- Galeton, Jassou et Pautier furent soumis à la question d’où il apparut que les diables étaient à leur service, rompant les cordes dont on les frappait et gardant aux condamnés la bouche close- ce qui est preuve suffisante en démonologie. Cette attitude contrastait avec celle de tous les malheureux, tourmentés et affligés de la bonne ville de Bazas qui ne pouvaient en leur présence retenir des cris effroyables.^
- Aussi est-ce en leur grande sagesse que Messieurs les Juges et Gens du Roy donnèrent sentence qu’ils fussent
- Condamnez de faire amende honorable nuds en chemise
- La corde au col,
- Tenant chacun un gros flambeau de cire ardente,
- Estant à genoüil
- Demander pardon à Dieu, au Roy et à la Justice,
- D’estre conduits hors la ville
- & pour être dans la place appelée les Arènes
- bruslez tous vifs
- chacun en un poteau
- qui pour cet effet leur seroient dressez
- & leurs cendres jettées au vent.
-
- Ainsi moururent le 11 février 1637 trois vieux sorciers de Bazas convaincus – à ce que disent les minutes du procès – par tant de preuves et si grand nombre de déposants contre eux que nul n’en eût rien retenu s’il ne s’était produit à l’instant de leur mort ces évènements relatés le jour même du bûcher, à savoir : « le bûcher ne fut pas sitôt embrazé dans le bois, que voilà des cris effroyables, des tempêtes et grands orages dans l’air, des tisons de feu élevez hors de leurs places, des fantosmes parmi les flammes qui faisaient des actions si horribles & espouventables, qui donnèrent un si grands effroi, qu’ils firent retirés promptement plus de deux mille personnes (qui étaient présentes) & même l’Exécuteur d’abandonner le tout jusques à ce que le bois fut consommé, lequel néanmoins il fallut augmenter pour réduire ces misérables corps en cendres qui jettaient la plus grande puanteur & infection qu’on sçaurait croire. »
- Ainsi finissent les sorciers, pas les orages dont il n’est pas sûr que certains ne soient brûleries de démons.
(à suivre)
Photographie de Régine Rosenthal