- Tu as vu les juges qui reprochent au gouvernement de juger la justice la larme à
l’œil.
- Ils ont répliqué, les juges en grève : la justice ne fait pas dans le sensible. Elle juge.
- Dura lex sed lex.
- Et comment réagissent les victimes ?
- Elles n’ont aucune sensibilité puisqu’elles sont mortes.
- Il paraît que la vie est un risque et qu’on s’occupe trop du violeur de la petite Laetitia.
- On fait trop de bruit autour de tout çà. Chacun sait que la gamine est la victime idéale : que faisait-elle dehors à cette heure ? Pourquoi a-t-elle parlé à cet homme ?
- Je croyais qu’il fallait faire confiance à tout le monde
- Bien sûr, sauf aux gens dangereux.
- À quoi les reconnaît-on ?
- À ce qu’ils ont été condamnés.
- À quoi reconnaît-on les gens qui ont été condamnés ?
- À rien
- Et le principe de précaution, çà sert à quoi ?
- À rien.
- Et les juges, de quoi sont-ils responsables ?
- De rien. C’est le bon côté de l’indépendance judiciaire.
- Pouvaient-ils faire qu’on puisse éviter le drame
- Je n’en sais rien. Peut-être la grève. Comme çà, ils ne jugeront plus personne.
- Et le suivi à quoi sert-il ?
- Tu en as vu quelquefois, du suivi ?
- Je comprends pourquoi Saint Louis jugeait sous un chêne.
- Pourquoi ?
- Il jugeait aux glands. Selon qu’ils tombaient ou non sur la tête des plaignants…
- Et tu appelles çà une bonne justice ?
- Au moins, elle ne faisait pas de victimes : am, stram, gram, pique et pique et colégram…