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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 06:27

-         D’où viens-tu ?

-         De l’école

-         Que faisais-tu à l’école ?

-         Je suis allé faire la rentrée du petit.

-         Tu t’intéresses aux petits maintenant ?

-         Elle me l’a demandé

-         Il est beau le petit ?

-         Très beau, il me ressemble

-         Tu ne manques pas d’air. Ne me dis pas que tu y es allé seulement pour lui.

-         Non, je m’intéresse à l’école. J’ai signé la pétition pour qu’on la garde.

-         Tu ne veux pas que le petit prenne le car ?

-         Je veux surtout que l’institutrice reste.

-         C’est bien de vouloir garder les services de proximité.

-         C’est surtout qu’elle est mignonne et que ça nous change des vieilles institutrices à chignon et lorgnons, toutes de noir vêtues

-         Ne me dis pas que tu fais aussi les sorties de maternelle ?

-         Là c’est plutôt pour les mères qui sont jeunes quoique, avec les maternités repoussées, c’est de moins en moins intéressant.

-         Tu es incorrigible.

-         J’en ai profité pour prendre la feuille de route du Ministre

-         Qu’est-ce qu’elle dit la feuille de route ?

-         Je n’ai rien compris mais j’y ai trouvé trois fautes d’orthographe, deux fautes d’accord...

-         Il n’a pas d’instituteur à son service le Ministre ?

-         L’orthographe, tu sais, c’est comme les routes, ça s’entretient et le Ministre, il y a longtemps qu’il est sorti de l’école.





Photographies Jean Nogrady et Régine Rosenthal

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2 septembre 2009 3 02 /09 /septembre /2009 16:49
Tous les chats de Paris sont sur les toits de Paris. Il y a là le chat blanc de la crémière, bas sur pattes, ocré, rond, ronron, la langue épaisse, gourmand de lait et de crémières. Il y a le chat de Madame Durand, ocellé, roué, tout écrit comme un journal, pareil à un petit zèbre de l'air. Et le minet de la bonne, au cinquième, lâche et chaud dans son pelage bleu-blanc-rouge. Sur les toits des Champs-Elysées sont les beaux chats de la bourgeoisie, les grands angoras joufflus, pleins de principes et de lois, la rosette au poitrail, avec leurs moustaches de gendarme et leurs fourrures de chez Paquin. Plus loin, voici les chats du Champ-de -Mars, la queue en trompette, la tête en forme de képi, guerriers d'appartements en service au poste de T.S.F. Et puis les chats du XVè, les chats des petites toitures de fortune, en manches de chemise, en caleçon, lestes, faméliques, poivrots de lune. Et les matous du Bois, silencieux, confortables, épris de fortunes et de bonnes fortunes, les Rolls-Royce des chats. Et les chats de Montmartre et des Batignolles, chats des bistrots et des cours à linge, aigus, inverses, maigres de vices,luisants de coco, la queue à l'envers. Et les chats du Boulevard de la Chapelle, en casquette à carreaux, juchés sur les piles du Métro. Et les chats d'Italie, pauvres chats de misère noire, frères cadets des rats, nourris de miettes et de coups de pieds. Et les chats du Luxembourg, chats étudiants, blanchis sous le harnais, chats sorbonniques, chats parchemin... (à suivre)
Joseph Delteil "Les chats de Paris" Editions Montaigne (Aubier) 1929

Photographie de Régine Rosenthal
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2 septembre 2009 3 02 /09 /septembre /2009 07:05

-         Tes pattes vont bien ?

-         Oui, pourquoi ?

-         Je viens de recevoir un prospectus de réflexologie.

-         De réflexologie ?

-         Oui, d’une personne qui est diplômée en réflexologie plantaire

-         C’est plutôt pointu comme diplôme

-         Il s’agit de la plante des pieds, de tes coussinets, pas de tes griffes

-         Et que dit-elle, ta diplômée ?

-         Que: « le pied est un chef-d’œuvre de mécanisme »

-         C ‘est comme nos pattes, c’est fou ce qu’il y a comme rouages là-dedans.

