Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 août 2009 7 16 /08 /août /2009 06:57

 

-         Ton neveu a passé son bac ?

-         Oui

-         Un bac pro ou un bac universitaire ?

-         Quelles différences fais-tu ?

-         Le bac pro te promet un travail rapide dans la vie active

-         Et le bac universitaire. ?

-         Il ne te permets que d’entrer à l’Université.

-         Autant dire rien

-         Ce n’est pas toujours nul mais c’est ce qu’on dit pour en écarter les bons élèves et leurs parents inquiets d’un avenir qu’on s’ingénie à leur peindre incertain.

-         Le bac universitaire serait-il redevenu un bac de classe ?

-         Si tu veux. Autrefois 10%  des fils d’ouvriers passaient un bac universitaire.. Il y en aura moins d’1% maintenant.

-         Pourquoi ?

-         A cause des aléas des études : le temps perdu, la longueur du cursus universitaire, le passage recommandé par les classes préparatoires, l’angoisse des concours…

-         Heureusement que les études sont gratuites

-         Excepté dans les classes préparatoires aux études commerciales et parfois les grandes écoles.

-         Qu’y apprend-on de plus ?

-         Les codes

-         Pour entrer dans les maisons ?

-         Non :  ceux-là, tout le monde en a noté dans ses carnets : code de porte, numéro de carte bancaire, de sécurité sociale, code secret d’ordinateur… Plus il y a de ces codes-là, et moins on connaît les autres.

-         C’est peut-être parce qu’on ne connaît pas les autres qu’on a multiplié ceux-là.

-         Quels autres ?

-         Les codes de bonne compagnie :  savoir saluer, se présenter, se tenir à table, composer une lettre ou un CV,  rédiger une adresse, dominer ses impulsions, etc.

-         Ça sert à quoi ?

-         A ne pas rester dehors, à ne pas casser les pots.

-         Et si on manifeste ouvertement qu’on ne les connaît pas.

-         Tout se met au rouge immédiatement et ça sonne, ça sonne…

-         Ça sonne quoi ?

-         L’hallali.

 

Photographies Jean Nogrady

Partager cet article
Repost0
15 août 2009 6 15 /08 /août /2009 07:12

-         Dis-moi, pourquoi les jeunes sont-ils toujours à l’ordinateur et jamais devant un livre ?

-         Parce que l’ordinateur, ce n’est pas un livre, c’est moderne et pas fatigant.

-         Pas fatigant, c’est toi qui le dit.

-         Il y a de tout dans un ordinateur. Tu l’ouvres et tu as pêle-mêle Obama, les sportifs, e-Bay, des dernières frasques de stars et toutes les rencontres.

-         Tu n’as pas besoin de tout ça à la fois.

-         Mais tu sais qu’ils sont là avec les jeux et toutes les réponses à toutes tes questions.

-         Parce que tu as des questions ?

-         Pas besoin d’en avoir, l’ordi t’en suggère

-         Au fond, tu regardes et l’ordi pense pour toi

-         C’est un peu ça. D’autant plus que tu n’as plus qu’à penser comme les autres et c’est rassurant.

-         Pas besoin de te fatiguer. Tu as tout tout de suite et sans effort. Quand je pense que pour avoir une souris je passe tant de temps à attendre, à ruser, à craindre, à vouloir.

-         Concentration, application, patience, Ce sont là des vertus anciennes, obsolètes.

-         Quelles sont les vertus modernes ?

-         Rapidité, curiosité en tous genres, facilités, laxisme.

-         C’est ça qui fait les battants ?

-         Les battants c’est ceux qu’on te montre comme exemples et qui les font fantasmer à la télé dans les réalités qu’on se figure suivre alors que ce sont les autres qui t’entraînent.

-         Parce que dans les livres, il n’y a pas de battants ?

-         Si, mais ils sont virtuels.

-         Virtuels, que veux-tu dire ?

