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5 juillet 2009 7 05 /07 /juillet /2009 16:44
Chats de Paris

 

Les chats de Paris

Vont dans les gouttières

Et les cimetières

Chasser la souris

 

Les chats de Paris

Qui tournent en rond

Sur tous les balcons

D’en haut vous sourient

 

Les toits de Paris

Sont tout leur domaine

Lorsque les chats s’aiment

En ce paradis

 

Et sans parti pris

Quand Paris s’allume

Prendre au clair de lune

Un bain de Paris

 

C’est revoir Paris

Balcons et corniches

Quand les chats se nichent

Au cieux de Paris

 

Les squats de Paris

Tous les chats connaissent

Souvent là qu’ils naissent

Et miaulent la nuit

 

Mais pour la tendresse,

Mais pour les caresses

ils ont leurs maîtresses

Au fond de leurs  lits


- C'est bien léger à côté de ton poème de ce matin
- On ne peut pas faire Baudelaire à toute heure.

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5 juillet 2009 7 05 /07 /juillet /2009 06:18

Les yeux mi-clos, la queue pendante,

Bien calé sur ses coussinets

Mon chat songe..

Depuis qu’il a lu les Chats de Baudelaire, il se croit poète et se tient la plupart du temps en équilibre sur le rebord du lavabo dont il espère la venue d’un filet d’eau.

      -         Alors, ça t’inspire, le lavabo ?

      -         Tout beau poème est écrit près de l’eau. Ce matin, pendant que tu te rasais, j’en ai écris un.

      -         C’est gentil de penser à moi.

      -         Ce n’est pas pour toi que j’écris, c’est pour ma maîtresse. Les plus beaux poèmes sont ceux qu’on écrit pour une femme. Tu m’écoutes ?

-         Vas-y toujours.

Prenant sa pose la plus avantageuse, la patte gauche en avant, comme on le voit faire à la télé par les présentateurs qui se préparent à entrer en scène, l’avant patte droite levée et pendante, les moustaches frémissantes, mon chat a commencé, de la voix grave qu’il sait prendre quand il miaule tendrement

 

A ma maîtresse

 

De sous sa lourde chevelure

Sort un parfum si doux, qu’au soir

Je la veillerais pour pouvoir

Passer la nuit sur sa vêture

 

-----

Elle est la déesse en ces lieux

Elle va, vient, coud, et pour lire

Sur ses genoux elle m’attire

Et me caresse de son mieux

 

---

Quand mes yeux, vers celle que j’aime

Sont attirés comme un aimant,

Je ronronne tout doucement

Et contemple un autre moi-même

 

---

Alors, avec étonnement

Je surprend ses prunelles pâles,

Clairs fanaux, vivantes opales,

Qui me contemplent fixement.

 

***

 

Ne crois-tu pas, mon chat, ce plagiat trop voyant ?

Mais lui, minois crispé et les yeux flamboyants

Secouant de fureur sa superbe crinière

Ce n’est pas un plagiat, dit-il, c’est sa manière …

.

Les photographie sont d'Antine@ et de Régine Rosenthal

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4 juillet 2009 6 04 /07 /juillet /2009 09:20
Le billet de ce matin se terminait par ces mots :

-         "Ça ne se voit pas dit mon chat qui a sa petite idée sur l’implication politique de quelques sciences appliquées".
Comme pour lui donner raison, je reçois à l'instant dans ma boîte aux lettres normale, sous couvert de la photo d'Einstein, et d'une de ses phrases, un bon de commande pour la Dianétique de Ron Hubbard 
Condamnez l'Eglise de Scientologie, le marketting saura s'en occuper.
La science à toutes les sauces, ça fait un peu ketchup.

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4 juillet 2009 6 04 /07 /juillet /2009 07:12

Chat, rat, souris

Ams, stram gram et interdit

Pique, pique et colégram

Ams, stram, gram

 

 

-         Tu ne trouves pas qu’on parle un peu trop des souris et des rats ces temps-ci ?

-         Pourquoi me dis-tu ça, est-ce à cause des moules et des huîtres ?

