- Tu as vu, le Ferret est plein de
milliardaires
- Tu m’annonces ça comme s’il était plein de charançons ou de termites.
- La télé l’a dit et les journaux aussi
- Alors s’ils l’on dit, c’est que c’est vrai
- Tu en as vu ?
- Des pêcheurs ont vu descendre des valises au bout d’un câble hélitreuillé.
- Ils ont confondu avec les parachutages de temps de guerre
- Non, je te dis, des milliardaires. Toi qui connaît le Ferret tu as dû en voir
- Non, je ne les vois pas parce qu’ils se cachent
- Tu rigoles, des milliardaires se cacher !
- Peut-être aussi parce qu’ils ne m’intéressent pas.
- C’est pas leur faute s’ils sont milliardaires
- Et tu crois que c’est la mienne si je les snobe ?
- Sûrement : on ne snobe pas quelqu’un qui paraît à la une des journaux à grand tirage et qu'on voit tous les soirs à la télévision
- Et pourquoi pas ?
- Parce que ce sont nos grand hommes. Quels grands hommes aurions-nous si on ne les avait pas ?
- Et si la foule de gogos n’accourait pas quand ils passent, seraient-ils toujours des icônes ?. Ça ne te gênes pas de voir les pauvres lécher les bottes des riches, la gauche lécher les bottes de la droite ?
- Qui te dis que les pauvres sont la gauche ? Par contre je connais quelques-uns de ces milliardaires qui taquinent assez la rose pour qu’on les croie de gauche.
- Tu vois bien que tu en connais.
- Oui mais je ne les fréquente pas du tout.
- Ça ne te dit rien de faire partie de leur intimité ?
- Le torche-cul du Roi était tout fier d’être dans l’intimité du souverain et ça ne l'a jamais empêché d'être le torche-cul..
- Tu es indécrottable. Nous sommes en démocratie, que diable ! ce sont des icônes.
- Parce que la démocratie a besoin d’icônes ?
- Des icônes sacrées par la foule.
- Tu ne crois pas qu’elle a mieux à faire, la foule, et qu’il y aurait moins d’icônes s’il n’y avait pas autant de gogos, adorateurs béats de tout ce qui brille ?
- Oui, mais de quoi rêverait-elle si on ne lui donnait autant d’inepties à voir à la télé, autant de ragots à se repaître dans les journaux, autant de barnum à suivre en spectacles à deux sous dont ils sont les seuls et minables acteurs?
- C’est une question d’éducation.
- Je crains fort que nous ayons loupé, la nôtre.