-         Des pas vrai, des gens et des situations qu’on rêve.

-         Parce que sur un ordinateur…

-         C’est comme à la télé. C’est vrai, on l’a vu sur l’écran.

-         Et ils vivent tous comme ça. Pourquoi pas nous ?

 

Et mon chat partit, pas rassuré du tout, en songeant aux souris d’ordinateur qui lui grignotent son temps de « minge-mèque »

-         Minge-mèque, qu’es aquo ?

-         Celui qui se couche si tard, si tard, qu’il mangerait toutes les mêches des chandelles s’il s’éclairait encore à la bougie.

-         Mais la bougie, c’est obsolète.







Photographies Jean Nogrady

Partager cet article
Repost0
14 août 2009 5 14 /08 /août /2009 06:18

Quand mon chat m’a vu préparer mes bagages il s’est mis à tourner en rond comme font les chats quand ils sentent qu’on va partir sans eux.

-         Tu pars en voyage

-         Je vais à Oslo.

-         Avec ta fille ?

-         Elle part en Croatie

-         Et ton beau-père ?

-         Il va en Bolivie.. Tu comprends, il faut qu’on se dépêche avant que la planète se soit trop réchauffée..

-         Je croyais que c’étaient tous ces voyages qui réchauffaient l’atmosphère ?

-         C’est vrai, mais nous avons trouvé la parade.

-         Quelles parade ?

-         La taxe carbone.

-         Tu payes et ça refroidit ?

-         Bien sûr, parce que je ne suis pas tout seul à payer.

-         Ça ne te gêne pas ?

-         Non, parce que je n’empêche personne de prendre l’avion. S’ils veulent vivre sans bouger comme autrefois, tant pis pour eux.

-         Les voyages ont toujours formé la jeunesse ; maintenant ils attirent aussi les seniors.

-         Ils ne veulent pas mourir idiots

-         Ça m’étonnerait que ce soit le meilleur moyen d’y parvenir.




Photographies de Jean Nogrady

Partager cet article
Repost0
13 août 2009 4 13 /08 /août /2009 06:33

-         Tu as des ours à table maintenant ?

-          Des ours ? Ce sont pes petit-fis.

-         Tu comprends ce qu’ils disent ?

-         Non.

-         Ils n parlent pas français ?

-         Je ne sais pas mais ils ont l’air de se comprendre entre eux.

-         Ils ne parlent pas, ils grognent.

-         Ça ressemble un peu à çà

-         Les ours, ça parle de la gorge, ça grognasse, ça grougne.

-         C’était pas la peine d’en faire venir de Slovénie puisqu’il y en a chez nous.

-         Et ceux là, de plus, ne mangent pas de moutons.

-         Si dans l’assiette .

-         Ils parlent comme ils écrivent, peut-être ?

-         Peut-être, parce que je ne sais pas comment ils écrivent.

-         Pas en Français en tout cas.

-         Si je comprends bien, tu n’aimes pas les ours

-         Je n’aime rien de ce qui grogne.

-         Qu’aimes-tu alors ?

-         Les chats, chattes et chatons.

-         Tu me vois avec des chats à table ?

-         Ils miaulent, ils ronronnent, ils viennent se faire caresser, ils se font très bien comprendre.

-         C’est vrai que mes petits-fils ne viennent même pas dire bonjour, ni au-revoir : ce sont des mots qui restent dans leur gorge.

-         Ce ne sont ni des ours, ni des chatons, ce sont des sauvages

-         Effanqués comme chats en bataille

-         Ah non, ne parle pas de chats en bataille, dit plutôt chiens perdus sans collier.

Ou meute en vacances.

