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22 octobre 2009 4 22 /10 /octobre /2009 07:06

      -         Sylvie Brunel, tu sais, la femme de Besson, elle a fait un livre

      -         Un livre de géographie ?

      -         Non un livre sur les femmes abandonnées 
-         Elle est de gauche ?

      -         Tout le monde est de gauche

      -         Sauf ceux qui sont à droite

-         Qu’est-ce que c’est un homme de droite ?

      -         Un homme qui ne dit rien mais n’en pense pas moins

      -         Et un homme de gauche ?

      -         Un homme qui se dit de gauche même si son comportement est d’un homme de droite

-         Qu’est-ce qu’un comportement de droite ?

-         C’est un comportement honni par la gauche

-         Et un comportement d’homme de gauche ?

-         Un comportement stigmatisé par un homme de droite.

-         C’est différent ?

-         Pas tellement. Ça dépend des hommes.

-         S’ils ont des sous, c’est qu’ils sont de droite ?

-         Pas toujours. Je connais des pauvres de droite

-         Et des riches de gauche ?

-         On a même inventé le terme gauche caviar pour eux

-         Parce qu’ils mangent du caviar ?

-         Pas toujours mais ils dirigent France-caviar.

-         La gauche, c’est le partage

-         Ils partagent le caviar ?

-         Non ils partagent les ressources.

-         Comme saint Martin ?

-         Non, ils ne vont quand même pas jusqu’à partager leur manteau. Les pauvres, d’ailleurs, ils n’en voudraient pas.

-         Et la droite, c’est quoi ?

-         C’est la charité.

-         Depuis le temps qu’on fait la charité aux portes des églises on n’a pas supprimé la misère

-         C’est que tendre la main, çà peut être un métier

-         En temps de chômage, probablement.

-         Qu’est-ce qu’elle dit, Madame Brunel ?

-         Qu’une femme de cinquante ans est souvent abandonnée par son mari.

-         Un jeune mari ?

-         Un mari de cinquante ans.

-         Tu te souviens de tes copains à la fac ?

-         Oui mais c’était pour leur carrière

-         Leurs femmes faisaient bouillir la marmite pendant qu’ils étudiaient et quand ils sont devenus assistants, des étudiantes leur ont fait les yeux doux

-         C’est utile pour les examens et un bon restaurant, çà vaut mieux qu’un resto-U

-         Après tout, elles ne portent préjudice qu’aux femmes.
- Et çà, ce n’est ni de droite, ni de gauche.


Photographies de Paul-Yvan Béna et Jean Nogrady 

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21 octobre 2009 3 21 /10 /octobre /2009 06:28

-              La preuve, qu’est-ce que c’est ?

      -         Ce qui démontre infailliblement qu’on a raison.

      -         Tu en as des exemples ?

      -         Oui : quand tu mets une femme au feu, si elle ne brûle pas, c’est qu’elle est sorcière

      -         Et si elle brûle ?

      -         C’était une honnête femme

      -         Et le jugement de Dieu, qu’est-ce que c’est ?

      -        Si tu mets un fer rouge sur la main du supposé coupable la main doit rester intacte

-         Et s’il a une marque ?

-         C’est qu’il est coupable. On n’a même plus besoin de le soigner puisqu’il est coupable.

-         Si les souris meurent quand on leur ingurgite des huîtres, c’est que les souris sont coupables et que les huîtres doivent être interdites aux hommes…

-         Parce que les hommes  sont des souris ?

-         On a déjà vu çà dans un conte de Perrault.

-         Au fond, la preuve, c’est ce qui confirme ce qu’on veut affirmer.

-         On n’a jamais hésité face à la preuve ?

-         On recherche d’abord la preuve absolue, la preuve par neuf, la preuve par l’aveu.

-         Une preuve par l’épreuve

-         Que veux-tu dire par là ?

-         La baignoire, la gégène, …C’était efficace, çà

-         Parce qu’il faut que la preuve soit efficace ?

-         Que veux-tu qu’elle soit ?

-         Toujours vraie, infaillible. C’est difficile depuis que le cachet de la lettre ne fait plus foi…

-         Mais si mais si, elle fait toujours foi.

