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27 juin 2009 6 27 /06 /juin /2009 06:31


A peine embarqué, Oslo a sorti le vieux théodolithe qui ornait la cabine pour faire le point.

-         Laisse ça dit Chat-Malo, prends plutôt le GPS

-         Pas la peine dit mon chat, on voit très bien l’île devant nous. Il vaut mieux sortir le baromètre pour voir ce qu’il dit.

-         Un vrai marins lit le temps dans les nuages.

-         Justement, dit Oslo, il n’y a pas de nuages.

-         Appelle la météo

Le départ s’avérait délit-cat parce que les chats sont des animaux indépendants.

-         Le capitaine est seul maître sur son bateau dit Chat-Malo qui avait lu beaucoup de livres de pirates. J’en prends la direction

-         Pas question dit mon chat, votons à main levée

-         Ce n’est pas démocratique dit Oslo, nous allons tirer à la courte-paille.

-         Mais vous ne savez pas vous servir d’un bateau dit Chat-Malo

-         S’il fallait attendre de trouver des gens compétents pour faire quelque chose, dit mon chat, on ne ferait rien de bon. Et puis rien ne prouve que les gens compétents sachent commander.

-         Attention, le bateau dérive

-         Prends les ris

-         Vire vite

-         Et pour sortir du port Chat-Malo tira des bords qui ont fait frémir bien des vieux marins sur les quais.

-         Tu as vu, ils se moquent de nous

-         Ils n’ont qu’à venir à notre place

-         Ah ça, non, ils seraient capables de nous débarquer.

C’est alors que le vent se mit à souffler dans la bonne direction, c’est à dire vent arrière.

-         Ça nous change de la bicyclette dit mon chat

-         Oui il ne faut pas pédaler, çà descend tout seul dit Oslo

-         C’est qu’en bicyclette, dit mon chat, on a toujours le vent de face.

Chat-Malo haussait les épaules devant tant d’ignorances avérées. Comme si le plancher des vaches avait quelque chose à voir avec le plancher des matelots.

La navigation se terminait que nos chats n’avaient pas encore élu leur capitaine.

-         Terre ! a crié mon chat quand il sentit que le bateau talonnait

-         Prends le bout et tourne le sur la bitte d’amarrage

-         Je vois pas de bitte dit mon chat

-         Ce piquet là fera l’affaire dit Chat-Malo qui montrait par là même son esprit de décision.

-         Fais un nœud de vache dit-il

Oslo et mon chat, qui ne savaient faire que des nœuds de chats, ont longtemps cherché dans le sac de nœuds que le père d’Oslo gardait dans sa cabine un bon nœud d’amarrage.. Heureusement que la marée et l’onde d’un bateau de touriste qui passait à toute vitesse les a drossés à la côte. Le sol était vaseux et ils décidèrent d’un commun accord de rester sur le bateau en attendant la marée suivante qui les porterait plus loin à l’intérieur des terres.

 

Devant aller à Solférino (Landes) à la recherche de souvenirs impériaux, j’ai laissé mon chat maître des opérations espérant bien le trouver le lendemain pour avoir la suite de son récit.

-         Ce n’est pas la peine de téléphoner ce soir, lui dis-je en partant, mais, s’il t’arrive quelque chose, téléphone aux pages jaunes. Ils ont une solution pour tout..

 
      
            Les photographies sont de Régine Rosenthal

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26 juin 2009 5 26 /06 /juin /2009 10:04

Les huîtres sont de nouveau interdites à la vente, par injonction administrative. Mon chat, pour une fois sérieux, se demande pourquoi on a créé le bac ostréicole pour des jeunes gens dont l’avenir tient à la vie et à la mort des souris comme s’il s’agissait là d’une forme nouvelle de la roulette ruse.

Des « scientifiques » disent que, si les souris meurent d’injection de bouillie d’huîtres, les hommes pourraient bien mourir d’ingestion de leur chair. Ingestion n’est point injection et les souris ne sont pas des hommes. Qu’importe. Cela me fait penser aux rebouteux qui versent de l’huile dans une cuvette et détectent les coliques infantiles à la forme que prend la tâche d’huile sur l’eau. Il y a moins de panache qu’à l’analyse des viscères dans la Rome antique mais tout cela y ressemble.