Photographies de Régine Rosenthal et Hélène Durand.
Partager cet article
Repost0
12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 06:57
- Tu as entendu, dit ma femme, on va supprimer les niches fiscales
- Tant mieux, dit mon chat, les niches, c'est pour les chiens.
- Tu as fini de dire des bêtises. les niches en bois, avec une chaîne, devant la maison, ça n'existe plus.
- Où ils dorment alors, les chiens?
- Comme les chats, sur le lit de leurs maîtres.
- Même les gros?
- Même les très gros.
- Alors, une niche fiscale, c'est quoi?
- C'est un arrangement pour faire défalquer en partie sa femme de ménage, sa chaudière neuve...
- Même les riches
- Même les riches et eux ils en ont plus que les pauvres.
- Pourquoi?
- Parce qu'ils les connaissent toutes et, celles qu'ils ne connaissent pas, ils ont des avocats pour leur en trouver.
- S'ils n'ont que ça comme avantages...
- Ils ont aussi ded dérogations
- Comme les pauvres?
-. Il n'y a que les très pauvres qui ont des dérogations, ceux qui sont au-dessous du seuil de pauvreté et aussi les riches.
- Pourquoi les riches?
-Parce qu'ils ont des relations et qu'on a peur qu'ils partent à l'étranger.
- Les femmes de ménage vont partir à l'étranger?
- Non, elles, on va les payer au noir, ça passe au bleu et l'administratin voit rouge.
- Et nous dans tout ça?
- Nous sommes marron.
- Si j'ai bien compris ils prennent leur jet privé pour aller à l'étranger et ne pas payer la taxe carbone tandis que la femme de ménage qui vient travailler à vélo va payer pour refroidir l'atmosphère qu'elle ne réchauffe pas?
- Tu es un chat très intelligent.
- Je sais, tu n'as pas besoin de le dire. Mais pourquoi les pauvres devraient-ils payer ce que les riches ne payent pas tous?
- Tu sais, un riche, c'est à peine 1% du capital mondial, et encore...
- Et les pauvres?
- C'est tout le reste.
- Ne serais-tu pas en train de me dire que les pauvres sont plus riches qu'un riche?
- L'Union fait la force, tu sais
- Même pour les impôts?
- Même pour les impôts.
C'est alorsque je vis mon chat, dubitatif, se gratter la tête par derrière et se lisser les moustaches.
- Tu ne serais pas en train de te foutre de moi par hasard?









Photographies de Régine Rosenthal
Partager cet article
Repost0
11 août 2009 2 11 /08 /août /2009 07:25

-         Tu as vu, on parle du Cap Ferret à la télé.

-         C’est quoi, le Cap Ferret ?

-         Une presqu’île mythique comme une île. On ne va pas au Cap Ferret, on embarque pour le Cap Ferret.. Je dirais que c’est une terre sauvage créée tout exprès pour des rêves confortablement sauvages.

-         Tu veux dire qu’ils vivent comme des sauvageons ? C’est une terre pour nous, ça, une terre à chats.

-         Ils s’y font admirer dans un art de vivre modelé à leurs fantasmes..

-         Avec ou sans chats ?

-         On n’en parle jamais dans les journaux pipoles.

-         Nous sommes les éternels oubliés. Pourquoi tous ces gens là tiennent-ils tellement à l’argent ?  

-         Parce que ça rapporte.

-         Avec quoi fait-on de l’or au Ferret ?

-         Avec des cabanes et des pinasses.

-         J’aime. Ce sont des idées locales. Ça devrait rapporter aux pêcheurs.

-         Elles sont tombées dans le domaine public.

-         Le domaine public maritime ?

-         Non, ce dernier est de moins en moins public. Les pêcheurs sont souvent obligés de partir

-         Pourquoi donc, puisqu’ils ont des cabanes ?

-         Parce qu’ils les ont gardé comme ateliers

-         Et les autres ?

-         Ils en font des lofts et le loft est plus prisé que l’atelier.

-         Mais les pêcheurs ont gardé des pinasses.

-         Elles sont pourries depuis le temps et elles sont obsolètes

-         On leur a fait de nouveaux bateaux ?

