu crois ?
- L’occasion est trop belle : le vote de dimanche, c’est un test.
- De vote payant et fliqueur ?
- C’est çà, le vote de demain. Vive les électeurs, ma mère, vive les électeurs…payants.
- Et qu’a dit le Conseil constitutionnel ?
- Pourquoi, il a quelque chose à dire ?
Tu n'as rien écrit sur les chats
Le maître monopolise l'ordi : il dit qu'il sort un livre à trois sur la Garonne le 2 novembre et prépare un roman pour le printemps : au fond des coauillages : une hisoire de vieux à ce qu'il paraît.
Il faisait grand froid cette année là et l’on avait allumé des
feux sur la place du marché de Créon mais, la nuit, nul ne s’aventurait sur la neige épaisse où l’on percevait surtout les traces bien régulières des loups, et, quelquefois,
celles plus déhanchées d’une louve pleine.
C’est alors que, sur les minuit de la veille de Noël, le veilleur de nuit s’étant cadenassé dans son logis et les feux n’en finissant plus de s’éteindre, un jeune loup, l’un de ceux justement qu’avait nourri de son lait Margoton, s’en vint des quatre pattes plonger dans le feu qui reprit d’un vif éclat le temps qu’en sortît le plus éblouissant jeune seigneur que guerre eût vue en ce pays pourtant parcouru en tous sens par des guerriers de toute espèce.
Son compagnon, transformé en compagnon de guerre était bien terne à ses côtés, terne mais joyeux drille prêt à reprendre ses rapines :
« Tue, tue, pille mon beau seigneur !
- Garde-t-en, voletaille, si tu m’en crois sur l’honneur.
- Quel honneur, beau sire, vaut belle fille prise sur paille en sa fenière ? »
- Lejeune Amaury n’était pas d’humeur à suivre sa discussion et Jacou, tout éberlué, n’en croyait plus ses fidèles mirotons. En guise de pillage Amaury entraînait son compagnon au plus profond des bois jusqu’à l’antre où Margoton tricotait des chaussons en attendant le retour du printemps. Plus d’antre au fond des bois, rien qu’un beau château où brillaient des flammes aux chandelles si nombreuses qu’on eût dit le château enflammé. Dans la plus belle pièce où luisaient les étains, une femme filait et Margoton tricotait. Des dames d’atours s’affairaient Jacou ne savait où donner des yeux. Amaury s’inclinait et, le genou en terre, demandait humblement pardon à celle qu’il avait naguère offensée dans une de ses pilleries de soudard qui l’avaient fait transformer en loup. Il avait été puni : beaucoup en étant transformé en bête, un peu en étant confié à la nourrice, tendrement en limitant sa peine à un an plein, le temps qu’il acquière plus de civilité au contact de la horde des loups moins fauves que la soldatesque d’alors. C’est la fée sa marraine qui avait voulu cette années pleine que la jeune Esclarmonde aurait tant volontiers limitée à quelques jours tellement elle avait aimé cette offense qu’une fille amoureuse pardonne toujours du fond des yeux – qui est un peu le fond du cœur. Mais cela, une fille bien élevée ne peut jamais le dire.