Huile, souris ou viscères ? Les bacheliers devraient-ils ingurgiter des cours indigestes sans réflexions ? Sorbonagres, sorbonicoles ! Quand mettra-t-on au programme la dent d’or de Fontenelle : il a dit tout le crédit que l’on doit porter aux faits repris de façon superficielle. Parce qu’enfin on devrait pouvoir déterminer le type de toxine en cause, mesurer le taux de cette toxine dans l’eau du Bassin, déterminer la cause de sa prolifération, combattre cette cause. Un test, dit mon chat, qui sait ce que c’est qu’une souris, ce n’est de la recherche.

Quant aux indigestions, nous en avons bien des exemples qui n’inquiètent guère nos autorités dans leur bienveillante attention. A moins que … « qui veut tuer son  chien l’accuse de la rage ».

Touristes, baigneurs et plaisanciers, méfiez-vous, si les souris meurent sur le Bassin, les toxines pourraient bien agir par osmose. Et puis, une « tasse » est si vite bue.


                       Les photographies sont de J.C.Lauchas

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26 juin 2009 5 26 /06 /juin /2009 06:49

Mon chat n’aime pas l’eau mais il ne tient plus en place depuis qu’on lui a proposé d’aller faire un tour en bateau.

      -         Où allez-vous ?

      -         A l’île aux Oiseaux

Tandis qu’il mâchonnait ces mots, ses babines gonflaient voluptueusement.   

      -         Mais tu ne sais pas te servir d’un bateau. Tu ne sais même pas nager

      -         Nager, pourquoi faire ? Un bateau c’est pas fait pour couler et, s’il coule, on se raccrochera aux épaves. Je compte sur toi pour avertir l’hélico.

      -         Qui y aura-t-il?

      -         Il y aura Oslo  et Chat-Malo, de saint Malo, un vrai matelot qui a fait cinq fois le tour du monde

-         Cinq fois le tour du monde ?

-         Oui autour de la mappemonde du bureau. Il connaît tous les océans :l’Atlantique, le Pacifique, l’Indien. Même qu’il voulait nous amener cet été au Pôle nord, qui est un Océan qui s’ignore, à cause des glaces qui le refroidissent. Il dit que c’est le seul moyen d’échapper à la canicule. Mais on a trouvé que c’était trop loin.

-         Avez-vous un bateau ?

-         Oslo emprunte celui de son père.

-         Est-ce vraiment un bon bateau ?

-         Je ne sais pas : il y a vingt ans qu’il n’est pas sorti du port mais c’est un beau bateau.

-         Il est en état de naviguer au moins ?

-         Son père passe tous ses dimanches dessus et tout son temps à le briquer. On aime briquer dans la marine.

-         A quoi ça sert un bateau qui ne sort pas du port?

-         A être bien considéré.

-         Comment, bien considéré ?

-         Les plaisanciers sont le top de la population et le port, c’est quasiment le Bottin Mondain des plaisanciers. Alors, forcément, on compare la ligne du bateau, son élégance, son prix ; son prix surtout.…

-         Vous amenez des chattes avec vous ?

-         C’est trop dangereux, surtout quand nous doublerons le Cap Horn

-         Mais pour aller à l’île aux Oiseaux vous ne doublerez même pas le Cap Ferret.

-         Ça ne fait rien. Entre les vents, les courants, les tempêtes, la brume, les manœuvres et les beuveries, il y a fort à faire.

-         Elles vous aideraient.

-         Dis plutôt qu’entre leur bronzing et leurs chatteries, elles nous troubleraient

-         Parce que tu te laisses troubler comme çà ?

-         Ça dépend de qui on amène et du type de bronzing qu’elles pratiquent.

-         Allons dépêches toi, Tes copains vont s’impatienter, et vous allez louper la marée.

-         La marée ? Elle attendra

-         L’eau arrive, s’en retourne, va, vient et trottine comme les rats. La marée n’est pas pour les chats.

