- - Mouss’ achète-moi un couteau.
- Que veux-tu faire d’un couteau ?
- C’est pour aller à l’école.
- Tu n’as pas besoin d’un couteau pour aller à l’école. Demande-moi un stylo, un cahier, une règle, des ciseaux à bouts ronds. Même un compas si tu veux, un compas scolaire sans pointe, mais pas un couteau.
- Ce que tu es vieux jeu. Çà ne sert pas, tout çà, à l’école. C’est comme si tu me parlais d’une gomme ou d’un buvard.
- Et comment le veux-tu ce couteau ?
- Pliable, à cran d’arrêt.
- Pour quoi faire ?
- Pour piquer ceux qui m’embêtent ou qui me rackettent.
- On te rackette ?
- Je ne le dirai pas, ils me tomberaient dessus pour me photographier et ils passeraient l’image sur le net. La honte !
- Parles-en à tes parents, à la police.
- Mes parents, ils ne sauraient pas quoi faire. Quant à la police, tu as vu ce qu’on fait des témoins ? Ils appellent çà des « balances »
- Celles de la justice, sans doute ?
- Non, celles du milieu. Tu y crois, toi, à celles de la justice ?
- Et on t’embête souvent ?
- Tout le monde embête tout le monde.
- Mais l’école c’est l’école du civisme, des bonnes manières, de l’application à l’étude.
- Tu y crois à tout çà ?
- Et tes examens ?
- De toute façon il faut qu’il y ait 80% de reçus, c’est pas la peine de se fatiguer.
- Et s’il n’y a pas 80% de reçus ?
- C’est la preuve que le gouvernement ne sait pas faire son boulot. Je ris rien qu’à la pensée des interpellations à la Chambre !