-         « il est le lien avec la terre et les énergies qui la traversent »

-         Pour nous, c’est vrai, mais pas pour vous

-         Pourquoi pas pour nous ?

-         Parce que vous avez des semelles épaisses, surtout en montagne avec vos brodequins de marche. Si encore vous marchiez à quatre pattes, toute l’énergie remonterait par les bras jusqu’au cerveau. Tu en aurais bien besoin..

-          « Le pied représente notre capacité d’avancer »

-         Heureusement, je ne suis ni serpent, ni ver de terre, ni chat-tronc.

-         « Nous avons une cartographie de tous nos organes sur nos deux pieds »

-         J’ai vu lire les lignes de la main jamais lu les lignes des pieds, encore moins de nos pattes. Ce doit être la dernière thérapie tendance.

-         « Nos organes travaillent les uns avec les autres en corrélation avec le système des méridiens analogues aux réseaux sanguin, nerveux et lymphatiques »

-         Nerveux et lymphatiques à la fois ?

-         Oui, je t’expliquerai

-         Tu as raison, elle doit être cartomancienne : les méridiens, ça la connais. Elle a dû trouver ça en cherchant les signes du zodiaque.Et ça donne quoi, comme résultat ?

-         « En associant le questionnement qu’elle va approprier à ta personne, elle va te faire prendre conscience des émotions que tu as occultées et qui sont la cause d’un déséquilibre énergétique ».

-         Tu crois qu’elle peut m’approprier son questionnement ?

-         Sûrement puisque par là « elle va te faire remonter graduellement de l’expérience présente vers une situation émotionnelle similaire passée »

-         Et ça veut dire quoi ?

-         Que c’est dans la plante des pieds qu’est « la compréhension de la cause de nos souffrances »

-         Et voici pourquoi, dit mon chat, votre fille est muette.

-         J’ai retrouvé le prospectus Il s’adresse « De la tête aux pieds ». Plus aux pieds qu’à la tête d’ailleurs. Elle nous préviens qu’ « on ne peut tout expliquer tant c’est confus »

-         Ça coûte combien, ce machin là ?

-         Attend que je cherche.  Ah !  voici du sérieux, elle a  suivi une formation en psychothérapie… Tiens, j’ai son e-mail et le numéro de son portable mais pas de prix. de consultation. Tu peux toujours l’appeler ou chatter avec elle, si le cœur t’en dit. Je suis sûr qu’elle saura analyser ce charabia.

-         Ce n’est pas la peine. Il y a longtemps que j’ai compris que les pattes,  c’est pas le pied.











Photographies Jean Nogrady

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1 septembre 2009 2 01 /09 /septembre /2009 07:02

Mon chat est revenu hier soir sans crier gare avec cet air félin d’un chat qui a reçu le bon Dieu sans confession, un peu inquiet, tout de même, le regard interrogateur.

-         Alors, lui dis-je, c’est fini cette fugue ?

-         Ce n’était pas une fugue, j’ai simplement passé la nuit auprès d’une petite chatte qui partait le lendemain

-         Encore des amours passagères ?

-         Elle me le demandait en miaulant si gentiment…

-         Que tu n’as pas résisté ?

-         Je ne me suis même pas posé la question de savoir si je le pouvais.

-         Et tu n’as pas pensé à tous ceux qui attendaient ton blog ?

-         Si, bien sûr, j’y ai pensé mais j’ai cru que je pouvais prendre un jour de vacances

-         Un jour de vacances, oui, mais pas faire une fugue de plus d’un jour qui nous a tous inquiété.

-         Arrête de parler de fugue. Pourquoi toujours ce mot

-         J’appelle un chat un chat

-         Mais moi, je suis Mouss’

-         Un chat est un terme générique qui embrasse les individus

-         Les chattes aussi ?

-         Comme si tu avais besoin de demander la permission, hypocrite. Comment crois-tu que tes lecteurs peuvent te pardonner ?

-         Ceux qui connaissent les chats me pardonneront. Les autres…Ils apprendront à savoir ce que c’est qu’un chat.

-         Un être fantasque

-         Mais fidèle

-         Un petit animal qui ne fait que ce qu’il veut

-         Mais qui vient ronronner sur tes genoux ou sur ton lit.