-         À condition qu’il y ait un cachet avec la date et le lieu de départ. Je n’en vois plus nulle part aujourd’hui.

-         Que veux-tu prouver ?

-         Que tout le monde s’en fout, de la preuve. Surtout depuis qu’un yaourt prétend avoir des qualités « scientifiquement » prouvées.

-         C’est que c’est sérieux l’infaillibilité alimentaire.

-         Mais si elles ne sont pas détaillées les preuves « scientifiques »( ?), ne sont pas crédibles..

-         À trop vouloir prouver on s’embrouille les pattes.

-         C’est ce qui est arrivé à Outreau.

 Photographies de Jean Nogrady

 

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20 octobre 2009 2 20 /10 /octobre /2009 06:53

-         Tu as vu ton journal ? On parle d’un présumé innocent

-         Ce n’est pas nouveau, çà

-         C’est justement ce qui me chagrine.

-         Qu’est-ce qui te chagrines ?

-         Pourquoi ajoute-t-on présumé s’il est innocent ?

-         Ça veut dire qu’on ne le croit pas innocent mais qu’on hésite à le dire.

-         Pourquoi ne pas dire présumé coupable ?

-         Parce que tout le monde le croirait coupable et qu’on hésite à sévir.

-         Un présumé innocent c’est un présumé coupable ?

-         C’est plus subtil que çà

-         Le principe de précaution c’est bien qu’un innocent ne soit pas déclaré coupable.

-         Présumé ou pas, ce n’est qu’une façon de dire

-         Oui mais pas une façon de comprendre. Si quelqu’un n’est pas déclaré coupable, c’est qu’il est innocent

-         En principe mais comme on ne peut pas enfermer un innocent…

-         Mais on peut enfermer un présumé innocent.

-         Tout à fait.

-         On le dit présumé coupable

-         Non, présumé innocent

-         C’est pareil puisqu’ il est déjà coupable aux yeux de la presse.

-         Et aux yeux de ses voisins, des ragots du village.

-         J’ai déjà vu çà quelque part dans Figaro.

-         Le grand air de la calomnie ?

-         Exactement.

-         Tu veux dire que la justice est mère de la calomnie ?.

-         C’est un peu çà. Du moins elle y prédispose.

-         C’est pour çà qu’elle a les yeux bandés.

-         Tu pourrais peser quelque chose, toi, les yeux bandés ?

-         Non, bien sûr mais ce serait plus simple s’il n’y avait que des innocents et des coupables

-         C’est bien ce qui arrive à la fin.

-         La fin de quoi ?

-         La fin du procès.

-         Qu’arrive-t-il si un présumé innocent est reconnu coupable ?

-         On en fait la Une du quotidien

-         Et s’il est reconnu tout à fait innocent?

-         On ne dit rien

-         Mais c’est dégueulasse. Tout le monde le croira coupable alors qu’il est innocent.

-         Innocent à demi.

-         Çà existe, çà, innocent à demi ? Espèce de jésuite.

-         Souviens toi des proverbes : il n’y a pas de fumée sans feu, tel père tel fils, sui vole un œuf vole un bœuf... Quand la race ne s’en mêle pas, encore, çà peut passer.

-         Mais c’est de la médisance !

-         Pas aux yeux de la justice souveraine et glaciale.

-         Pourquoi ne fait-on pas la une des journaux en reconnaissant l’innocence d’une personne injustement bafouée ?

-         Si tu crois qu’on reconnaît facilement une erreur, toi !

-         J’espère qu’on donne un diplôme d’honneur de reconnu innocent, qu’on l’affiche sur la porte de son logement, qu’on fait battre le tambour de ville pour l’annoncer à la cantonnade...

-         Quelquefois on donne de l’argent

-         Parce que l’honneur, çà se vend à la sauvette chez vous ? Présumé  çà ne veut dire « sûrement » ?

-         Où vas-tu chercher çà, toi ?

-         En Afrique. Quand Stanley a rencontré Livingstone – le seul blanc à s’y balader à l’époque, tu sais ce qu’il lui a dit ?

