- Tu as vu, j’ai froissé ma copine
- Comment as-tu pu faire ?
o Je ne sais pas mais elle a acheté une crème à défroisser à la pharmacie.
- Ce n’est que ça ? Tu ne l’as pas froissée, c’est elle qui se sent fripée. Ou plutôt sa gamine.
- Penses-tu ! Comment peux-tu imaginer qu’une chatte à peine majeure, ne puisse avoir pour pelure que de vieilles fripes ? Elle est très jeune la gamine de ma copine.
- Tu ne serais pas chatonophile par exemple ?
- Les chats ne sont pas chatonophiles.
- N’empêches que la fille de ta copine a l’impression d’être pleine de rides comme sont nos filles depuis que la pub leur a mis ça dans la tête avant de leur mettre de la crème sur la peau..
- C’est vrai que ma copine a plein de des crèmes : des anti-rides, des amincissantes, des nourrissantes (en surface et en profondeur), des sculpturantes, des hydratantes, des astringentes, des bienfaisantes, des communicantes, des balbutiantes, des décrispantes, des crèmes qui donnent de l’élasticité aux peaux ou les raffermissent…
- Tout ça dans le même pot ?
- Non, un pot par raison. Tu ne crois pas que les fabricants allaient perdre l’occasion de multiplier les produits. Regarde tous les pots que j’ai trouvé.
- Les produits ou les ventes ?
- Ils font appel au marketing
- Ça marche le marketing ?
- Ça court, ça court, le shopping.
- Et la crise ?
- Tu ne crois tout de même pas que la crise va empêcher nos copines de se faire belles ?
- Que trouvent-elles en elles ?
- Le rêve, le bonheur, les fleurs, la nature…
- Qu'ont-elles de commun entre elles ?
- Elles sont toutes « bios » et participent au « commerce équitable ». La télél l’a dit, les journaux aussi. Tous les poncifs de la pub y sont, agrémentés du « scientifiquement prouvé »
- Comment faisait-on avant la pub, la télé et les magazines ?
- On se servait d’eau de vaisselle ou de la graisse de pieds de moutons.
- Les pieds de moutons, j’ai lu ça dans Molière mais l’eau de vaisselle ?
- C’était avant les détergents.
- Que faisaient-elles alors, celles qui ne lavaient pas la vaisselle et qui n’avaient pas de pieds de mouton ?
- Elles se léchaient
- C’est si mauvais que çà de se lécher
- Non mais ça prépare les soins de la peau
- Des soins ? Comme pour les maladies ?
- Oui, une valeur médicale c'est toujours mieux pour la plus value.
- Même si ce n’est pas remboursé par la sécurité sociale ?.
- Tiens, je n’y avais pas pensé.
Photographies de Jean Nogrady