Je n’aime pas beaucoup celui que vous appelez le bon La Fontaine. Vous avez vu comme il parle de nous ? Ce n’est que gent scélérate, grippe-fromage, hypocrite, tartuf, patelin, rusé comme un renard et plus malin qu’un
singe, chat fourré, fort et gras, faisant en tout sa chattemite, croqueur d’épices et de plaideurs… Comme si nous n’avions aucune vertu. Il ne nous reconnut à notre juste valeur qu’une fois, le
jour où il voulut changer sa chatte en femme. C’est à la fable XVIII du livre II
La changer en femme, pour quoi faire ?
Voulait-il cocufier tous les chats de la terre ?.
Il aimait une chatte, il n’y a pas mystère
Chattes sachant chatter font chavirer leurs maîtres.
Et pour trouver en elle une épouse accomplie.
(« Il la trouvait mignonne, et belle, et délicate,
Qui miaulait d’un ton fort doux »)
Ce nouveau Pygmalion fit tant dans ses manières,
Qu’à la fin elle plie
. Devenant sur l’instant femme charmante, et belle et tout
Ce que désirait son époux.
De la tenir pour femme il se fit une feste
Il prit sa patte, puis le reste
Dans son lit il la conduisit
Que croyez vous donc qu’il lui fit ?
Il a suffi d’une souris
Pour qu’il en perdit tout le fruit.
C’est La Fontaine qui le dit
« Quelques souris qui rongeaient de la natte
Troublèrent le plaisir des nouveaux mariés
Aussitôt la femme est sur pied :
Elle manque son aventure.
Souris de revenir, femme d’être en posture »
Ce qu’il dit est une imposture
Les chattes sont aux chats ce qu’est femme au mari
Quant à être trompés tous les chats sont maris
Elle a manqué « son aventure »,
Certes, mais l’homme tout autant
Qui croyait vaincre la nature.
Voici ce qu’il advient de changer le destin
et de cocufier mon prochain
Il nous suffit de vos
caresses
Nos chattes ne sont point vos maîtresses
Laissez nous donc à nos amours
Nous vous en aimerons toujours
Mousska, écrivain public
Les photographies sont de Régine Rosenthal