-         « Livingstone, I presume, »

-         Tu vois, il en était sûr

-         Oui mais çà c’est de l’anglais.

-         Comment veux-tu qu’on dise alors ?

-         J’appelle un chat un chat, et un innocent pour moi, ce n’est pas un présumé.

 

 Photographies de Vincent Gaillères

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19 octobre 2009 1 19 /10 /octobre /2009 07:17

      -         Il y a longtemps que tu es girondin? me dit un jour mon chat à brûle-pourpoint

      -         Depuis la nuit des temps

      -         C’était quand, çà ?

      -         L’époque avant l’ordinateur.

      -         Tu as trouvé çà sur internet ?

      -         Non puisqu’il n’y avait pas d’ordinateur pour le relever.

      -         Tu fais de la généalogie alors ?

      -         Je n’aime pas çà

      -         Pourquoi ? Tu as peur de te trouver un ancêtre ci-devant raccourci ?

-         J’ai surtout peur que si je me trouvais un ancêtre ci-devant, mon ego en gonflerait de façon démesurée

-         Déjà qu’i l n’est pas mal exagéré.

-         Allons rassures-toi j’ai derrière moi trois mille ans de roture sans mésalliance

-         Comment le sais-tu ?

-         De bouche à oreilles : de mon père à mon grand père, mon arrière grand-père et ainsi tout au long de la chaîne de galère

-         Parce que tes ancêtres étaient galériens ?

-         Façon de penser et de vivre

-         Girondins depuis si longtemps et n’avoir jamais rien dit de Gironde

-         Et pour quoi comptes-tu mon histoire de la Gironde, mon enfance girondine, Arcachon au temps de Napoléon III, mes contes de la mer de la lande et du vent, mon Dictionnaire de la lande, Notre-Dame des Passes etc.

-         C’est toi, tout çà ? Et rien sur internet ?

-         Si, si tu veux des nouvelles de la vie culturelle et des images du Bassin d’Arcachon, tu fais http://www.academiedubassindarcachon.blogspot.com. Tu verras, c’est moi qui le tiens.

  
-
         Tu n’en as pas marre quelquefois ?

      -         C’est pour çà que je parle de mon voyage en Corse : le pays le plus proche où l’on puisse se dépayser à bon compte.

      -         À coups de bombes ?

      -         Çà, c’est Lady Marianne qui le dit

      -         Et la Gironde, alors ?

      -         Je compte sur toi et tes contes girondins

      -         Tu veux me faire travailler ?

      -         Travailler ? Je sais que tu brûles d’en raconter. Tu prends l’ordinateur pour le prochaine nouvelle

       - Ces deux pattes, ils sont incroyables !




Photographies de Vincent Gaillères
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18 octobre 2009 7 18 /10 /octobre /2009 11:02

-         Pourquoi ne m’as-tu pas raconté le tour complet du Cap l’autre jour ?

-         Parce que je voulais t’inviter à manger une langouste à Centuri.

-         Vous ne pensez qu’à manger quand vous êtes en Corse ? Jambon, langouste, figatellu, bruccio, fromages, et j’en passe… Il n’y a rien d’autre à voir à Centuri ?

-         Si un gentil petit port et des maisons serrées aux toits de lauze verte.

-         Des toits verts et des langoustes rouges.

-         Les langoustes ne sont rouges que lorsqu’elles sont cuites.

-         Comme les crevettes ?

-         Oui.

-         J’adore les crevettes décortiquées. Après çà, où m’amènes-tu ?

-         Au moulin Mattéi. Il faut marcher un peu, çà te fera digérer

-         Digérer quoi ? Tu ne me les as pas donnée ces langoustes. Tes promesses, tu ne crois pas que ce sont des promesses de gascons.

-         Je tiens toujours mes promesses.

-         Qu’est-ce qu’il a de particulier ce moulin ?

-         Il porte en gros le nom de son propriétaire

-         C’est très impérial, çà

-         Il se prénomme d’ailleurs Napoléon.

-         Pourquoi il a mis son nom ? Il avait peur qu’on le lui fasse sauter ?

