- Tu as vu, Mouss’,
on peut voir la personne à qui on photographie. C’est génial et en plus, il suffit de passer le doigts sur un écran.
- Je peux photographier à ma copine depuis ma salle de bains ?
- Bien sûr mais il y aura toujours des écoutes-vues.
- Bof, je préfère les caresses de ma maîtresse. Elle ne caresse jamais à rebrousse-poil et ce n’est pas virtuel, çà fait chaud au cœur.
- Tu n’es jamais content.
- - Parle-moi d’une vraie invention, de celles qui sauvent l’humanité.
- Rien que çà. Tu crois que c’est facile, çà : on sait sauver par une greffe un individu donné à qui on envoie le greffon par avion mais on ne sait pas sauver un million de personnes de la faim.
- Et si l’avion est bloqué au sol. ?
- Ne parles pas d’âneries.
- Et si tu n’as pas d’argent ?
- Tu fondes une association.
- Toujours les solutions de facilité.
- Je voulais te parler aussi des produits essentiels
- La mousse à raser ? La crème à mincir ? Le parfum qui t’habille si bien ?
- Non : l’air, le soleil, l’eau…
- Ah oui, l’eau : elle était gratuite autrefois, elle est payante aujourd’hui.
- Et quand on ne peut pas la payer ?
- On boit de l’eau sale.
- Et l’air, il est gratuit.
- Oui mais on calcule déjà combien çà coûtera d’en fabriquer.
- On fabrique de l’air ?
- Bien sûr : comment font les astronautes qui vont dans la stratosphère ?
- Et ceux qui n’auront pas d’argent ?
- Ils auront de l’air sale.
- Heureusement qu’il reste le soleil
- Tu cois qu’il restera longtemps gratuit ?
- Regarde Diogène qui demandait seulement qu’on s’ôtât de son soleil
- Oui mais c’était Diogène et on n’enlevait pas encore le soleil aux pauvres. Pourquoi le leur ôterait-on ?
Pour les faire payer bien sûr. Il y aura toujours une agence ou une banque pour çà.
Photographies Régine Rosenthal