- Tu as vu, me dit Mouss’, il faut marquer tous les moutons d’une puce à l’oreille. C’est
une décision de Bruxelles.
- Çà donnera du meilleur fromage ?
- - Pas forcément mais c’es la traçabilité qu’ils disent là-haut. Traçabilité et transparence : les deux mamelles du commerce.
- Je croyais que c’était l’argent et la publicité..
- La généalogie aussi.
- On marque tout aujourd’hui : les oiseaux, les baleines, les grands fauves...
- C’est les hommes qu’il faudrait marquer d’une puce. Çà remplacerait leurs faux papiers.
- Eux, c’est différent, ils aiment les faux vrais, les vrais-faux, les faux ancêtres, les fausses généalogies. Tu ne vas pas casser la baraque !
- On marque les souris aussi ?
- Pourquoi veux-tu marquer les souris ?
- Si j’en rencontre une, çà m’intéresse de savoir si elle a été élevée en batterie en labo ou en plein air à courir.
- Il n’y a pas de raison que tu manges une souris de labo
- Et si un écolo ouvre la cage aux souris ? Il y a bien assez de trous à rats et de trous de souris pour qu’elles survivent.
- Alors, on va marquer les souris.
- Moi, ce que je voudrais marquer, ce sont les puces : accrocher une puce à une puce, c’est le fin du fin.
- Pourquoi ?
- Parce que çà m’intéresse de savoir si elle vient des beaux quartiers ou des Hlm
- Doucement : pas de dérapage…
- Mais les puces de pauvres, elles t’inoculent la pauvreté
- Et les puces de riches ?
- Çà sent bon et on me dit qu’on gagne toujours quelque chose à fréquenter les riches
- Oui, le mépris.
- En ce moment ; çà me démange et je ne sais comment me débarrasser de mes puces
- Tu n’as qu’à les vendredi
- Où çà ?
- Aux puces, pardi
- Pour la traçabilité et la transparence, tu pourrais trouver mieux.