-         Pour eux, oui, mais on a gardé la forme des pinasses pour les plaisanciers en les équipant de moteurs puissants et d’équipements auxquels les anciens n’auraient pas pensé : des éviers, des frigidaires, la télé…

-         Les gens qui s’amusent sont plus pressés que ceux qui travaillent ?

-         Bien sûr.

-         Ce qu’il faut aux nouveaux habitants, c’est un bon patrimoine bien relooké tout en restant proche de la tradition.

-         Avec des chats.

-         Si tu veux.

-         Mais ce n’est plus un patrimoine s’il est trop relooké.

-         C’est une restauration.

-         Et qu’est-ce qu’ils préfèrent, le patrimoine ou la restauration ?

-         Le patrimoine restauré, confortable, envié, propre à paraître dans les magazines.

-         Pour un Ferret éternellement sauvage?

-         Si la mer le laisse tranquille

-         Parce que la mer s’y intéresse ?

-          B. lui jette des blocs qu’elle avale et la mer le laisse tranquille pour l’instant..

-         B. c’est Chronos.

-         La finalité du Ferret n’est-elle pas de rester sauvage ?

-         Il y a sauvage et sauvage, le sauvage naturel et le sauvage préservé, le sauvage délaissé et le sauvage aménagé.

-         Le sauvage des chats, le sauvage de pêcheurs.

-         Les pêcheurs s’en vont à cause des impôts qui s’alignent sur les villas nouvelles, les constructions qui poussent là où ils étaient seuls à avoir des droits, les gros qui les repoussent…

-         Ils vont les regretter quand il n’y en aura plus.

-         Ils reconstruiront le Ferret. On dirait Margueritte parodiant les Allemands après la destruction de la cathédrale de Reims : « Nous la reconstruirons plus grande plus belle… »

-         La cathédrale, ce n’est pas une cabane

-         Mais c’est un patrimoine.

 

Et puis zut, dit mon chat, est-ce ma faute à moi si la sociologie du Ferret a changé en quelques années ? ¨Pour ajouter, soucieux :
– Est-ce qu’il y aura toujours des chats au Cap Ferret ?

 



Photographies d'Antine@ et Régine Rosenthal

Partager cet article
Repost0
10 août 2009 1 10 /08 /août /2009 06:58

-         Regarde, dit mon chat, ce que j’ai trouvé dans un vieux journal

-         C’est quoi, çà ?

-         Une lettre de lecteur. Ecoute ce qu’elle dit : "Autrefois, avant la construction des immeubles, je voyais le Bassin… La rue n’est plus bourgeoise…" Tu te rends compte que c'est de notre rue qu’elle parle.

-         Qui t’as donné ce torchon?

-         La petite chatte du premier rang

-         Ah ! tu l’as revue!

-         Oui

-         Et pourquoi t’as-t-elle donné ça

-         Pour me montrer qu’il n’y a pas qu’au premier rang qu’il y a des snobs.

-         Il y a ceux qui cherchent les imiter.

-         Si elle ne voit plus le Bassin, tout est perdu.

-         Elle n’a qu’à mettre un périscope.

-         Et pourquoi la rue ne serait-elle plus bourgeoise ?

-         Parce qu’il y a des co-propriétés et des locataires...

-         C’est interdit ?

-         Non mais ça fait tâche.

-         y a-t-il encore des bourgeois dans la rue

-         Eux

-         Ils ont un vieux domestique de famille ?

-         Non mais des prétentions de vieille famille

-         C’est grave ça. D’autant plus que ça risque de réveiller d’autres prétentions. C’est ta chatte qui t’as dit ça et qu’ils veulent couper les arbres de la rue. Pourquoi t’a-t-elle?dit tout ça ?Et pourquoi à toi?

-         Parce qu'elle m’aime bien.

-         Elle a bien voulu te parler ?

-         Elle est large d’esprit au contraire de son papi qui, lorsqu’il passe à bicyclette, mesure la profondeur de son salut à l’estime qu’il vous accorde.