-         Fais-moi passer mon sac marin au lieu de bavasser.

-         Qu’est-ce qu’il y a là dedans ?

-         Le nécessaire du parfait matelot

-         Mais encore ?

-         Un cat-wé, quatre bottes, un chapeau ciré, une boîte de pâté « le miaou », un tire-bouchon, un bout de « bout », deux manilles, une corne de brume, un jeu de cartes estampillé par la marine…

-         Un livre ?

Tu crois qu’on a le temps de lire en bateau ?








                                                Photographies d'Antine, Régine Rosenthal et Hélène Durand
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25 juin 2009 4 25 /06 /juin /2009 06:39


Mon chat est allé voir une amie chatte qui venait de donner le jour à cinq adorables chatons au milieu des pages déchirées de magazines people. Il y avait Vois-la, catycatch, point de mire images fécondes, Jours de Chance, le fi ragot et quelques autres dont je ne me souviens pas du titre. Mon chatl ne put se dispenser de jeter un coup d’œil sur ces journaux pour meubler une visite où il ne savait trop quoi dire. Les chats, comme les hommes, sont de grands timides qui noient leur timidité (ou leur paresse) dans la lecture des journaux et la fumée des cigarettes Depuis que les cigarettes sont interdites, il ne reste plus que les journaux.

-         Vous les hommes, me dit-il à son retour d’une visite qu’il était malgré tout content d’avoir faite, vous êtes de curieux personnages.

-         Pourquoi curieux ?

-         Si j’ai bien compris, vous êtes des bigames refoulés.

-         A voir ce que tu as vu dans les journaux, tes bigames ne se cachent pas tellement

-         Ils s’exposent comme s’ils étaient des cas uniques alors qu’ils sont nombreux à se battre pour paraître sur ces magazines.

-         Ce n’est quand même pas toi qui va leur reprocher leur bigamie.

-         Mais moi je ne fais pas venir les paparazzis. Je ne sollicite pas les journalistes. Et puis, ce que je leur reproche, c’est quand ils divorcent : ils n’ont pas besoin de crier, gesticuler, s’injurier, se menacer, même s’ils doivent partager leurs enfants, et se disputer leurs biens. Et puis, pourquoi font-ils revenir les paparazzis pour reparaître dans ces journaux. Ça cadre mal avec leur bigamie. Je t’aime un coup, je t'engueule un autres. Ils sont pas conséquents. C’est à se demander s’ils ne font pas tout ça rien que pour la presse. Ils appellent ça un scoop quand c’est un loupé.

-         Ce que tu leur reproches, au fond, c’est leur manque de discrétion

-         Je m’en moque de leur manque de discrétion mais ils profitent de l’occasion pour abandonner leurs chats et ça, je ne peux pas le pardonner. Ça nous tombe dessus sans crier gare. Nous ne sommes pas grand chose, mais tout de même.

-         ….

-         Ne proteste pas. Les journaux ne parlent jamais des chats des gens qui divorcent. Entre vous et nous, ce n’est peut être pas tous les jours la passion tumultueuse, les cris félins, les amours bondissantes mais les caresses, ça compte.

-         Je ne te les ai jamais mesurées

-         C’est justement ça que je vous reproche à vous, les hommes : vous nous attirez, vous grattez nos têtes, chatouillez nos cous, caressez de vos mains nos dos qui s’arc-boutent. On vous croie sur caresses. Nous aimons ces vieilles tendresses, comme une entente fusionnelle et pfft, plus rien : il suffit d’un de vos orages sentimentaux et s’en est fini de nous. Il ne nous reste plus que la soupe populaire, les nuits sous les châssis de voiture, les débris de poubelles que nous disputons à vos clochards…

-         Tu exagères

-         Ça se voit que tu ne fréquentes pas nos asiles, que tu n’écoutes pas les miaulements plaintifs dans la nuit, nos cœurs qui palpitent quand passent les patrouilles. C’est pour cela que nos sans-abris aiment tant les fantômes des cimetières, les squats au milieu des machines d’anciennes usines désertes, les bains de soleil sur les traverses des lignes désaffectées d’un chemin de fer économique dans la solitude de rails inutiles au milieu des herbes folles où se trouve toujours un peu d’herbe à chat…

 Photographies d'Hélène Durand et d'Antine
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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 10:00

Il prit sa patte, et puis le reste
Que croyez vous donc qu'il lui fit?
Souris passant, elle eut un geste
Qui la fit sortir de son lit

Chatte n'est point femme en ceci
Qu'elle bondit sur la souris

                                                                                                                                         D'après La Fontaine par Mousskat, chat.