-         Un petit cachottier qui ne dit jamais rien de ce qu’il fait dans la journée

-         Mais qui écoute intensément tout ce que disent les deux pattes.

-         Un chasseur qui fait peur aux souris et aux oiseaux

-         Mais qui fait semblant de préférer tes croquettes.

-         Quelqu’un qu’on attend tous les matins…

-         Tu fais trop d’histoire pour une nuit passé auprès d’une petite chatte que j’ai voulu consoler au moment de son départ.

-         Toutes les chattes se font consoler avant de partir

-         Chez vous aussi ?

-         Tu n’as pas vu toutes nos chattes qui se font embrasser sur les quais de gare avant de prendre le train et qui promettent de revenir l’année suivante.

-         Elle ne m’a rien promis ma petite chatte.

-         Pourquoi ?

-         Ça dépend de ses maîtres dit-elle, et de la crise.

-         Tu crois qu’elle va t’oublier ?

-         Sûrement plus vite que les lecteurs et lectrices de mon blog qui menaçaient déjà d’aller chercher la police pour me ramener au bercail

-         C’est parce qu'on t'aime bien, nous, les deux pattes. Va voir le poème que Kaphileve t'a laissé sur le blog d'hier que j'ai dû tenir tout seul. 

 


Photographies de Jean Nogrady et Régine Rosenthal

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31 août 2009 1 31 /08 /août /2009 06:35
Mon chat a disparu dans le grand brouhaha des départs de vacanciers retournant chez eux. J'ai peur qu'il soit resté enfermé dans quelque maison et j'espère bien le retrouver aujourd'hui - avec le retour des propriétaires ou le nettoyage des loccations - pour qu'il puisse continuer à tenir ce blog.
Son absence hier et aujourd'hui est la preuve évidente que ce blog ne peut exister sans la présence de mon chat.


Photographie de Jean Nogrady
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29 août 2009 6 29 /08 /août /2009 16:37

-         Tu en fais une tête !

-         C’est la petite du bord de l’eau qui ne veut pas me parler

-         Tu ne lui as pas été présenté !

-         Je croyais que les vacances c’était fait pour vous décoincer

-         Les vacances ça renforce plutôt le comportement habituel. Elle est peut-être timide,

-         Elle téléphone tout azimut

-         Le téléphone rapproche les gens

-         Tu crois que c’est à cause de ça qu’elle me tient à l’écart ?

-         Comment veux-tu qu’elle te parle à toi si elle parle à quelqu’un d’autre dans on téléphone ?.C’est impoli d’interrompre quelqu’un qui parle, fût-ce au téléphone.

-         Un jour j’ai vu une femme qui rentrait chez elle, son vélo à la main. Devant son portail il y avait un chien en laisse qui crottait et sa maîtresse qui tenait l’autre bout de la laisse téléphonait. La propriétaire voulait rentrer chez elle, mais la passante ne bougeait pas de devant son portail  Le chien non  plus mais lui, il avait ses raisons.

-         Elle a attendu la fin de la conversation pour rentrer chez elle ? 

-         Elle s’est impatientée et a demandé que la propriétaire du chien enlevât la crotte de devant son portail.

-         Et qu’a dit la téléphoniste ?

-         Elle a pris son air le plus hautain vous tancer l’insolente d’un tonitruant « vous ne voyez donc pas pas que je téléphone »

-         Et qu’en a-t-elle pensé l’autre?

-         Je ne sais pas ce qu’elle a pu en penser mais la téléphoniste n’a pas pu continuer à téléphoner.

-         Pourquoi ?

-         Parce que l’autre a crié si fort que l’intéressée est partie sans nettoyer le portail.

-         Tu vois bien que le téléphone ne rapproche pas les gens !

-         C’est égal depuis qu’il y a de plus en plus de téléphones portables on ne peut plus parler à personne mais on sait tout des gens..

-         Comment saurais-tu tout ?

-         Il suffit d’écouter ce qu’ils disent.
ça ne te change pas beaucoup.





Photographies Jean Nogrady

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28 août 2009 5 28 /08 /août /2009 10:29

-         Je voudrais faire un journal. Où puis-je m’adresser ?