-         A bicyclette ? Même Mauriac dans Préséances, n’a pas pensé à la bicyclette.

-         Elle n’était pas encore tendance à l’époque. C'est lui qu'on voit passer dans notre rue.
-         Il ose passer devant chez nous?
-        Bien sûr, sa rue est à sens unique.
-         Et que t'a-t-elle dit d'autre, ta petite chatte?
-         Qu'elle m’aime bien et que je suis un beau gosse de chat. Qu’entre jeunes, on n’a rien à faire des différences sociales. Elle a un peu tiqué quand elle a su que j’habitais la rue derrière et que je n’avais pas de bateau mais elle a bien voulu de moi quand même dans son groupe.

-         Elle est bien contente de s’arsouiller un peu.

-         Le problème c’est qu’elle s’en va demain.

-         Elle est de Bordeaux.?

-         Tu ne voudrais pas ? Elle est de Caudéran. Elle habite du côté de chez l’oncle Félix. De l’autre côté du Boulevard, je crois.

-         Elle ne t’a pas donné son adresse ?

-         Non

-         Son numéro de portable ?

-         Non plus.

-         Qu’est-ce qu’elle t’as dit ?

-         « A l’année prochaine ».

-         Ne pleure pas. C’est la marque de toutes les grandes amours…de vacances.

 




Photographies de Régine Rosenthal

Partager cet article
Repost0
9 août 2009 7 09 /08 /août /2009 07:50

Arcachon est une ville que les marchands de biens divisent en lignes . La villa de première ligne, quelle que soit la villa vaut 600.000€, celle de seconde ligne , 450.00, et ainsi de suite jusqu’à extinction des lignes. Les gens ordinaires préfèrent parler de rang parce que, s’il y a quantités de lignes, il n’y a qu’un seul rang, le premier, qualité que défendent farouchement les propriétaires des villas du bord de l’eau.

- Alors, mon chat, où étais-tu hier au soir ? 

-         J'ai pris l'air, je suis allé sur la plage et j'ai rendu visite à ceux du premier rang dont tu m’as parlé quelquefois.. C’est vrai qu’il ont un caractères spécial.

-         Qu’appelles-tu un caractère spécial ?

-         Ils sont très fiers de leurs villas comme si elles leur donnaient droit au Bassin rien qu’à eux, au Bassin tout entier.. Ils s’installent, le soir venu, sur leurs terrasses pour regarder le coucher le soleil - le plus beau du mon de,, ; puisque c’est chez eux . Ils y invitent même leurs amis.

-         Ils ont des amis ?

-         Le temps d’un coucher de soleil.

-         Comment les trouves-tu ?

-         Béats comme Homais, heureux comme Monsieur Perrichon. Le Bassin,,  c’est leur Mer de Glace.

-         Leur Bassin ?

-         Ils l’ont payé assez cher pour qu’ils le voient en propriétaires. alors ils bornent de drapeaux leurs prés carrés de perrés d’où ils contemplent la mer et montrer les limites de leur bien.

-         Ils regardent aussi les baigneurs devant chez eux.

-         Non  parce que les baigneurs, ils ne les voient pas.

-         Pourquoi, ils sont aveugles ?

-         Non mais ils ne voient que ce qu’ils veulent voir. C’est un exercice qu’on apprend jeune quand on est d’essence supérieure.

-         Exercice qu’ils apprennent aussi à leurs chats.

-         Parce que leurs chats ne voient que ce qu’ils veulent voir ?

-         Bien sûr. Il y a une petite chatte, toute en fourrure et le nez aplati, elle snobe comme à Versailles

-         Versailles ou Neuilly?

-         C’est pareil et pourtant, là, sur la plage, il n’y a pas de chat d’HLM

-         Qu’appelles-tu un chat d’HLM

-         Un chat de barrières si tu veux

-         De barrières ou d’HLM ?