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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 06:55

Je n’aime pas beaucoup celui que vous appelez le bon La Fontaine. Vous avez vu comme il parle de nous ? Ce n’est que gent scélérate, grippe-fromage, hypocrite, tartuf, patelin, rusé comme un renard et plus malin qu’un singe, chat fourré, fort et gras, faisant en tout sa chattemite, croqueur d’épices et de plaideurs… Comme si nous n’avions aucune vertu. Il ne nous reconnut à notre juste valeur qu’une fois, le jour où il voulut changer sa chatte en femme. C’est à la fable XVIII du livre II

La changer en femme, pour quoi faire ?

Voulait-il cocufier tous les chats de la terre ?.

Il aimait une chatte, il n’y a pas mystère

Chattes sachant chatter font chavirer leurs maîtres.

 Et pour trouver en elle une épouse accomplie.

(« Il la trouvait mignonne, et belle, et délicate,

Qui miaulait d’un ton fort doux »)

Ce nouveau Pygmalion fit tant dans ses manières,

Qu’à la fin elle plie

. Devenant sur l’instant femme charmante, et belle et tout

Ce que désirait son époux.

De la tenir pour femme il se fit une feste

Il prit sa patte, puis le reste

Dans son lit il la conduisit

Que croyez vous donc qu’il lui fit ?

Il a suffi d’une souris

Pour qu’il en perdit tout le fruit.

C’est La Fontaine qui le dit

 

 «  Quelques souris qui rongeaient de la natte

Troublèrent le plaisir des nouveaux mariés

Aussitôt la femme est sur pied :

Elle manque son aventure.

Souris de revenir, femme d’être en posture »

 

Ce qu’il dit est une imposture

Les chattes sont aux chats ce qu’est femme au mari

Quant à être trompés tous les chats sont maris

Elle a manqué « son aventure »,

Certes,  mais l’homme tout autant

Qui croyait vaincre la nature.

Voici ce qu’il advient de changer le destin

et de cocufier mon prochain

 

Il nous suffit de vos caresses

Nos chattes ne sont point vos maîtresses

Laissez nous donc à nos amours

Nous vous en aimerons toujours

Mousska, écrivain public

 

 

 












Les photographies sont de Régine Rosenthal


 

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23 juin 2009 2 23 /06 /juin /2009 06:35

Mon chat fait le gros dos. Il n’a pas digéré la crise, la crise pour chats bien sûr, parce que l’autre, il nous en laisse l’entière responsabilité.

      -         Qu’est que c’est la crise des chats ?

      -         Moins de croquettes dans notre assiette et des chats  errants dans tous les jardins.

      -         Comment en êtes-vous arrivés là

      -         A cause des conseillers pour chats.

      -         Des conseillers. C’est fait pour vous aider de ses conseils, un conseiller

      -         C’est le contraire, on voit bien que tu ne les connais pas les conseillers financiers.

      -         Ils ne conseillent pas ?

      -         Si, ils nous conseillent de leur laisser nos croquettes pour qu’ils les gardent. Ils devaient nous les rendre au centuple

-         Et qu’ont-ils fait ?

-          Ils ont rempli leurs coffres

-         Pour garder vos croquettes ?

-         Ils s’en sont servi pour leur train de vie et ils ont jeté toutes nos croquettes aux quatre vents de la grande vie qu’ils mênent avec nos pesettes.

-         Mais alors un conseilleur, c’est…

-         Menteur comme un vendeur.