-         Non, il avait peur de ne pas assez vendre d’apéritif

-         Quel apéritif ?

-         Du Cap Corse Mattéi

-         On le voyait de loin ?

-         Pas trop mais les bateau ne passaient pas loin.

-         On aurait pu mettre d’autres moulin

-         On a mis plein d’éoliennes

-         Ils portent le nom du propriétaire ?

-         Ils n’osent pas et pourtant ce sont des moulins modernes. Ils sont comme des moulins d’enfants.

-         On va en mettre sur la dune du Pilat alors, et sur le banc d’Arguin.

-         Je ne crois pas qu’on aimerait çà

-         Mais puisqu’on en met tout plein sur le Cap Corse.

-         Oui mais le Cap Corse, c’est là-bas, la dune du Pilat, c’est chez nous et les touristes veulent la voir nue.

-         Parce qu’il n’y a pas de touristes au Cap Corse ?

-         Si mais là où on les a mises, c’est un bout du monde

-         Comme le dune du Pilat.

-         La dune du Pilat, c’est un but pour tout le monde et pas un bout du monde.

-         Mais les bateaux, ils les voient, tes éoliennes.

-         Non, parce que , de nos jours, ils naviguent la nuit et qu’ils passent au large.

-         Je comprends. Les Corses, qui sont écolos veulent de l’électricité et ils s’en donnent les moyens sans protester. Ils sont logiques au moins. C’est pas comme chez nous

-         Arrête de me provoquer. Je vais t’amener à Erbalunga

-         C’est quoi, çà ?

-         Un village de touristes : une presqu’île, une tour gênoise, des maisons serrées autour d’une rade fermée par une digue de pierres vertes.

-         Et des marins

-         Surtout des peintres.

-         Parce qu’on fait des peintures en Corse ?

-         Bien sûr puisqu’il y a plus de maisons de peintres qu’il y a de maisons de marins . Mais là je crois que tu te fous de moi.




Photographies de Paul-Yvan Béna

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15 octobre 2009 4 15 /10 /octobre /2009 10:30

-         Tu veux un autre conte ?

-         Non, cette fois-ci, c’est à moi à te parler de mon voyage

-         Si tu veux mais tu n’échapperas pas à mon recueil de contes

-         Parce que tu en as fait un recueil ?

-         Tu n’étais pas là, je n’allai pas rester à ne rien faire.

-         Aujourd’hui je vais te parler du Cap

-         Je connais déjà le Cap Ferret

-         Ce n’est pas pareil parce que le Cap Corse tu le prends d’un seul côté, de Saint Florent à Bastia

-         Et vice-versa

-         Non, pas versa, parce que dans l’autre sens tu risque de « verser » à la mer que la route suit tout au long ou presque.

-         Tandis que de l’autre côté ?

-         Tu as les rochers pour glissières.

-         Alors, à Saint Florent ?

-         C’est la mer, c’est le port, c’est le vin de Patrimonio.

-         Çà commence bien. Pour souffler dans le ballon…

-         Tu n’es pas obligé d’en boire

-         Çà sert à quoi alors d’en voir si tu ne peux pas en boire ?

-         À t’imbiber du paysage

-         J’aurais préféré m’imbiber de vin. Ça doit aider pour les tournants.

-         Je t’avertis que la route n’est pas facile Je ne vais pas tout te raconter, ni les tours gênoises, ni les marines…

-         C’est un pays de marins ?

-         Le pays marin de la Corse, excepté pour Sénèque

-         Que vient faire Sénèque ici ?

-         Il y fut exilé en plein cœur du Cap.

-         Où çà

-         Dans la tour de Sénèque

-         Elle s’appelait déjà comme çà ?

-         Non, bien sûr

-         Alors si c’est lui qui lui a donné le nom, il a dû aimer le pays ?

-         Il n’aimait pas du tout la Corse ni sa tour qu’il n’a pas connue parce qu’elle n’a été construite qu’au début du Moyen-Age.

-         Les cap-corsins non plus ne devaient pas aimer le pays puisqu’ils sont partis en Amérique du Sud.

