Étrange palais que ce vieux chai[1]
branlant de toutes ses planches disjointes qu’il avait élevé au bord de l’eau pour abriter des trésors inconnus sous nos cieux. Un vieil ours empaillé gardait de sa lanterne tenue à bout de
pattes tout un bric à brac d’icônes, de samovars et de grandes poupées habillées comme des duchesses. Lui se disait comte russe. Il l’était peut-être et racontait d’étranges et merveilleuses
histoires que l’on croyait sans peine. Il est parti avec la jeune femme qui habitait avec lui au moment de la guerre, quand on disparu les montreurs d’ours et les cinémas de plein air qui
circulaient encore dans les villages à cette époque. Personne n’a su ce qu’ils étaient devenus. Leur trésor fut pillé comme tout trésor abandonné. Personne n’a plus habité l’île qu’on a longtemps
appelée l’île sans nom mais il s’est longtemps levé de ces terres d’étranges parfums d’encens comme ceux qu’on respire aux royaumes d’Orient.^