- Il était une fois un chat très dangereux
- Qu’appelles-tu un chat très dangereux ? Ce n’est pas possible : je nous
connais, tu sais.
- Un violeur en série de ces matous de barrière qu’on attrape de temps en temps
- Qu’en fait-on ?
- On les juge, on les condamne, on les enferme
- Dans un sac qui flotte en Seine?
- Tu lis trop de romans : on finit toujours par les libérer.
- Et que font-ils ?
- La seule chose qu’ils sachent faire : violer et tuer
- Ont-ils besoin de tuer celles qu’ils violent ?
- Oui, c’est une nécessité de la société d’aujourd’hui.
- Libère-t-on toujours ceux qui tuent ?
- Oui, quand ils ont fait leur temps quoiqu’on dise de leur dangerosité..
- Et leurs victimes, on attend qu’elles aient fait leur deuil ?
- Il y a longtemps, qu’on ne pense plus à elles quand arrive le jour du procès.
- Je croyais qu’on faisait toujours une marche blanche quand il y a une mort violente
- Çà aussi, c’est un aspect de la société moderne. On en fait une pour le deuil de ceux
qui n’ont rien à voir avec la victime.
- On me dit que les tueurs découpent leur victime
- C’est pour mieux les sentir présentes et les rendre absentes aux autres. De toute
façon, puisqu’elles sont mortes, autant mettre l’oubli de son côté.
- Et que dit-on des chattes lors du procès ?
- Rien : elles sont absentes
- Absentes ?
- Oui la justice ne s’occupe que des coupables. Les juges ont assez de travail comme
çà, S’ils devaient prendre soin des victimes en plus…
- Songe-t-on à leur avenir ?
- Un peu, pas trop.
- Je veux dire, l’avenir des victimes.
- Les victimes ne font pas partie des soucis de la justice
- C’est vrai. Regardes les journaux, écoutes la radio : a découverte des cadavres
termine l’intérêt qu’on leur porte.
- Et après ?
- On oublie tout. C’est déjà suffisant de s’occuper des assassins.
- Quelle réforme de la justice vois-tu ?
- Placer les victimes au cœur des procès.
- C’est une justice de l’émotion que tu mes chantes là. Ne sais-tu pas que la justice
est impassible ?
- Bien sûr, ce n’est pas d’eux qu’il s’agit.
- Que fais-tu des assassins ?
- Je ne sais pas. Les chat-pitrer, leur faire la leçon pour qu’ils ne recommencent pas.
- Qui ferait çà ?
Les juges de la liberté . Peut-être feraient-ils davantage attention au principe de précaution s’ils devaient s’occuper du
suivi.