- Que fais-tu ici ?
- Je cherche un bout de tissu, du fil et une aiguille.
- Pour quoi faire ?
- Pour coudre
- Personne ne coud plus aujourd’hui. Qui va t’apprendre ?
- La maîtresse : elle coud, brode et tricote tout le temps et je voudrais l’aider.
- Tu l’aimes bien, ta maîtresse
- Oui, surtout quand elle s’occupe de chiffons
- C’est une petite couturière, ta maîtresse ?.
- Non, une grande couturière
- Mais la couture n’est plus à la mode
- Tu parles. C’est un des premiers arts. La couture est venue juste après la chasse, avant la cuisine, avec des aiguilles en os. Ils seraient beaux, tes bons hommes, tout nus, s’il n’y avait plus de couturières. Tu les a vu tourner quand ils ont un bouton à recoudre ?
- Et les bonnes femmes qui ont peur de se piquer les doigts manucurés ?
- Ces idiotes qui se cassent les ongles sur les touches d’un ordinateur ? Pareil ! La couture est un art que les chats devraient reprendre à leur compte.
- Un des premiers arts ou un des arts premiers ?
- Un art premier que l’on mettra un jour au musée ad hoc.
- Et ses détracteurs ?
- Ces idiots sans cervelle qui se croient malins ?
- Oui.
- Nous les coudrons dans leur grosse malice
- À gros points ?
- À gros points.
Photographie Régine Rosenthal