- Pourquoi n’y aurait-il pas un paradis pour chats ?
- Mais si, il doit bien en exister un, quelque part.
- Ils sont faits comment ?
- De la même manière que pour nous : des jardins fleuris, de clairs ruisseaux, une mer tranquille, une maîtresse qui t’aime..
- Les jardins, je veux bien, la maîtresse aussi, mais les ruisseaux et la mer je te les laisse
- J’en parle de mémoire parce que je te ferai remarquer que nous avons été chassés du paradis terrestre.
- Pourquoi avez-vous mangé la pomme ?
- Si on t’avait interdit de toucher à l’arbre à chat, tu ne serais pas allé faire tes griffes dessus ?
- Sûrement que si mais nous ne l’avons pas fait.
- Même pas mangé la souris de la science ? la queue du lézard qui réfléchit au soleil comme le fit Diogène autrefois ?
- Même pas. Je me contenterais bien d’un arbre, d’une fleur, d’un rayon de lune, d’un fantôme dans la nuit que je suivrais à pas de chats.
- Tu es trop romantique. Michaux nous dit que notre siècle n’est plus celui du paradis
- Il a tort, le paradis, c’est partout où tu es bien. Notre siècle dégouline de bonté
- Je n’aime pas que ça dégouline
- Tu ne vas pas mettre la bonté au frigidaire au moins ?
- Non, parce que les rêves des chats, ça fait partie de leur histoire .
- Ce sont les rêves que tu préfères ?
- Mes rêves sur les genoux de ma maîtresse.
- Tu ne les griffe jamais
- Si mais doucement, avec tendresse.
- Il n’ya pas un deux pattes qui aurait dit ça quelque part, ou quelque chose d’approchant ?
Je ne sais pas, quand je rêve, je ne m’occupe pas des deux pattes.