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28 mai 2010 5 28 /05 /mai /2010 06:52

 Ils sont deux : elle et lui, devant un plateau d’huîtres qu’un écailler vient d’apporter ouvertes . La ANI_CAT.043.jpggourmandise se déguste à deux.. Elle saisit la coquille où baigne l’huître dans les éclats irisés de la nacre. Elle en suit les contours de sa langue qui s’anime entre ses lèvres gourmandes, ouvre ses narines aux palpitations du manteau qui frissonne. L’huître n’est à cet instant qu’une émanation de la mer.

.Pendant ce temps il vient se pencher sur elle, boire son regard et l’eau de l’huître. La chair grasse le tente. Va-t-elle se laisser faire ? La femme ou l’huître ? Pas besoin des jeux puérils de Casanova initiant Ermelina. : pas de bouche à bec comme les pigeonneaux, pas d’huître gobée sur un corsage qu’arrondirait la gourmandise. L’huître suffit, et le soleil, et la présence d’un compagnon.

Il n’y a rien de carnassier chez elle, rien que ce repli jouisseur de la lèvre sur l’éclat de la coquille qu’elle lève avec tendresse, comme on lève une coupe précieuse. Elle attache son regard à l’huître. Ne sont-elles pas complices dans ce sacrifice? Elle coupe le muscle ; l’huître, qui a résisté à l’écailler tant qu’il violait son intimité d’un couteau ravageur, s’abandonne à sa séductrice. Elle glisse de la coquille  à la coupe nacrée des lèvres que le soleil touche de son pinceau aux nuances pareilles à l’arc en ciel ;  elle passe la barrière des dents qui la frôlent, plonge sur la langue qui s’arrondit de tendresse sous l’huître. La femme ferme les yeux : elle aime les huîtres par tous les frissons de ses sens, par tous les pores de sa peau.

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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 08:44

- C'est vrai, Mouss' que tu as rencontré la luxure?

- Sûr, sûr

- Où çà?

- Sur la plage

- Comment est-elle?

Elle est nue. Elle entre dans l’eau qui la saisit aux chevilles. Elle frissonne. Elle se laisse tomber sur le dos, face à la mer, les pieds dans l’eau, les bras en croix sur le sable, les jambes légèrement écartées sous le regard d’un soleil complice. La mer monte lentement, lèche ses mollets et se retire, revient sur ses genoux, monte jusqu’aux cuisses et repart, touche son sexe. Elle avance son ventre. Elle tremble sous le soleil, désire le retour des vagues. La mer, qui l’a prise dans son étau, la presse de caresses à petits coups de langues marines. Elle se laisse faire. La mer est son désir. Elle attend qu’elle la prenne toute entière.

L’eau, maintenant, caresse son ventre d’un mouvement régulier comme le ressac. Elle se tord, roule à droite et gauche. Les grains de sable se creusent sous ses reins, la couvrent aux épaules. Elle dit non avec sa tête ; elle dit oui avec ses yeux. C’est l’assaut de la marée qui lèche ses seins, tourne sur les mamelons, en saisit les pointes. Le soleil est toujours là. Elle ferme les paupières qui rosissent à sa lumière. Il n’y a pas d’ombre sur son désir, rien que la mer qui l’environne et la couvre bientôt. Elle se tord sous l’assaut des vagues. L’eau enserre son cou. Est-ce la fin ? 2-Nog.jpg

Dans un spasme, la mer la couvre de son écume et se retire, la laissant anéantie, couverte de sable, d’algues et de débris d’écume. La mer l’a vaincue. Un crabe grimpe sur son nombril. Elle n’en finit pas de se désengager des assauts de la  mer.

 

 

Photo Régine Rosenthal

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15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 16:15

2chatpattes.jpg

-         T’es d’où m’a dit Mouss’ ce matin ?

-         Je suis d’ici. Avec quinze couches au cimetière il ne manquerait plus que çà

-         Et tu en est fier ?

-         Ben oui. Et toi, t’es d’où ?

-         Des genoux de ma maîtresse.

-         On ne te les a jamais disputés.

Il ne manquerait plus que çà. Je ne me laisserai pas faire.

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13 mai 2010 4 13 /05 /mai /2010 06:57

Mon chat s’est lancé sur la piste de 2,5 Millions d’euros de Toni Musulin.

-         Alors, tu les as trouvé ?1chatpattes.jpg

-         Je n’en suis qu’à l’enquête de proximité.

-         Quelle proximité ?

-         Celle du trésor bien sûr.

-         Et tu as des éléments ?

-         Les rats de cave n’ont rien vu, les rats d’eau se sont tus, les rat gondins ont leur idée là-dessus, les rats beaux ont frémi, la rat-caille a l’air au courant…

-         Si je comprends bien, c’est dans les beaux quartiers

-         Là où se cachent les fortunes et les fraudes fiscales.

-         Ces trésors perdus pour le Trésor

-         Et tous ceux des temps passés : le trésor des templiers, les chèvres d’or des anglais en Aquitaine…

-         Mais pourquoi cherches-tu ces trésors ?

-         Tu n’as pas vu tous les chômeurs ?

