- Tu as de la chance d’habiter une
ville de jardins, une vraie ville à chats
- Je sais bien et j’aime tout dans les jardins, les fleurs, les arbres, l’ombre et le silence.
- Au fond tu es content de ta vie ?
- Je le serais tout à fait si le voisin n’avait pas coupé tous les arbres des son jardin.
- Ne sois pas mauvaise langue, il y a eu la tempête.
- Mais il a aidé la tempête
- Comment çà ?
- En prenant prétexte des arbres cassés ou déracinés pour couper ceux que la tempête n’avait pas touchés
- C’est criminel.
- Pourquoi criminel ?
- Parce que c’est un crime contre les chats. Où vais-je me mettre à l’ombre, où vais-je faire mes griffes, où vais-je m’exercer à grimper aux
arbres ? Et puis, pourquoi at-il coupé ce qui restait ?
- Parce qu’il n’aime pas les arbres.
- Il est forestier ! Qu’est-ce que tu racontes là ?
- Il n’aime les arbres qu’en coupes, en volume de bois, en stères monnayables.
- Il pourrait aimer les arbres autrement, en ombres, en pousses, en bosquets. Les arbres, ce sont les meilleurs architectes de la ville...
- Tu parles pour toi parce que pour lui, les arbres font des feuilles
- J’aime bien les feuilles qui craquent sous mes pattes.
- Pas lui
- Pourquoi ?
- Parce que les feuilles recouvrent son gazon, tombent dans sa piscine et assombrissent son salon gênent la construction d’une annexe…
- Alors, d’après toi, il ne va plus rester que les arbres de la rue. Je les aime bien les platanes de la rue parce qu’ils font une voûte d’arbres dans l’axe de l’église.
- Tu sais qu’ils veulent les supprimer aussi.
- Pourquoi ? Ce n’est pas à eux ?
- Parce que les platanes font des feuilles qui tombent dans leurs jardins ou sur les toits de leurs garages, que les racines soulèvent les murets et font des crocs en jambes aux vieilles dames et qu’en plus ils empêchent de mettre les voitures sur le trottoir.
- Ils n’ont plus qu’à supprimer les chats tant qu’ils y sont ?
- Ils y pensent.
- Pourquoi ?
- Ils disent que les chats font peur aux rouge-gorges
- Je ne poursuis que les lézards.
- Peut-être mais vous laissez les traces de vos pattes sur le blanc immaculé de leurs murets.
Bon, bon ! j’irai m’essuyer les pattes sur leur gazon avant de grimper sur leurs murs.