-         Un peu à cause de ça et beaucoup parce que je n’aimerais pas qu’on se serve de nous pour les supprimer

-         Pourquoi les supprimer, on en  a besoin.

-         Des souris ou des rats ?

-         Les deux.

-         Pourquoi les deux ?

-         Parce qu’on se sert des souris quand on veut éliminer une production et des rats quand on veut la garder.

-         Parce que les rats ne meurent jamais ?

-         Si, quelquefois, mais ils supportent mieux le stress.

-         Qui utilise les rats ?

-         Les Hollandais, pour vendre leurs moules

-         Qui utilise la souris ?

-         Les service français pour interdire les huîtres d’Arcachon.

-         Si on faisait l’inverse, que se passerait-il ?

-         Exactement l’inverse : les moules hollandaises seraient interdites et les huîtres d’Arcachon autorisées à la vente

-         Pourquoi les ostréiculteurs d’Arcachon ne demandent-ils pas l’utilisation des rats à la place des souris ?

-         Ils le demandent mais pas assez gentiment

-         Comment ça, pas assez gentiment ?

-         Ils ont bloqué la sous-préfecture avec leurs camions et le sous-préfet n’aime pas ça.

-         En effet, ce n’est pas bien de s’en prendre à une administration

-         Surtout qu’elle ne veut que leur bien

-         Comment ça ?.

-         C’est ce qu’ils disent tous pour ne rien changer.

-         En attendant, l’ostréiculture est une profession qui crève. 

-         Les souris crèvent bien.

-         Je comprends que ça te gênes si tu n’as plus de souris à te mettre sous la dent.

-         Des souris injectées aux bouillies d’huîtres, pouah ! Je préfère les croquettes, le foie de veau, le félix ou le whiskas et les caresses de ma maîtresse.

-         Parce que lorsque tu prends des souris, tu n’as pas de caresses ?

-         Elle n’aime pas que je les lui ramènes et pourtant je le fais pour lui faire plaisir, alors qu’elle caresse le chien quand il lui ramène un oiseau.

-         L’oiseau, c’est le chasseur qui l’a choisi, la souris, je parierai fort que ce n’est pas ta maîtresse qui te l’as demandée.

-         Pourtant je les lui ramène toujours gentiment.

-         Tu vois, gentiment, pas gentiment, c’est kif kif. C’est difficile de communiquer de nos jours.

-         Surtout que les explications ne sont jamais claires et que c’est toujours plein de sous-entendus. Tu crois qu’on ne voudrait plus d’huîtres sur le Bassin

-         Si, sur les tables des restaurants.

-         J’ai peur qu’après les souris et les rats, ils utilisent les chats.

C’est là la question qui taraude mon chat. Il sait bien qu’il ne crèverait pas mais il a peur des piqûres. Je l’ai rassuré en lui disant qu’à notre époque les sciences faisaient des progrès presque tous les jours et qu’il suffirait bientôt de faire des analyses d’eau de mer.

-         Ça ne se voit pas dit mon chat qui a sa petite idée sur l’implication politique de quelques sciences appliquées.

 Les photographies sont de Régine Rosenthal et Cristelle Daniel

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3 juillet 2009 5 03 /07 /juillet /2009 06:22

-         C’est bien toi qui m’as parlé du pied de l’Empereur ?

-         Oui, pourquoi ?

-         A quelle hauteur lui a-t-on coupé la jambe ?

-         Ce n’est pas un pied momifié comme les têtes maories que l’on garde au frais dans nos musée, ce n’est pas une relique, c’est une empreinte de pied imprimée dans la fonte

-         Parce que l’Empereur a mis son pied dans la fonte ?

-         Ne fais pas l’idiot. On s’est servi d’une botte de l’Empereur aux forges de Labouheyre pour mouler le pied chaussé.

-         Et pourquoi a-t-on moulé le pied de l’Empereur?

-         Parce que Napoléon III est le premier chef d’État a avoir mis son pied dans la lande

-         Heureusement qu’il ne s’y est pas assis.