-         Tu as déjà un blog, qu’as-tu besoin d’un journal

-         Une blog ça passe, un journal ça reste, ça se lit.

-         Mais ça mange du papier

-         Oh, tu sais entre le papier sopalin, les serviettes en papier, les assiettes en carton et le rouleau de papier toilette, ça doit valoir tous les journaux et tous les livres de la terre.

-         Et que veux-tu faire d’un journal ?

-         Un libelle.

-         Tu as une dent contre quelqu’un

-         Pas une dent, des dizaines de griffes

-         Et contre qui ?

-         Mon Président.

-         Tu as un président maintenant, un chat-président ?

-         Tu en as bien, toi

-         Et que fais ton président

-         Il préside

-         C’est à dire ?

-         Ilfait comme les tiens : il préside, parade, fais des ronds de jambe, va manger à tous les buffets parle aux personnalités et n’écoute jamais ses administrés.

-         N’est-ce pas la fonction d’un président d’écouter ?

-         Si mais il ne le fait pas.

-         Il veut éviter la chienlit

-         Sois poli. Tu oublies que je suis un chat-lit, un chat qui lit

-         Ton président ne lit jamais ?

-         Non, il dit et ça suffit.

-         Il n’écoute jamais ?

-         Il n’écoute que ceux qui disent comme lui.

-         C’est la fonction d’un président de se ranger à la majorité.

-         Mais c’est lui la majorité.

-         Et les pouvoirs ?

-         Ça s’arrange, quand les gens n’ont aucune envie de se déranger.

-         Pourquoi a-t-il besoin d’une association alors ?

-         Parce qu’il a besoin de sponsors à peu de frais, des administrés silencieux dont il puisse se réclamer sans jamais être contredit.

 

 

Et mon chat, qui n’écoutait déjà plus s’en allait en proclamant

Monsieur le Président, je le dis sans façon

Vous êtes président, vous avez donc raison.

Et ron, ron, petit patapon….

 

Photographies Régine Rosenthal

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27 août 2009 4 27 /08 /août /2009 08:32
Félin pour l'autre :
Oui, par s'endormir dans les bras l'un de l'autre.

La nuit, tous les chats sont gris:
Parle pour toi, les chats ne boivent jamais d'alcool le soir et il n'y a pas de cellules de dégrisement pour chat

Un chat peut bien regarder un Roi.
ça sert à qui, de regarder un Roi?

Quand les chats sont partis, les souris dansent
Si tu ne leur disait pas, comment sauraient-elles qu'on est parti?

Jouer au chat et à la souris
Je joue bien, mais pas la souris

S'entendre comme chien et chat
Mais je m'entends bien avec le chien du voisin c'est vous qui ne vous entendez pas avec votre voisin.

Donner sa langue au chat
Je préfère du mou.

Avoir un chat dans la gorge
ça t'apprendra à vouloir miauler comme nous

On ne réveille pas un chat qui dort
Vaudrait mieux, en effet.

Chat échaudé craint l'eau froide.
Et toi, tu acceptes?

Il n'y a pas un chat
Qu'y a-t-il d'autre alors?

Il n'ya pas de quoi fouetter un chat
Au chat à neuf queues? Sadique!

Les chats c'est comme les frites : une seule ne suffit jamais.
Parles moi de croquettes parce que les frites, même une seule je n'en voudrais pas.


Photographies de Régine Rosenthal
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26 août 2009 3 26 /08 /août /2009 09:21

-         Pourquoi n’y aurait-il pas un paradis pour chats ?

-         Mais si, il doit bien en exister un, quelque part.

-         Ils sont faits comment ?

-         De la même manière que pour nous : des jardins fleuris, de clairs ruisseaux,  une mer tranquille, une maîtresse qui t’aime..

-         Les jardins, je veux bien, la maîtresse aussi, mais les ruisseaux et la mer je te les laisse

-         J’en parle de mémoire parce que je te ferai remarquer que nous avons été chassés du paradis terrestre.

-         Pourquoi avez-vous mangé la pomme ?

