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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 07:02

Un jour qu'il se prélassait sur un nuage, Dieu fit venir son architecte.

- Ange, mon bel ange, apporte-moi les plans

Bien qu'il fit tous ses efforts pour tenir le plan bien droit à l'horizontale, une goutte d'eau glissa sur le côté et ouvrit les passes.

C'est ainsi qu, dans sa paresse,  Dieu créa le Bassinb d'Arcachon.

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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 06:56

5-copie-1.jpgLes Rois tiennent à leur couronne. « Si je l’enlève, dit le Roi, qui saura que je suis Roi ». C’était la sagesse même et comme le Roi n’a pas voulu s’opposer à l’Assemblée, il est parti.

Il n’avait pas plus tôt quitté l’estey qu’il rencontrait sur la matte de Canterane une vieille femme qui lui demandait du pain. Comme il n’avait pas de pain et plus tout à fait sa tête, il lui a donné sa couronne. La vieille, qui était fée, lui fit honte de ce départ parce que les Rois n’ont pas le droit de quitter leur place. Puisqu’il avait quitté son trône, il n’avait plus qu’à retourner à l’estey de la Mole sans sa couronne ». Tu t’es cru Roi parce que tu avais une couronne, dit-elle, c’est sans couronne que tu redeviendra Roi». Il revint donc à l’estey de la Mole où, sans couronne, personne ne le reconnut. Il devint « l’estrangey » ce qui, dans le pays, inspire toujours un peu de crainte et beaucoup de jalousie.^

 

Peinture de Malrieux

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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 06:43

la pinasseLes Rois, c’est connu, réussissent tout ce qu’ils entreprennent. Quoiqu’ils fassent, ils ont des attitudes de rois, surtout quand ils brandissent la foënne[1] ou lancent l’épervier. C’est pour ça que les peintres sur leurs toiles ne peignent que des Rois ou des Dieux et jamais de marins. Dès qu’il prenait la mer, ce Roi-ci était entouré des plus belles daurades, des plus belles loubines[2] et l’on voyait luire l’ombre des écailles des sirènes qui se pressaient sur son passage. Les marins sont jaloux, c’est connu. C’est même pour entretenir cette jalousie qu’ils se racontent des histoires de pêches plus incroyables les unes que les autres. La chance du Roi finit par en indisposer plus d’un, d’autant plus qu’il leur était étranger et qu’ils croyaient que c’était à cause de sa couronne que tous les poissons du pays désertaient leurs filets pour aller dans le sien. L’Assemblée des marins de la Mole finit par le convoquer : « Nous t’avons accepté, étranger, et voilà qu’au lieu de nous en être reconnaissant, tu nous fais de l’ombre avec ta couronne. Nous te laissons le choix : ou tu l’enlèves, ou tu t’en vas ».^



[1] Sorte de fourche à dents hameçonnées pour attraper le poisson

[2] ou bars

 

Mosaïque de Nicole Chatignol

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 06:15

 

5-copie-1.jpgIl était une fois un Roi qui s’était fait marin à « l’estey de la Mole[1] ». On avait bien connu des marins devenus Rois en des îles lointaines mais des Rois devenus marins, jamais. L’estey était si beau avec son moulin[2] qui battait des ailes au moindre souffle de vent que tout le monde comprit ce caprice de Roi.. Il avait là sa cabane de planches à clins sur un bouquet de « chanques[3] » et son canot amarré à un solide pieux enfoncé de six pieds dans la matte[4]. Il ravaudait ses filets comme pas un et cherchait ses appâts dans la vase comme tout un chacun. Mais il ne quittait jamais sa couronne. C’est à cela qu’on le reconnaissait. Les soldats ont un casque, les landais un béret, les marins un bonnet et les rois une couronne qu’ils n’enlèvent jamais, même pas la nuit. Tous les princes font ça, même les filles de l’Ogre qui gardaient le leur pour dormir. C’est ce qui a permis au petit Poucet de changer ces couronnes contre les bonnets de ses frères et de faire occire les jeunes ogresses par leur ogre de père.



[1] L’estey de la Mole, c’est le chenal qui conduit au dernier des sept ports de Gujan-Mestas, celui qui est tout contre les réservoirs à poison du Teich

[2] le moulin ( ou mole) de Cantarane

[3] les chanques (ou tchanques) sont tout simplement des échasses.

[4] Matte : argile dure , prés salés.

 

Peinture de Malrieux

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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 06:56

Tandis qu’ils approchaient de l’île sans nom un serpent jaillit de l’onde bouillonnante. Il s’est dressé, énorme, a gonflé son cou, ouvert une gueule rouge d’où est sortie une langue fourchue comme la queue du diable avant de tourbillonner comme une trombe au-dessus des eaux de la rivière et de s’abattre d’un coup sur la barque qui disparut avec lui. Même les pêcheurs de pibales pâlirent au récit qu’en firent les rares témoins qui avaient vu de la rive d’en face le phénomène qui n’avait, je vous l’assure, rien de naturel.^

Les gens de la ville, qui sont pleins de certitudes, ont parlé de superstitions. Ils en voient partout et, comme ils n’aiment pas reconnaître leurs erreurs, surtout quand elles leur apparaissaient comme des défaites, ils envoyèrent à l’île une frégate qui rentrait à Bordeaux après avoir fait le tour du monde. Elle disparut corps et biens dans les tourbillons de l’estuaire.