-         C’aurait été plus difficile à mouler, c’est tout.

-         Les augustes fesses du pouvoir : quel beau souvenir nous aurions eu là.

-         Ne rêve pas : ce ne sont pas les fesses de l’Impératrice que l’on conserve mais le pied droit de l’Empereur.

-         Est-ce que cela veut dire que pour un landais, l’Empire c’est le pied ?

-         On peut dire ça mais il n’y a pas que dans les Landes qu’on conserve des empreintes de pieds.

-         Et où donc. ?

-         A Arcachon

-         Tu as vu des pieds à Arcachon ?

-         Beaucoup. Près de la jetée Thiers il y a plein de pieds de navigateurs, des hommes et des femmes.

-         Le pied marin en quelque sorte

-         Tu fais bien d’employer le singulier parce qu’il n’y a qu’un pied par personne.

-         Pourquoi un seul ?

-         Parce qu’on ne dit jamais les pieds marins et que le second est réservé pour le pilon qu’ils porteront le jour où ils seront pirates

-         Parce que tous les marins finissent pirates ?

-         Non, mais tous les pirates ont commencé marins.

-         Tu trouves ça drôle, un pied qui s’en va tout seul vers la mer ?

-         Ça permet à chacun de mesurer son pied à celui d’un grand navigateur.

-         Et ça donne des impressions aux touristes.

-         Tu trouves génial, cette idée de pied ?

-         J’aime les pieds, le pied nu de l’aimée qu’on enferme dans sa main comme l’oiseau qui palpite avant de s’envoler, le pied ailé de Mercure, le pied bot de Talleyrand, le grand pied de Berthe, la pied plat du réformé, le pied cambré des élégantes, le pied comprimé des antiques chinoises, le pied déformé des vieux marcheurs, le pied préhensible des singes et des anciens landais, le pied tourné des danseuses, les pieds joints de leurs pointes, les pieds alternatifs des sauts de chats, les pieds nickelés de notre enfance, le pied en l’air des cloche-pieds, le pied de biche, le pied de nez, le pied à terre, le pied levé, le pied chaussé de godillots de toutes les piétailles. Avancez à pied, changez de pied, présentez… pieds ! Être sur pieds, pieds semblables et symétriques, pieds articulés, pieds sans sous-pieds, pied du lever (le droit, qui a la priorité),

Il partit du pied droit en oubliant le gauche

Et toute la journée il en fut mortifié…

-         Ne me casse pas les pieds, toi qui chasse de pattes en longues foulées souples sur tes coussinets à griffes ! Tu ne serais pas un peu fétichiste par hasard ?

-         Il faut bien prendre son pied. Il n’y a que le coup de pied que je n’aime pas, surtout celui de l’âne.






Photographies de Régine Rosenthal

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2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 06:11

       -         Maintenant que tu sais comment je suis revenu de l’île aux Oiseaux tu peux bien me dire  comment état le champ de bataille

      -         Le Solférino que je suis allé voir n’est pas un champ de bataille d’Italie. Mon Solférino est un village landais qui fut un temps le domaine personnel de Napoléon III

      -         Et qui as-tu vu là-bas ?

-         Un garde républicain

      -         Je sais, il t’as même promis du fumier pour ton jardin

      -         Pas du tout il le donne  son fumier, et par tonnes à la fois.

       -         Disons que j’ai mal compris. Qui y avait-il encore ?

      -         Un sous-marinier

       -         Qu’est-ce qu’il pouvait bien faire avec son sous-marin dans les Landes ?

      -         Il est en poste à Brest, pas à Solférino.

-         Peut-être cherchait-il à créer une base secrète au marais du Plattier ?

      -         Un étang à sangsue, ce n’est pas le rêve pour un sous-marinier.

      -         Qui encore ?

-         Un marchand de missiles

-         Ça c’est normal : au centre d’essai des landes il vaut mieux apporter ses munitions mais lorsqu’on n’en a pas, on est content d’en trouver à proximité. Mais que faisaient-ils là-bas tous ces gens ?