-         Si on t’avait interdit de toucher à l’arbre à chat, tu ne serais pas allé faire tes griffes dessus ?

-         Sûrement que si mais nous ne l’avons pas fait.

-         Même pas mangé la souris de la science ? la queue du lézard qui réfléchit au soleil comme le fit Diogène autrefois ?

-         Même pas. Je me contenterais bien d’un arbre, d’une fleur, d’un rayon de lune, d’un fantôme dans la nuit que je suivrais à pas de chats.

-         Tu es trop romantique. Michaux nous dit que notre siècle n’est plus celui du paradis

-         Il a tort, le paradis, c’est partout où tu es bien. Notre siècle dégouline de bonté

-         Je n’aime pas que ça dégouline

-         Tu ne vas pas mettre la bonté au frigidaire au moins ?

-         Non, parce que les rêves des chats, ça fait partie de leur histoire .

-         Ce sont les rêves que tu préfères ?

-         Mes rêves sur les genoux de ma maîtresse.

-         Tu ne les griffe jamais

-         Si mais doucement, avec tendresse.

-         Il n’ya pas un deux pattes qui aurait dit ça quelque part, ou quelque chose d’approchant ?

Je ne sais pas, quand je rêve, je ne m’occupe pas des deux pattes.























Photographies de Jean Nogrady (chat humant au paradis) et de Régine Rosenthal (arbre à chat paradisiaque de la forêt primaire brésilienne)
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25 août 2009 2 25 /08 /août /2009 06:17

-         Tu as de la chance d’habiter une ville de jardins, une vraie ville à chats

-         Je sais bien et j’aime tout dans les jardins, les fleurs, les arbres, l’ombre et le silence.

-         Au fond tu es content de ta vie ?

-         Je le serais tout à fait si le voisin n’avait pas coupé tous les arbres des son jardin.

-         Ne sois pas mauvaise langue, il y a eu la tempête.

-         Mais il a aidé la tempête

-         Comment çà ?

-         En prenant prétexte des arbres cassés ou déracinés pour couper ceux que la tempête n’avait pas touchés

-         C’est criminel.

-         Pourquoi criminel ?

-         Parce que c’est un crime contre les chats. Où vais-je me mettre à l’ombre, où vais-je faire mes griffes, où vais-je m’exercer à grimper aux arbres ? Et puis, pourquoi at-il coupé ce qui restait ?

-         Parce qu’il n’aime pas les arbres.

-         Il est forestier ! Qu’est-ce que tu racontes là ?

-         Il n’aime les arbres qu’en coupes, en volume de bois, en stères monnayables.

-         Il pourrait aimer les arbres autrement, en ombres, en pousses, en bosquets. Les arbres, ce sont les meilleurs architectes de la ville...

-         Tu parles pour toi parce que pour lui, les arbres font des feuilles

-         J’aime bien les feuilles qui craquent sous mes pattes.

-         Pas lui

-         Pourquoi ?

-         Parce que les feuilles recouvrent son gazon, tombent dans sa piscine et assombrissent son salon gênent la construction d’une annexe…

-         Alors, d’après toi, il ne va plus rester que les arbres de la rue. Je les aime bien les platanes de la rue parce qu’ils font une voûte d’arbres dans l’axe de l’église.

-         Tu sais qu’ils veulent les supprimer aussi.

-         Pourquoi ? Ce n’est pas à eux ?

-         Parce que les platanes font des feuilles qui tombent dans leurs jardins ou sur les toits de leurs garages, que les racines soulèvent les murets et font des crocs en jambes aux vieilles dames et qu’en plus ils empêchent de mettre les voitures sur le trottoir.

-         Ils n’ont plus qu’à supprimer les chats tant qu’ils y sont ?

-         Ils y pensent.

-         Pourquoi ?

-         Ils disent que les chats font peur aux rouge-gorges

-         Je ne poursuis que les lézards.

-         Peut-être mais vous laissez les traces de vos pattes sur le blanc immaculé de leurs murets.

Bon, bon ! j’irai m’essuyer les pattes sur leur gazon avant de grimper sur leurs murs.
Photographies JJ Le Fur, Régine Rosenthal, Jean Nogrady.
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