-         Mais ils sont revenus construire tout autour de Pino des tombeaux beaux comme des palais.

-         Ils étaient riches ?

-         Très riches.

-         Il y a donc des riches en Corse ?

-         Ceux qui ont fait fortune ailleurs

-         A quoi ça sert d’élever des tombeaux comme des palais ?

-         A dormir en paix

-         Parce qu’on ne fait pas sauter les tombeaux ?

-         Toi, je vois que tu lis trop la presse continentale. Tu auras la suite demain.

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12 octobre 2009 1 12 /10 /octobre /2009 15:29

-         Tu as vu les bandits de pierre ? dit mon chat qui en sait toujours plus que ce qu’il veut dire

-         Pas des bandits, des guerriers. Les menhirs de Filitosa, géants à forme humaine au stylet bien plaqué sur le baudrier sont des témoins préhistoriques.

-         Que gardent-ils ?

-         Un tertre où sont de vieux oliviers dans un maquis troué de blocs de granite.

-         Tu ne vas pas me dire qu’ils attendent l’ennemi ?

-         Il y a auprès d’eux les restes d’anciennes fortifications. Nous sommes là dans la Coirse préhistorique comme Cuccurazzu à Lévie.

-         Des guerriers de pierre, des forteresses, tout ça pour des bergers ?

-         Mais quels bergers ! Des bergers antiques sur des îles tragiques..

-         Que faisaient-ils si près de l’eau ?

-         Ils gardaient l’île et leurs pâturages.

-         Contre l’engourdissement de l’hiver ?

-         Contre les envahisseurs et les pirates. Un troupeau, c’est beaucoup et la vie, c’est tout. L’île était isolée. Il n’y avait que les bergers pour se défendre.

-         Se défendre de qui, des pirates ?

-         Il y en a toujours eu et ils venaient de la mer. N’oublie pas les tours gênoises.

-         Ces forteresses près du rivage, c’est des châteaux forts ?

-         Plutôt des tours de guet.

-         Avec des guerriers de pierre ?

-         Non des guerriers de chair, d’os et de souffle qui lançaient fort et loin l’appel du colombu.

-         Pour faire peur aux assaillants ?

-         Non pour avertir les habitants d’avoir à fuir ou se garder dans leurs maisons fortes..

-         Et qui étaient ces pirates ? des Somaliens ?

-         Non des Barbaresques.

-         Ils venaient piller l’île ?

-         Disons qu’ils se payaient en habitants qu’ils amenaient loin de chez eux

-         C’est çà la diaspora ?

-         Non, la diaspora, c’est des volontaires, pas des prisonniers.

-         Et ils en faisaient quoi des habitants, les Barbaresques?

-         Des esclaves, des filles de harem, des princesses parfois, comme Davia au Maroc

-         Ça leur rapportait tellement ?

-         Surtout quant on les rachetait.

-         C’est comme les Somaliens alors ?

-         Un peu.

-         Heureusement que personne ne vient plus de la mer aujourd’hui pour obliger les Corses à se réfugier dans la montagne

-         Si, les touristes, mais les Corses ne fuient pas toujours leur venue, et c’est dommage.

-         Dis, tu crois que les guerriers de pierre de Filitosa sont les ancêtres des bergers ?

-         Pourquoi me dis-tu çà ?

-         Parce que ça expliquerait qu’ils aient le goût des armes et qu’ils n’aiment pas trop les envahisseurs.

 

 Photographies de Jean Nogrady

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11 octobre 2009 7 11 /10 /octobre /2009 07:49

-         Alors, ces trous de Spérone, les plus beaux du monde, comme tu dis ?

-         Tu veux vraiment que je t’en parle ?

-         Depuis le temps que tu me serines avec ça

-         Ce sont les plus chers du monde

-         Tu payes, toi, pour des trous de souris

-         Ce ne sont pas des trous de souris, ce sont des trous de golf.

-         Pourquoi sont-ils si chers

-         Parce qu’ils sont sur la plus belle pelouse dans le pus beau lieu.

-         Il y a de l’eau en Corse pour la pelouse ?