-         Une réunion secrète pour une mission secrète.

-         Pour un lieu secret, c’est un lieu secret

-         Solférino sue le secret comme le pin sue la résine

-         Et quelle est cette mission ?

-         Piquer ses idées socialistes à l’Empereur

-         Parce que les socialistes avaient des idées à l’époque ?

-         L’Empereur aussi, c’est plein d’utopies : babouvisme, fourriérisme, saint-simonisme. Tout ce qui se termine par isme

-         Capitalisme…

-         Ça, c’est une utopie qui n’est pas perdue pour tout le monde.
Il a pris des socialistes à son service, l’Empereur ?

-         Michel Chevalier, les frère Pereire. Tout chef d’État a ses socialistes de service.

-         Mais toi, qu ‘as-tu fait là-bas ?

      -         J’ai mangé dans l’étable à bœufs de la Petitee ferme impériale

      -         À la mangeoire ?

      -         Il n’y a plus de bœufs à la ferme impériale mais du foie gras en blocs, de l’oie aux cèpes avec de vrais cèpes.

      -         C’est tout ce qui t’as frappé ?

      -         Non, bien sûr, il y avait Sainte Eugénie l’église de l’Impératrice et puis les fermes modèles.

      -         Des fermes modèles dans les Landes, tu m’étonnes.

-         Des maisons à étage que l’on appelait des cottages situés au milieu d’une exploitation regroupée.

-         On y faisait quoi ?

-         De tout, du quinoa, du mélilot, du delkkelé, du thopn-sing, du chien uh…

-         Tu ne pourrais pas parler français ? ils étaient chinois ces gens-là ?

-         Non, ils venaient de la lande voisine :Labouheyre, Commensacq, Sabres, Lüe, Onesse.

-         Si tu dois me réciter toutes les communes des Landes…

-         Seulement celles qui ont vendu des terres à l’Empereur qui cherchait à arrondir ses terres.

-         Et ses métayers que faisaient-ils ?
 -         C’est là la nouveauté : tout nouvel arrivant avait des semences, des engrais, un porcelet, une vache laitière, une maison à louer, des médailles à gagner…

      -         Et du fumier

-         Pour avoir du fumier il faut des bêtes qui aient déjà travaillé.
-         Tu m’as parlé des bœufs

      -         L’Empereur les prêtait à ceux qui en avaient besoin.

       -         C’était un gentleman-farmer… Tu as tout vu à Solférino ?

-         Pas le corset de l’Impératrice

  -         Elle y a perdu son corset ?

      -         Oui et son abeille .

      -         C’était un bournac, son corset?

      -         Un corset, c’est pas une ruche.

      -         Elle y faisait son miel, l’abeille ?

      -         C’était une abeille d’argent qui fermait le corset.

      -         Sur le nombril ?

      -         Je ne sais pas, je ne l’ai pas vue.




Les photographies sont de Régine Rosenthal et d'Antine@

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1 juillet 2009 3 01 /07 /juillet /2009 07:21

Mon chat n’a rien voulu dire de son équipée navale. Heureusement qu’Oslo et Chamalo sont plus prolixes. Voici à peu près ce que j’en ai retenu :

Sur le coup de quatre heures du matin, Oslo a secoué mon chat. La pluie tambourinait  sur la bâche

-         Réveille-toi, je suis de travers.

-         Pas possible, c’est que t’as bu

-         Mais non, je t’assure, je ne tiens pas sur mes pattes

Fatigué sans doute d’avoir été tant bousculé, le bateau s’était couché lui aussi. Ils étaient tassés sur babord et l’espace au-dessus d’eux était luisant de boue sous la lune.

-         Heureusement que ce n’est pas dans l’eau dit Chamalo qui, comme un vrai matelot,  ne craint qu’une chose : que l’eau se mélange à son rhum.

Comme la mer montait, nos chats sont descendus pour tacher de dégager la ligne de flottaison.. Ils furent vite couverts de boue jusqu’au ventre.

-         Vite, dit Chat Malo, la mer arrive.