-         C’est pareil, ça dépend de l’époque

-         Tu veux parler des chats voyous qui vont rue de Lappe glisser un pas chat-loupé entre deux bastringues ?

-         Mais non,c’est du passé tout ça, ils vont aux champs Eysées et pour qu’on les remarque, ils y vont en bandes

-         Ils ne rencontrent jamais les chats de premier rang ?

-         Si, à la sortie des boites.

-         Heureusement qu’il y a encore les vacances pour qu’on soit tranquille chez soi.à voir la mer immense.

-         Pas si immenses que ça, on voit la côte d’enface.

-         Ils voient la mer, pas le côte ? Ça sert à ça les résidences secondaires

-         À quoi ?

-         À garder l’illusion qu’il existe encore des propriétés qui donnent à leurs propriétaires le droit d'être snobs..

-         Dire que, quand j’habitais Paris, je n’avais pas le droit de jouer sur le trottoir ?

-         Tu y aurais attrapé des puces et de mauvaises manières

-         Et que crois-tu que j’attrape en longeant le premier rang ? Des puces de mer et de mauvaise manières

-         Il n’y a plus de puces de mer depuis que la plage est aseptisée mais si tu te mets à fréquenter n’importe qui sur n’importe quelle serviette de bains...
-  Je ne parle pas de n’importe qui mais du premier rang.

-         Ils n’ont pas de mauvais manières puisqu'ils sont de premier rang.

- comment appelles-tu ça, le mépris et le snobisme ?  





Photographies de Régine Rosenthal, terrasse en céramique de Nicole Chatignol.
Partager cet article
Repost0
7 août 2009 5 07 /08 /août /2009 07:59

-         Alors, mon beau chat, qu’as-tu fait pendant cette expo ?

-         J’ai gardé l’expo, regardé les gens, compté les entrants, soustrait les sortants.

-         Il te suffisait de compter les entrants.

-         J’ai appris la comptabilité en partie double. C’est le seul moyen de déceler les erreurs.

-         Comment cela ?

-         S’il y a moins de sortants que d’entrants, c’est qu’il y a quelqu’un qui se cache sous la table.

-         Et s’il y a plus de sortants que d’entrants ?

-         C’est qu’il y a eu un accouchement à l’expo.

-         Ça t’es arrivé ?

-         Non, mais ça aurait pu.

-         Tu vois bien que c’est idiot de compter deux fois.

-         Tu as vu, au bac, ce qu’il arrive quand on ne compte qu’une fois ?

-         Il faut que ce soit celui qui en pâtit qui porte la preuve de l’erreur.

-         Ils se sont trompés de ligne.

-         C’est un prétexte. Il fallait voir l’erreur avant de donner les résultats, pas après. Personne n’en aurait parlé.

-         Et les gens, comment étaient-ils ?

-         Des gens bien, des gens qui s’intéressent à l’art, des gens qui s’ennuient à la plage.

-         Des gens qui s’ennuient à la plage ?

-         Il y a des gens qui baillaient avant d’entrer et qui repartaient requinqués !

-         Quelques-un sans doute.

-         Sur trois mille, il y en a bien eu quelques-uns.

-         Trois mille, tu m’étonnes !

-         A raison de 20 à 30 à l’heure chrono, à jet continu, pendant plus de dix heures chaque jour, pendant dix jours sans interruption ça fait ?

-         200 à 275 par jour, 2750 au bas mot

-         avec une augmentation pour l’ouverture (plus de cent cinquante personne venues), les dimanches (cinquante pour cent en plus) et les soirs de grand vent en quittant la plage. ça fait combien tout çà ?

-         tu m’ennuies avec tes comptes d’apothicaires. Il n’y a plus d’apothicaires.

-         Mais il y a des sondages. Et les gens adorent les sondages qui leur cachent les nuances.

-         Tu as vu ceux que tu avais invité ?

-         Je n’avais invité que ceux qui s’intéressent à la culture.