-         La terre est sèche à Bonifacio. Les promoteurs prennent l’eau à ceux qui pourraient en avoir besoin en cas de sècheresse aggravée

-         Et ils la font payer ?

-         Ils font payer la vue qui appartenait aux habitants. Pourquoi faut-ils qu’on mette si cher pour s’amuser et si peu pour des besoins primordiaux ?

-         Parce que c’est la mode.

-         Il y a la mer dessous et les îles au loin

-         Quelles îles ?

-         Cavallo et Lipazzu, l’île aux millionnaires et l’île aux naufragés

-         Les millionnaires sont des naufragés ?

-         Non et les naufragés n’étaient pas millionnaires

-         Les millionnaires corses ont pris la plus belle des deux île pour construire leurs résidences secondaires ?

-         Ce ne sont pas des Corses qui l’habitent mais la jet set italienne et les pipoles du continent. Ils pompent l’eau et l’électricité des Bonifaciens.

-         Ils ont vraiment pris la plus belle des îles ?

-         Pas du tout, les îles Lavezzi sont aussi belles mais elles sont interdites de construction et même de débarquement, mise à part Livezzu, tandis que Cavallo est interdite de débarquement pour cause d’enfermement de milliardaires.

-         Comme un coffre-fort

-         C’est un peu ça. Il nous manque la combinaison qui livre l’accès à l’île.

-         C’est de la provocation. Raconte moi ça

-         Demain. Aujourd’hui je me contenterai de Spérone et de Bonifacio.

-         Il y a de l’argile dessous pour garder l’eau de la pelouse?

-         Penses-tu, c’est une falaise calcaire trouée comme un fromage de gruyère

-         Encore une histoire de rats

-         Mais les plus beaux trous du monde au pied de la falaise où l’on entre en bateau, où il y a des trouées de ciel bleu qui ont la forme de la Corse…

-         Qu’est-ce qu’il y a au-dessus ?

-         La ville de Bonifacio

-         Et tu crois que la ville ne va pas crouler avec tous ces trous en dessous comme des trous de mines ?

-         Paris est bien construit sur des carrières.

-         C’est une tragique histoire que tu nous racontes là.

-         Les contes sont faits pour exprimer l’inexprimable. Impossible ici, de suggérer la fausse piste qui libère le rêve en buttant sur la raison. C’est la réalité elle-même qui est déraisonnable.

-         N’empêche que c’est beau.

-         Tant qu’on peut voir encore ce qui fut si longtemps l’unique richesse accessible à tous.

-         Comme le littoral ?

-         Çà c’est autre chose. Je t’en parlerai un de ces jours.






Photographies de Régine Rosenthal

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10 octobre 2009 6 10 /10 /octobre /2009 07:37

-         Tu sais qu’en Corse jai vu les plus beaux trous du monde

-         Où çà

-         À Sperone

-         Et moi j’ai vu la plus étrange église du monde

-         Où çà

-         À Lugos.

-         Allons, raconte-moi l’église, je te raconterai mes trous après.

 

« Il y a près de chez nous, tout au bout d’un de ces vieux chemins de la lande qui ne vont nulle part une très vieille chapelle debout comme une prière loin du monde et du bruit. Elle se trouvait autrefois sur la route des pèlerins qui s’en allaient, coquille au chapeau, bâton au poing, prier Monsieur Saint Jacques à Compostelle.

Ce n’était pas n’importe quelle chapelle puisqu’elle ouvrait sur les chemins de la lande qui sont, comme chacun sait, tellement effrayant pour les gens qui viennent du nord.

Quand le village de Lugos a déserté les bords de l’Eyre, abandonnant l’église dont ils attendaient peut-être la rédemption ce fut comme si les habitants avaient fui un cataclysme. Tout ce qu’on sait, c’est qu’un beau jour les fées de la rivière ont isolé la nef, en l’entourant d’un marais avant de tirer sur elle un double rideau de brumes et de moustiques . C’est alors que les habitants sont partis, exactement comme pour la Belle au bois dormant.

Le privilège des conteurs est de pouvoir dire n’importe quoi mais il ne faut pas qu’ils en abusent. Je me contenterai ici de rapporter les faits.