Les pêcheurs de Gironde y virent fort justement la vigilance de la petite princesse qui devint la protectrice de tous les pêcheurs de la Gironde qui sont, de par leurs comportements, de véritables aristocrates. Les derniers habitants de l’île, qui ont peut-être inventé cette histoire, ont disparu comme ont disparu tous les aristocrates de tous les pays du monde depuis qu’il n’y a plus personne pour s’intéresser aux îles, rien que des enfants qui en rêvent la nuit et savent encore en faire, le temps d’une découverte, un royaume pour leurs jeux d’enfance.

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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 06:57

Des siècles et des siècles après l’île portait toujours la marque de la princesse Aurore (presque toutes les princesses se nomment Aurore). Il ne se passait pas un matin sans que brillent des milliers de fils de la Vierge dans les herbes et les joncs du bord de l’eau

7ec1762

, pas un jour sans que la marée vînt porter à l’île le soupir de l’Océan, pas une semaine sans que quelque poisson voyageur ne vienne alimenter les repas des habitants, pas un mois sans qu’on y chante le passé – ce que l’on considère ici comme la meilleure préparation du futur. C’est pour cela que les îles sont différentes de la terre ferme. Il est vrai qu’en ce temps là les gens voyageaient peu – même l’été qui est la saison des travaux : les foins, la moisson, la préparation des vendanges occupaient leurs loisirs.

Un jour vint pourtant où il y eut beaucoup de bruit de l’autre côté du fleuve. Les historiens appellent çà une émeute ou une révolution. Des hommes de la ville ont voulu voir ce qui se passait dans les îles. « C’est des aristocrates disaient-ils, c’est des ci-devant ». C’est comme cela qu’ils les appelaient parce qu’ils ne demandaient rien d’autre que de vivre tranquillement loin des bruits de la ville. Ces  étrangers parlaient beaucoup et parler leur donnait soif d’autant plus qu’étant étrangers ils se réunissaient dans ces auberges où l’on parle haut et fort. Un jour qu’ils avaient bu plus que de raison, ce qui est beaucoup, -en tout cas beaucoup trop -ils ont détaché une barque de pêcheurs pour venir dans l’île. Ils avaient compté sans la petite princesse et son origine étrange.

 

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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 06:46

C'est ce qi arrive à ceux q*ui troquent leurs idées pour une place au Parlement., autant dire leur liberté pour des croqettes OGM.

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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 06:41

 

jardin-d-Eden-copie-1.JPGLes îles sont toutes, plus ou moins, des royaumes. Celle-ci l’était un peu plus qu’une île ordinaire. Les pêcheurs de pibales[1] se signaient quand, d’aventure, ils en approchaient. D’aussi loin qu’on la voyait, on savait qu’on ne l’aborderait pas. Elle était mieux gardée par les joncs de ses larges vasières que par des canons. Aucune estacade, aucun peyrat[2], aucun embarcadère ne subsistait auprès d’elle. Le fleuve l’ourlait d’un rouleau sans défaut et plus d’un marin s’y perdit sans retour. On en trouvait le corps quelques jours après à moitié rongé par les crabes. L’île gardait son mystère et la Gironde son secret.



[1] Petites anguilles appelées civelles ailleurs.

[2] Le pêyrat est une « cale » plan incliné sur l’eau fait de pierres,  où se roulaient autrefois les barriques à embarquer sur les gabares.

 

 

Céramique de Nicole Chatignol

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 06:54

Le sourire des lèvres cache souvent les grimaces du cœur

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 06:46

_0419.jpgÉtrange palais que ce vieux chai[1] branlant de toutes ses planches disjointes qu’il avait élevé au bord de l’eau pour abriter des trésors inconnus sous nos cieux. Un vieil ours empaillé gardait de sa lanterne tenue à bout de pattes tout un bric à brac d’icônes, de samovars et de grandes poupées habillées comme des duchesses. Lui se disait comte russe. Il l’était peut-être et racontait d’étranges et merveilleuses histoires que l’on croyait sans peine. Il est parti avec la jeune femme qui habitait avec lui au moment de la guerre, quand on disparu les montreurs d’ours et les cinémas de plein air qui circulaient encore dans les villages à cette époque. Personne n’a su ce qu’ils étaient devenus. Leur trésor fut pillé comme tout trésor abandonné. Personne n’a plus habité l’île qu’on a longtemps appelée l’île sans nom mais il s’est longtemps levé de ces terres d’étranges parfums d’encens comme ceux qu’on respire aux royaumes d’Orient.^



[1] il s’agit d’un chai en bois, sorte de resserre très différent des chais en ierre des vignerons.

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