-         Comment sais-tu qu’ils s’intéressent à la culture ?

-         Ils le disent.

-         Si j’ai bien compris, tu es déçu

-         La plupart ne sont pas venus.

-         Comment expliques-tu ça ?

-         Ils s’intéressent tellement à la culture qu’ils n’en veulent plus en vacances. Ils en sont saturés.

-         Parce qu’ils voient tellement d’expositions en temps ordinaire ?

-         Non parce que la culture, ils ne la voient pas, ils la font ;

-         Comment çà ?

-         En en parlant.

-         Ils te l’ont dit ?

-         Non, ils avaient des prétextes : ils ne pouvaient pas se garer, ils n’aimaient pas l’un des exposants, ils ont leurs enfants.

-         Et comment font les touristes ?

-         Ils se garent, ils n’ont aucun à-priori et ils viennent avec leurs enfants.

-         Pourquoi les gens que tu invites ne font pas comme eux ?

-         Ils attendant le départ des touristes pour retrouver leurs marques.

-         Je suppose que tu as invité des gens connus, des pipoles ?

Pendant les vacances, ils n’ont jamais le temps entre les parties de boules, la fréquentation des les lieux où on peut les remarquer, et les convocations de journalistes et de photographes, ils continuent à parler de culture…








Photographuies de Régine Rosenthal de d'Antine@
Partager cet article
Repost0
6 août 2009 4 06 /08 /août /2009 09:45















        Où vas-tu comme ça ?

-         Je pars avec Régine

-         Où ?

-         Là où elle ira

-         Mais Régine est un grand-reporter. Tu as vu les bagages qu’elle emporte ?

-         C’est égal, je verrai du monde.

-         Elle se cantonne à la forêt primaire, ses plantes, ses animaux, ses serpents.

-         Les serpents ne me font pas peur : je rapporte toujours des orvets à mon maître. Mais ce ne sont pas des serpents comme chez nous : ils sont bicolores et venimeux.

-         Elle photographie le serpent, pas le venin

-         Et pas seulement lui, des plates exotiques, des arbres multicolores, un monde féerique…

-         Des choses pas vue que je voudrais voir.

-         Vous êtes tous pareils. La nature est dangereuse. Il faut pendre des précautions.

-         Surtout dans la forêt primaire.
Qu’est-ce que la forêt primaire ?

-         La forêt qui subsiste depuis des siècles et des siècles.

-         Qu’as-t-elle de particulier ?

-         Elle renferme des espèces que l’on ne voit pas ailleurs.

-         C’est pour la faire découvrir qu’elle photographie ?

-         Oui et pour la sauver.

-         On ne la sauve pas si on attire les touristes.

-         Mais les touristes n’affrontent jamais les mondes inconnue

-         C’était vrai hier, mais aujourd’hui ?

-         On s’y perd. L’ensemble est grandiose et le détail merveilleux.

-         Que préfères-tu, le grandiose ou le merveilleux ?

-         Ça dépend de ce que l’on me montre, ses formes, ses couleurs…

-         Le onde est ton artiste et tu voudrais l’interpréter ?

-         Comme fait Régine.

-         Ton jardin ne te suffit plus ?

-         Non ; Je suis comme l’objectif de Régine. D’autres vues m’aspirent, loin d’ici, loin du monde, là où ne sont plus que les débris d’un monde qui s’achève.

-         Où penses-tu en trouver ?

-         Au Cambodge

-         Dans les forêts brûlées au Napalm et truffées de mines individuelles ?

-         A Madagascar

-         Dans les défrichements sauvages ?

-         En Amazonie

-         Dans ces pays que les lianes renfermes sur les cultures de canabis ?

-         Partout où reste une beauté sauvage à engendrer dans sa boîte noire.

-         En cas d’accident ?

-         En cas d’accident de la nature, oui. Il n’y a plus que 9%…. de la planète digne de son objectif.
















Photographies Régine Rosenthal

Partager cet article
Repost0