-         Comme elle va vite ! dit mon chat qui n’avait jamais mis les pattes à la plage.

-         Accrochés au bordage du haut (tribord pour les marins) afin de compenser le déséquilibre, nos chats attendaient que le bateau se redresse.

-         Passe moi la gaffe dit Chat-Malo

La gaffe avait roulé à babord qui était le bordage affalé sur la vase ; Oslo eut un haut-cœur

-         gaffeur toi-même !

-         J’ai faim dit mon chat qui regrettait les croquettes qu’il mange toujours à heure fixe.

-         Il faudrait faire un barbecue dit Oslo

-         Il n’y a que du bois flotté et après l’ondée de cette nuit, il est tout trempé

-         Si on fait du feu, il va sécher

Pendant ce temps, la marée montait.

-         Regarde, le bateau frémit

-         Heureusement qu’on a laissé nos copines à la maison.

-         Ce n’est pas du bronzing, c’est le bain de boue.

-         J’aime mieux ça dit mon chat qui a peur des coups de soleil et apprécie surtout l’ombre du jardin.

-         Il faut nous laver dit Oslo qui est le plus coquet des chats et avait commencé à se lécher consciencieusement.

Quand la mer fut assez haute, le bateau s’est redressé d’un coup et nos chats ont bien failli prendre le bain de leur vie. Mais les chats sont agiles et ils se sont accrochés aux filins. Les voiles étaient si lourdes de boue qu’elles ne servaient plus à rien. Heureusement qu’un vieux marin qui passait par là les héla

-         Prend le bout dit le vieux marin en lançant une amarre. Attache le sur ton bateau que je vous remorque.

C’est ainsi qu’Oslo, Chat-Malo et mon chat ont fait une entrée peu glorieuse dans le port sous les regards goguenards d’une foule de matelots d’occasion qui n’avaient pas plus navigué qu’eux mais qui entonnèrent en chœur le chant impérissable de toute marine à voile

Il était un petit navire

Qui n’avait ja-ja-jamais navigué…

-         Ils sont malins dit Chamalo de parler de jaja quand on a failli boire la tasse.

Oslo regrettait le temps où les dames de Bordeaux scrutaient la mer tout en brodant sous leur gloriette afin de saluer les équipages comme on effeuille la marguerite : un peu, beaucoup, passionnément ou point du tout selon qu’elles reconnaissaient ou non les matelots comme étant de leur monde (on dit alors les plaisanciers).

Oslo était comme eux de premier rang et il en espérait toute la considération que les habitants du bord de l’eau refusent aux habitants du second. C’est Mauriac qui le dit et bien qu’il fut un Fils, Oslo avait lu Préséances

-         Comment veux-tu qu’on te reconnaisse dit mon chat si tu te caches derrière le bordage.

-         J’ai trop honte, dit Oslo mais elles devraient reconnaître le bateau de Père.

La nuit tombait. Aucune de leurs petites amies n’avait eu la patience de les attendre. Elles étaient parties depuis longtemps sans trop s’inquiéter de ce qu’ils étaient devenues.

-         Quand je serai matelot, je n’épouserai jamais qu’une femme de marin dit Chat-Malo.

-         C’est égal dit Oslo, nous l’avons sorti, le bateau.

 

Les photographies sont de J.C Lauchas et Régine Rosenthal 

 

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30 juin 2009 2 30 /06 /juin /2009 16:16
Du temps où les chefs d'Etat jouaient au gentlemen-farmer, Napoléon III a acheté quelques 7.000ha de terrain à cinq communes voisines pour en faire un domaine expérimental dans les landes les plus déshéritées et marécageuses qui soient. Annoncé comme devant être une exploitation fourriériste appartenant en propre à l'Empereur,le domaine n'est plus que le souvenir évasif d'un rêve économique.
On lit déjà au XVIIIè siècle, dans le roman d'une jeune girondine qu'elle préfère la propriété des Landes à celle du Médoc parce qu'elle peut y fait la charité comme ses parents lui ont appris à la faire. En 1825 d'Haussez compte utiliser à des fins de colonisation des landes les nombreux indigents de l'époque. En 1863 Napoléon III qui avait doté les premiers colons de semences, d'outils, d'une vache et d'un cochon érigeait sa propriété en commune qui garde le nom du domaine, hérité d'une victoire impériale : SOLFERINO. C'est le dernier grand essai de polyculture systématique. L'Histoire lui a laissé un nom, l'économie quelques cottages, une ferme-auberge où l'on mange bien et beaucoup de souvenirs. Un ange y passe, et la tempête. Nous savions les landes en proie au feu, à l'eau, au sable. Il faut y ajouter le vent.
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30 juin 2009 2 30 /06 /juin /2009 06:40