-         Tu le sais bien que Mercure est le dieu des marchands et des voleurs

-         Tu les connais, les conseillers en immobilier, les conseillers cuisinistes, les conseillers en fauteuils… Ils ne veulent que te vendre n’importe quoi surtout si tu n’en as pas besoin et plus ils ramassent de croquettes et plus ils sont bien vus par leur direction qui leur paye même des voyages pour aller voir comment on peut prendre des croquettes ailleurs. Ils disent que sans eux on ne saurait pas quoi faire de nos croquettes. Même les pauvres. Il disent aussi qu’il vaut mieux croquer les croquettes des pauvres que les croquettes des riches parce que les pauvres sont plus nombreux que les riches et qu’ils ne se méfient pas.

-         J’ai lu ça quelque part.

-         Mais les pauvres, ils ne l’ont pas lu. Tu as vu les conseillers en voyages les conseils qu’ils te donnent?

-         D’aller voir s’il n’y a pas plus pauvres ailleurs ?

-         L’exotisme, qu’ils disent, le confort des hôtels pour chats, les petites chattes thaïlandaises.

-         C’est un conseil, ça ?

-         C’est du racolage.

-         Que crois-tu qu’ils veulent, tous ?

-         Nos croquettes, bien sûr.

-         Pourquoi tu ne les gardes pas chez toi ?

-         A cause des fourmis.

-         Ils ont raison alors

-         S’ils ne se disaient pas conseillers j’accepterais peut-être. Il y a tant de gens qui veulent me donner des conseils que j’en ai le tournis. J’aime me méfier, moi, mais pas être trompé par des paroles mielleuses qui collent à nos pattes et qui n’engagent que ceux qui les écoutent.

-         Si tu permets…

-         Encore un conseil ?
- Mais celui-ci, c’est pour ton bien.
                                                                          Les photographies sont de Régine Rosenthal et Antine

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22 juin 2009 1 22 /06 /juin /2009 10:07
Mon chat, qui conseille sa chatte persane depuis chez lui, considérant Tartuffe comme notre héros national, énumère les visages qu'il a pris dans le temps et prend encore chez elle aujourd'hui. Molière n'a pas enterré Tartuffe. Il revient au galop.
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22 juin 2009 1 22 /06 /juin /2009 06:14

à Roxanette, Ispahan.
Ma chérie

On a dû te parler de Tartuffe au lycée français. C’est notre héros national, notre modèle préféré.

Tu te demandes ce que c’est qu’un modèle national. C’est celui qu’on imite. Les tartuffes vont voir les vieilles personnes, les chouchoutent, les caressent, les mignotent jusqu’à les chasser de chez elles. Tu te souviens : « C’est à vous d’en partir, vous qui parlez en maître ». Où vont aller ces personnes ? Dans des maisons de retraite, bien sûr. C’est pour ça qu’il y a tant de pensionnaires dans ces nouvelles réserves pour personnes âgées où l’on refuse leurs chats. C’est pour ça qu’on n’aime pas ces maisons où l’on dit de nous que nous sommes des tartuffes à cause de notre fourrure. Allez savoir pourquoi.

 Tu te figure peut-être qu’il y en a moins de tartuffes qu’au XVII è siècle et que tout ça c’est de la littérature? Ne crois pas ça, ma mignonne. Ils bourgeonnent, ils fleurissent. J’en ai connu pendant la guerre qui venaient s’enquérir de ce que faisaient leurs voisins avant de les dénoncer consciencieusement à cause d’un rouge-gorge qu’ils avaient croqué ou d’une souris dont ils se jouaient. Après la guerre il y a eu 68. Tous ensemble, qu’ils disaient, mais les lendemains plus personne qu’eux seuls aux commandes du pouvoir. De nombreux chats sont restés sur le pavé.

