- C'est vrai, Mouss' que tu as rencontré la luxure?
- Sûr, sûr
- Où çà?
- Sur la plage
- Comment est-elle?
Elle est nue. Elle entre dans l’eau qui la saisit aux chevilles. Elle frissonne. Elle se laisse tomber sur le dos, face à la mer, les pieds dans l’eau, les bras en croix sur le sable, les jambes légèrement écartées sous le regard d’un soleil complice. La mer monte lentement, lèche ses mollets et se retire, revient sur ses genoux, monte jusqu’aux cuisses et repart, touche son sexe. Elle avance son ventre. Elle tremble sous le soleil, désire le retour des vagues. La mer, qui l’a prise dans son étau, la presse de caresses à petits coups de langues marines. Elle se laisse faire. La mer est son désir. Elle attend qu’elle la prenne toute entière.
L’eau, maintenant, caresse son ventre d’un mouvement régulier comme le ressac. Elle se tord, roule à droite et gauche. Les grains
de sable se creusent sous ses reins, la couvrent aux épaules. Elle dit non avec sa tête ; elle dit oui avec ses yeux. C’est l’assaut de la marée qui lèche ses seins, tourne sur les mamelons,
en saisit les pointes. Le soleil est toujours là. Elle ferme les paupières qui rosissent à sa lumière. Il n’y a pas d’ombre sur son désir, rien que la mer qui l’environne et la couvre bientôt.
Elle se tord sous l’assaut des vagues. L’eau enserre son cou. Est-ce la fin ?
Dans un spasme, la mer la couvre de son écume et se retire, la laissant anéantie, couverte de sable, d’algues et de débris d’écume. La mer l’a vaincue. Un crabe grimpe sur son nombril. Elle n’en finit pas de se désengager des assauts de la mer.
Photo Régine Rosenthal