Le blog de charles daney

C'est de moi qu'il s'agit mais mon chat  a de drôles de formulations.

- Pourquoi tu ne prends plus de café?

- Tu n'as âs vu l'autre jour, trois infirières de l'hôpital Pellegrins e sont retrouvées au-dessus, en salle de réanimation pour avoir bu du café.

è Quelle idée? On ne prend pas de café à l'hôpital?

- et où en prend-on?

- au café, c'est fait exprès

- les distributeurs de café aussi.

- Tu sais, lesdistributeurs, çà te distribue n'importe qui.

- à l'hôpital comme ailleurs à moins que...

à moins que quoi?

- Il y ait eu un philtre là-dedans et qu'il s'agisse de vouloir endormir à tout prix?

-pour faire rêver?

-Non, pour faire payer la sécu.

- C'est vrai, voici une ITT sur place.

- Je suis content, le voisin m'a invité au mariage de ses maîtres.

- Qui était son maître, lui ou elle.

- Quelle question! Les deux bien sûr, ils sont ensemble depuis dix ans

- Et ils se marient maintenant?

- Oui, c'est devenu un besoin impérieux.

- Les besoins, c'est comme les envies, il faut les satisfaire au plus vite.

- Tu peux me montrer la mariée?

- Non, elle est chez sa mère.

- Pourquoi?

- Une jeune fille bien couche toujours chez sa mère la veille de son mariage

- Tu crois que çà repousse?

- Ne sois pas vulgaire.

- Madame de Sévigné disait la mème chose ou ç peu près dans les mêmes termes.

- Oui mais nous vivons une époque raffinée, une époque moderne.

- La preuve, le retour de la jeune femme chez sa mère. On n'aurait jamais vu çà autrefois.Tu es content?

- Il m'a dit qu'il y aura beaucoup de reliefs.

- Alors, ton copain est content?

- Pas tout à fait. Il dit que maintenant ils vont pouvoir divorcer, et çà l'inquiète. Les chats, tu sais, ils ont besoin de stabilité.

- Dans leur ménage?

- Non, dans celui des autres.

Photographie Hélène Durand

- Tiens Mouss' voici ton poisson.

- Encore?

- Tu sais que nous n'avons plus le droit d'en manger plus de deux fois par semaine.

- Pourquoi?

- En raison des risques de toxicité.

- Qu'est-ce que c'est que cette c...

- C'est l'Agence sanitaire de sécurité nationale qui le dit. Elle dit même les poissons autorisés et les interdits.

- où as-tu vu çà?

- Sur Sud-Ouest d'hier lundi 9 août.

- Et quels sont les poissons interdits?

- Le thon rouge

-Il n'y en a plus.

- Les soles et les bars de chalut, les espadons, les requins et les sabres...

- Les requins et les sabres, tu me donnes des idées suicidaires mais les soles et les bars...

- La sole d'Hasting, le bar d ligne sont autorisés...

- Et les huîtres?

- Elles sont autorisées

- Même avec les deux morts de l'an dernier?

- Ce ne sont pas les huîtres qui ont tué ces deux pauvres gens mais l'hôpital.

- Je n'ai pas vu de démenti

- Les ministres n'en donnent jamais, même Bertrand qui ne pariait que par souris interposées.

- Que font les souris aujourd'hui?

- Elles meurent toujours par injections d'huîtres

- Et les hommes

- Ils mangent les huîtres.

- Pourquoi fait-on encore des injections aux souris puisque çà ne sert à rien?

- Pour voir...

- Et les Ministres, que deviennent-ils dans tout  çà?

- Les Ministres, c'est come les Présidents, çà ne peut qu'avoir raison.

- Bon, je vais me faire cuire un oeuf.

- Tu as vu on a trouvé des momies de chat

- Tu veux dire des peaux de chats dans une pharmacie suisse

- Non de vraies momies en Egypte

- Et alors, il y avait bien les momies de Saint Micher à Bordeaux

- Mais des momies de chat, tu te rends compte !

- Compte de quoi?

- Que nous sommes les Rois de la civilisation égyptienne

- pas un Roi, un Dieu

- C'est encore mieux

- Espèce de Bastet, on va te transformer en momie

- Leplus tard possible. J préfère quand tu parles du sein d'Adèle.

- Espèce de païen.

Photographie Jean Nogrady

C'était un chat déjanté

Que l'on disait argenté

Il aimait tant les voyages

Qu'un jour il prit le grand large

Il s'est gelé le bout du nez

En passant par Obernai

Il s'est râpé le bout des pattes

En courant dans les Karpathes

Il s'est pelé comme un rat

Aux chutes du Niagara

Il a laissé sa queue prise

Au regel de la banquise.

Il fut aussi, devinez quoi?

Scalpé par les Iroquois.

Il a nagé à perdre haleine

Pour échapper à la baleine

Mais dans la Patagonie

On le vit à l'agonie.

Il s'est retrouvé sans fric

En longeant la côte Afrique

Et quand il est revenu

Il s'est présenté tout nu

C'était un chat de voyage

Marqué comme un vieux bagage

Mais jamais dans le bon sens

Il sentait très fort l'essence

L'escarbille et le vieux cuir

Comme sont les durs à cuir'

Qui reviennent de voyage

Epuisés les soirs d'orage.

Aujourd'hui désenchanté

Il est toujours déjanté

Jean Nogrady et Régine Rosenthal

Photographes