La Belle au bois dormant a dormi cent ans mais les années de la lande sont interminables comme la pluie quand elle y tombe. Une fée, dit-on, y avait retenu le plus beau pèlerin qui ait jamais traversé la lande, ses marais et ses moustiques.

Le miracle fût que, se tenant par la main, un des ces jours où le soleil danse sur le sable blanc par-dessus les bruyères, deux enfants s’aventurèrent dans un taillis jusqu’en ses abords. Une fée sans doute, prise de remords après la disparition de son beau prisonnier, avait dû les guider en ces lieux : ils n’avaient pas une égratignure sur les  mains.

-         « Une chaumière », dit Juliette !

-         « Un château », dit son Roméo plus proche de Robin des Bous que d’un amoureux transi, « avec plein de lianes pour monter à l’assaut » !

-         « Avec une vraie armée dedans » dit le garçon quand il vit s’animer les fresques.

 

Juliette et son compagnon auraient voulu garder pour eux ce cadeau des fées de la Leyre mais, quand la forêt s’est ouverte une fois, elle ne se referme jamais plus. Des visiteurs sont venus. L’église s’est ébrouée ; elle ne s’est jamais tout à fait réveillée. »

 

-         C’est comme ce garçon qui a découvert les grottes de Lascaux dis-je à mon chat pour montrer que, moi aussi, j’avais quelques soucis du patrimoine.

 

-         Un peu.

 

-         C’est tout ce que tu as à me raconter ? J’aurais pu te parler des trous et des îles Lavezzi où sont des mystères plus grands que les tiens.

 

-         Ne raconte pas d’histoires, on verra demain.

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6 octobre 2009 2 06 /10 /octobre /2009 07:08

-         Les voyages en Corse, ça ressemble à quoi ?

      -         À tous les voyages. D’abord il y a de grands bateaux tout plats. Ils ne fendent pas l’eau, ils repassent les plis de la mer comme de vulgaires fers à repasser.

      -         Épargne-moi les voyages sur l’eau. Rien que d’y penser, j’en ai le mal de mer.

      -         Flaubert aussi l’a eu, en allant en Corse.

      -         Parle-moi de la route

      -         Il y a des tournants, beaucoup de tournants.

      -         Ils sont signalés ?

      -         Rarement, mais on finit par compenser, un coup à droite, un coup à gauche.

-         Et si on loupe un virage ?

-         Ça dépend, on va sur la roche ou on tombe dans le ravin.

-         Il y a des ponts sur les ravins

-         Beaucoup : des étroits, des génois, des viaducs…

-         On m ‘a dit qu’il y a des ponts magnifiques

-         Mais il n’y a pas toujours d’eau

-         C’est des ponts pourquoi alors ?

-         Pour le cas d’inondations : l’eau passe dessous.

-         C’est pas drôle. Parle-moi des villes.

-         Je suis allé à Bonifacio

-         Et tu as vu quoi ?

-         Des escaliers de pierre qui montent d’un trait jusqu’en haut, tout droit.

-         J’aime bien grimper, moi

-         Oui mais les escaliers de Corse, s’ils ont bien des marches comme les autres n’en ont pas deux de la même hauteur.

-         Et si on veut aller au second ?

-         On redescend

-         Et si on a de la peine à monter ?

-         On le fait une fois et l’on reste en haut.

-         Tu veux me dire qu’on ne livre ni fourneau, ni machine à laver, ni cercueil ?

-         Si par les fenêtres. Sauf pour les cercueils parce que les vieux, on les hélitreuille pour les conduire à l’hôpital.

-         Que me racontes-tu là ? C’est horrible. J’ai vu hélitreuiller un chat, j’ai eu des cauchemars pendant quinze jours. Et les vieux, qu’est-ce qu’ils font quand ils sont là-haut ?

-         Ils regardent la mer.

-         Ils en ont de la chance 

-         Pourquoi dis-tu çà ?

-         Parce que les Arcachonnais veulent tous voir la mer, mais ils n’ont pas de cimetière marin.




Photographis Jacques Stiefbold et Paul Yvan Béna

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