-         Tu voudrais les indemniser ?

-         Non, je cherche à appliquer les règles gouvernementales.

-         Et qu’est-ce qu’il dit le gouvernement ?

-         Qu’ils faut répartir les ressources

-         Équitablement.

Personne n’a dit çà. On attend juste de savoir entre qui et qui on doit les répartir. Pour l’équité, c’est pas facile !

 

Photographie Régine Rosenthal

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23 mars 2010 2 23 /03 /mars /2010 06:32

1-Bonifaccio-A.jpg 

-         Pourquoi les chats n’ont-ils pas le droit de vote ?

-         Parce qu’ils ont un bon maître et puis, çà leur servirait à quoi ?

-         À dire ce qu’ils pensent.

-         Vous n’avez pas assez de croquettes ?

-         Si, mais on ne sait pas ce qu’il y a dedans et nous ne voulons plus de nourriture industrielle.

-         Un électeur sur deux n’a pas voté parmi les hommes alors, chez les chats…

-         Ils ne sont pas démocrates, les hommes ?

-         C’est un peu çà, bien qu’ils aient toujours le mot de civisme à la bouche.

-         Qu’est-ce que le civisme ?

-         Ce qu’ils décrète civique.

-         Mais encore ?

-         Les obligations qu’ils t’imposent.

-         Par le vote ?

-         Ils n’en ont pas besoin, ils attendent le troisième tour.

-         Quel troisième tour ?

-         Le tour de rue

-         C’est démocratique, çà ?

-         C’est autorisé.

-         C’est civique ?

-         C’est syndical.

-         On devrait l’interdire à ceux qui ne votent pas et leur retirer le droit de vote, si le droit de la rue leur suffit.

-         Mais le droit de grève, c’est une conquête syndicale

-         Et le droit de vote ?

-         C’est un droit personnel. Ils n’ont pas besoin des deux. Ils choisissent.

-         Parce que le droit de vote, çà ne défend pas leurs droits ?

-         Çà défend les droits de la majorité.

-         Parce qu’ils n’aiment que les droits personnels et collectifs ?

-         Les droits qui les mettent en valeur, qui font parler d’eux, qui défendent leurs intérêts.

-         Ce n’est pas pareil le droit de vote ?.

-         Tu sais on disait «  élections, piège à cons »

-         Ils ne votent plus parce qu’ils n’y croient plus.

-         Mais ils croient au droit de grève.

-         Et le gouvernement, il y croit ?

-         Il vient de remercier Darcos.

-         Normal, c’est un ancien ministre de l’éducation nationale

-         Parce que l’éducation nationale, çà porte malheur ?

-         Regarde les anciens ministres qui se sont occupés de l’école : Bayrou, dans les limbes, Ferry, sans fonction, Allègre, écarté, Chevènement, hors sujet…

-         Tu crois que c’est l’éducation nationale qui porte malheur ?

-          Regarde comme elle porte grève.

-         Je vais réclamer le droit à l’école pour chats. Ce sera beau une manif de tous les chats du monde bien unis et miaulant en chœur dans des hauts parleurs..

-         Unis pour réclamer ?

-         C’est un bon ferment d’union que la réclamation.

 

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9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 06:34

1nog-copie-2.jpg-         Où vas-tu Caramel ?

-         Il fait beau, je vais-t-à la pêche ?

-         Et tu pêches quoi ?

-         Des huîtres.

-         Les huîtres, çà ne se pêche pas les huîtres, çà se drague ou çà se ramasse au parc à touton.

-         Le parc à touton, qu’est-ce que c’est ?

-         C’est le parc de quelqu’un d’autre.

-         Mais c’est du vol, çà.

-         Oui, c’est du vol.

-         Moi, je suis le Chat-qui-pêche les huîtres

-         Et comment les pêches-tu ?

-         À la ligne.

-         Comment peut-on pêcher une huître à la ligne ?

-         C’est facile, je laisse passe le fil près d’une huître et, quand elle baille, je m’arrange à faire passer le fil à pêche entre les coquilles. Quand elle se ferme, je ferre et je tire

-         Et si le fil casse ?

-         Comme dit Tristan Derême, j’aurais essayé de pêcher une huître à la ligne.

-         Çà t’arrive souvent d’essayer des choses impossibles ?

-         Tout le temps. Mais au moins on ne peut pas me reprocher de n’avoir rien fait. Ce n’est pas pire que le loup qui pêche avec un seau dans un étang glacé.

-         Je sais, jusqu’à ce que la glace enserre le seau et la queue.

-         Oui mais lui, il y a perdu sa queue.

-         Ce serait dommage, Caramel que tu perdes ainsi le plus bel appendice de ta personne.

-         Je l'’ai perdu, l’escargot bleu

-         Un livre de Tristan Derême

-         Il a bavé sur son chemin

-         Mais tout au bout il n’y avait rien

-         Qu’un rêve tout comme on les aime

-         Et c’est là le triste destin

-         Des pêcheurs d’huîtres et de lune

-         Il en tombe comme il en pleut

-         Ils ne feront jamais la Une

-         Mais ils nous font toujours du bien

-          

 

Photographie de Régine Rosenthal

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