-         Alors, ton retour, comment ça s’est passé ?


-
         Regarde la photo de Roxanette. Ils lui ont mis la burka

      -         Mais non, ce n’est pas une burka, c’est une jalousie.

      -         Une jalousie ? Qu’est-ce que c’est que çà

      -         C’était naguère le poste d’observation des jeunes filles de chez nous.

      -         Pourquoi elles sont derrière ?

      -         Parce qu’elles ne pouvaient pas aller dehors sans leurs parents ou leurs gouvernantes. Même pour sortir avec Casanova il leur fallait un chaperon.

      -         C’est ça qu’on appelle une liberté surveillée

      -         On peut dire ça. En fait la jalousie leur permettait surtout de ne pas être vues

      -         Parce que les femmes de chez vous ne voulaient pas être vues ?

      -         Ça dépendait des femmes et de leur état d’esprit.

      -         Et vous acceptiez ça ?

      -         Puisqu’elles le voulaient.

      -         Tu ne crois pas qu’elles étaient un peu formatées ?

-         Comme en Iran. Mais toi, que t’est-il arrivé ?

Manifestement, mon chat n’a pas envie de parler de son retour en bateau. Il préférait que je parle de Solférino.

-         C’est un village impérial, n’est-ce pas ?

-         Tout à fait

-         Le domaine de l’Empereur ?

-         Exactement.

-         Qu’y faisait-il ?

-         Le gentleman farmer.

-         Il avait une ferme

-         Sept fermes modèles.

-         Avait-il des gardes ?

-         J’ai rencontré un garde républicain-         L’Empereur l’y avait laissé ?

-         Non puisque je te dis qu’il est républicain.

-         Les gardes républicains ne parlent pas.

-          Pas sous le casque mais ils se rattrapent quand ils ne sont pas de service. Il m’a dit qu’on voulait tout supprimer (les gardes républicains, pas le service)

-         Et pourquoi ?

-         Parce qu’ils ne ramassent pas les crottes de leurs chevaux comme font les propriétaires de chiens.

-         Les chevaux ne peuvent pas s’arrêter n’importe où.

-         Ni quitter le peloton..

-         Comment faisons-nous, nous autres chats ?.

-         On pourrait faire suivre les chevaux de la garde républicaine par les motos ramasse-crottes. La moto balai en quelque sorte.

-         Remarque qu’une armée de chats ferait aussi bien l’affaire.

-         Une armée de chats, comment ça ?

-         Pour recouvrir les crottes comme dans les W.C. secs. C’est vrai que nos griffes ne résisteraient pas forcément aux pavés de Paris. Les toilettes sèches ce n’est pas évident partout.

-         Et si c’étaient des éléphants ?

-         Mais la garde républicaine, ce n’est pas l’armée d’Hannibal.

-         Les belles galettes que ça ferait !

-         C’est ça le rêve de Solférino ?

-         Pas tout à fait, je t’en parlerai quand tu m’auras parlé de ton retour de l’île aux Oiseaux

C’est alors que, me tournant le dos, levant la queue toute raide ( une façon bien à eux de faire un bras d’honneur) , mon chat partit en maugréant. « Touts gatas e gatasses machàn coum gats bornis* ».  mais je ne suis pas un chat borgne, moi.

