- Tu sais, Mouss’ combien j’aimerais m’instruire.
- En quoi ?
- En littérature. Je connais déjà les plus grands écrivains français.
- Tu peux les citer ?
- Molière, Cervantès, La Bruyère, Shakespeare…
- C’est bien sauf que, si ce sont les plus grands, ils ne sont pas tous français.
- Ce qui est grand est beau, ce qui est beau est français.
- C’est un bel hommage nationaliste que tu donnes là. Que connais-tu de ces écrivains ?
- Je connais Tartuffe.
- Mais Tartuffe, il n’est pas de notre époque
- Oh que si et que j’en connais des Tartuffe dans tous les milieux et même parmi les chats.
- Qu’est-ce que c’est qu’un chat tartuffe ?
- C’est un chat qui se cache sous des actes patelins.
- On ne dit pas des actes patelins mais des airs patelins.
- Non, leurs airs ne sont que le reflet de leurs actes : yeux clos, pattes jointes et cœur entre les pattes.
- Tu devrais les admirer au lieu de les critiquer
- Mais c’est le cœur des autres qu’ils ont entre leurs pattes, pas le leur.
- Qu’est-ce qu’ils en font ?
- Quand ils l’ont bien égratigné, le vôtre, de cœur, ils le mangent.
- Comment çà ?
- À la sauce barbare et ils s’emparent de tout ce que vous aviez : vos amis, vos relations, vos connaissances, les seins de la servante et jusqu’à votre réputation qu’ils griffonnent avant de la livrer aux gémonies.
- Alors, il faut s’en méfier ?
- Comme de la peste. Le problème, c’est qu’on ne les connaît qu’après, quand ils ont réussi leur coup.
- Comme le gros chat noir du voisin ?
- Pas de nom, je t’en prie. Tiens t’en aux généralités si tu ne veux pas faire l’objet d’une plainte.