Avez-vous vu un chat sur de
la braise ?
Lyautey en parle lorsqu’il s’en va en Indochine et qu’il rencontre sur le bateau « un haut colon d’Indochine, épave très honorable d’une famille de Bordeaux et qui traîne une masse gélatineuse couverte de diamants qui, à bord, s’appelle sa femme – un autre colon avec sa femme aussi, qui n’est pas sa femme et sa fille, qui n’est pas sa fille – une aventurière anglaise embarquée à Marseille avec son beau-frère, qui n’est pas son beau frère…- Un capitaine d’Infanterie de marine, M.M. qui va à Pondichéry avec sa femme, pour de bon celle-ci, et la malheureuse à travers toutes ces illégitimités, ne sait plus où parler, où regarder, où marcher ; elle est comme un chat sur de la braise.
- Une chatte sur un toit brûlant ?
- C’est un peu çà.
- Sur de charbons ardents ?
- Tu brûles.
- Un chat sur de la braise, çà ressemblerait alors à une chatte sérieuse ?
- Sans doute.
- Et que dois-je dire aux matous chats-loupants, vieux marlous, quand ils m’invitent à un tango argentin ?
- Tu ne leur parle pas, tu ne les regardes pas et tu fais attention à leur démarche
- À quoi pourrais-je les reconnaître ?
- Écoutes Baudelaire :
« Leurs reins féconds sont pleins d’étincelles magiques
Et des parcelles d’or ainsi qu’un sable fin
Étoilent vaguement leurs prunelles mystiques »
- Un chat braisé, alors ?
Aux yeux de braise.