 

*Les lecteurs intéressés trouveront la traduction dans Hilh de pute, macarel, le dictionnaire des jurons, insultes, injures fréquents dans le Midi de la France (éditions Loubatières)

 

 Les photographies sont de Régine Rosenthal 

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29 juin 2009 1 29 /06 /juin /2009 06:40

Mon chat m’a raconté l’histoire de l’expédition à terre dès qu'il a pu téléphoner

La voici : « Dès qu’ils eurent mis le pied sur l’île, nos chats cherchèrent des oiseaux. Ils n’y virent d’abord que des moustiques dans les airs et des ragondins sur terre, ce dont ils eurent grand peur.

-         Il n’y a personne pour nous faire du café ? dit mon chat qui commençait à avoir un petit creux.

L’île était déserte et ils décidèrent d’en faire le tour d’un commun accord (le danger leur faisant oublier la rivalité de la veille). Ils y ont trouvé trois cabanes abandonnées, une tonne habitée par un chasseur silencieux, des monticules de coquilles d’huîtres et un chemin aménagé entre les « cotonniers ».

-         Quelqu’un habite là dit mon chat.

-         Tu as vu, le chasseur n’a pas répondu à notre appel


-
         Il avait peur d’être obligé de faire du café dit mon chat qui avait de plus en plus faim

-         C’est un Gascon dit Chat-Malo qui, en sa qualité de Breton ne les appréciait guère.

-         Et qu’est-ce qu’il t’a fait le Gascon ?

-         Une invitation de gascon.

Il était courant dans le pays de faire ces invitations évasives qui renvoient aux calendes grecques.

-         Les Grecs sont passés là par dit mon chat

-         Ce sont plutôt les Vikings dit Oslo.

-         J’ai lu que c’étaient les Crétois dit Chat-Malo qui ne voulait pas être en reste d’érudition.

Rien n’étant plus vexant que la mise en doute d’une connaissance mal digérée, nos chats

allaient en venir aux pattes comme des historiens chevronnés qui tiennent mordicus à leur vérité.

-         Comme s’il n’y avait qu’une vérité, dit mon  chat qui en a en a connu beaucoup au cours de ses multiples vies :. « Vérités en deçà du siècle, erreur au-delà » dit-il en citant une pensée célèbre.

-         C’est vrai dit Oslo qui ne voulait pas demeurer en deçà justement de ce que pensait mon chat :.tout ce qu’on m’a appris à l’école est déjà faux : le maréchal, la famille et la patrie, la colonie (de chats) la valeur de l’engagement…

-         Mais que fait donc le chasseur dit Chat-Malo surpris de voir un homme aussi silencieux et immobile qu’un chat chassant. A voir ses appeaux, il me semble qu’il attend des canards

-         Les canards, c’est pas des oiseaux, dit Oslo. On les attrape quelquefois au filet. Je suis venu chercher les petits oiseaux : les alouettes et les perdreaux, les rouge-gorges, les ortolans, voici des oiseaux

-         Il y a là quelques espèces protégées dit mon chat

-         C’est pas la peine de les protéger, il n’y en a plus.

-         C’est à cause des cormorans

-         Les cormorans ça chasse les poissons, pas les oiseaux

-         Cherchons des poissons dit mon chat.

-         Il n’avait pas fait trois pas qu’il avait marché sur une vive et qu’il avait trois crabes accrochés à sa patte.

-         Rentrons dit Chat-Malo qui voyait déjà poindre une altercation.

A part le chasseur, les moustiques et les ragondins, l’île était déserte.

Pas le moindre pirate, dit Chat-Malo déçu dans son rêve de trésor caché. Pas la moindre sirène dit Oslo qui rêvait déjà de rencontres amoureuses.. "Un mulot!" dit mon chat, ravi de se trouver enfin en pays connu.

Comme quoi une île, même quand elle vous déçoit, c’est toujours une espérance d’aventure.

Le soleil incendiait l’horizon. La nuit allait tomber. Le flot les emporta, le reflux les remporte… Pour quelle nouvelle aventure ?
                                                         Les photographies sont de J.C.Lauchas; M.F Ducasse et Antine@

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