Et si tu crois que mai 68, c’est des vieilles lunes tu apprendras que les tartuffes se sont reconvertis. Tu voudrais savoir où ? Tu en as plein chez les pieux. C’est normal vu le modèle. Ils disent qu’ils sont venus là pour fréquenter des gens bien. Les chats de sacristains ne sont pas forcément des chats bien mais ils passent pour tels et c’est ça qui est important. Comme ils pensent qu’il y a peu de chats comme eux, ils s’enorgueillissent de faire partie du cercle des pieux. Ils le miaulent sur le toit des églises, dans les combles des sacristies et jusque dans les bénitiers quand il n’y a pas trop d’eau bénite. Ils croient croire comme disait Prévert et croassent les grenouilles de ces lieux. Pour peu, ils se feraient battants de cloches. Bien sûr que tous le chat-pieux ne sont pas tartuffes et que tous les tartuffes ne sont pas chat-pieux…

Des tartuffes non pieux, il y an a plein chez nous. Tu te demandes où, mais chez les Présidents bien sûr. Pourquoi penses-tu aux Présidents de la République ? Je te répondrai qu’il y a beaucoup de Chats-fourrés présidents. Ils savent tout et nous écrasent de leur savoir et de leur morale. Même en histoires de chats ils savent tout : le passé, le présent et l’avenir, même s’ils n’ont jamais voisiné ave boule de cristal des études de voyantes. Ce sont les ayatollahs de chez nous. Ils savent mieux que nous ce qui nous convient et s’arrangent pour qu’on n’écoute qu’eux, pour la seule raison qu’ils sont présidents. Ils tranchent de tout, jettent des anathèmes, lancent des interdits, chassent les mal pensants. Tu vois, ma chérie, Tartuffe est éternel comme Molière. Il est universel. On en voit chez vous qui dénoncent les chattes trop entreprenantes, les adultères de chats, les tenues indécentes, les mauvaises pensées et même les autres. Et pourtant tu sais comme nous on nous dit secrets.

Comment t’en préserver ? Frotte bien ta petite lampe d’Aladin, doucement, longuement du doux coussinet de tes pattes, tes griffes bien rentrées pour ne pas la rayer. Tu pourrais en avoir besoin. Au cas où ça ne marcherait pas, prépares aussi ton tapis volant. En attendant, fais bien attention à ton pelage. Tous ces tartuffes seraient bien capables de t’en dépouiller comme on le fait de vulgaires lapins.

            Les photographies sont de Régine Rosenthal

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21 juin 2009 7 21 /06 /juin /2009 07:01

Depuis les évènements persans, mon chat ne reçoit plus de coups de fils.

      -         Tu as des nouvelles de Roxanette

      -         Les portables ne passent pas

      -         Je croyais que le téléphone passait partout

      -         Avant les portables, oui, plus maintenant

      -         Malraux n’aurait jamais pu commencer son roman sans l’usage du téléphone. Tu te souviens : ‘Allo - Viva la muerte- salaud"

      -         En ce temps, même en cas de guerre, il n’y avait pas de panne de téléphone.

-         La Perse est un pays moderne

-         Un pays moderne ?

-         Un pays où tout tombe en panne.

-         Y a pas de plombier au gouvernement ?

-         C’est le gouvernement qui crée la panne.

-         C’est plus la peine d’interdire. Il suffit d’empêcher.

-         C’est une démocratie d’avant-garde, la démocratie du tout technique,

-         Même à reporter sans frontière ils ne savent rien

-         Ils attendent qu’on rouvre les relais.

-         Les relais de poste ?

-         Non les relais de portable.

-         On a supprimé les antennes ?

-         On peut dire ça. Les chats essaient d'installer des antennes portables pour portables partout sur les arbres

-         Les écolos ne seront pas contents.

-         Mais les verts le seront.

-         Les verts ?

-         Le vert est la couleur des amis de Roxanette.

-         Que veux-tu, c’est la guerre des ondes qui commence.

-         Comment faire une manif sans appels dans la nuit, sans que ça crépite partout : sms, sms…

-         Les sms c’est pour les dîner blancs

-         Les dîners blancs.?
-         Oui ces rave-partis pour bobo.

-         ça sonne, dit mon chat. C’est pour toi.

-         Allo.

-         Ici Roxanette.

-         Mon chat se précipite.

-         Le téléphone ne répond pas

-         Allo, Allo, tu m’entends, réponds…
C'est pas un coup de fil, ça, c'est un coup de patte
-  Que veux-tu la France aussi, est un pays moderne.

 

                                                                                                              Les photographies sont de Régine Rosenthal
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