- Il faut dire que la jeune femme ne levait jamais les yeux en deçà de la hauteur nécessaire
à l’honnêteté et qu’elle ne portait jamais habit au-dessus de sa condition. Toute autre fille de Bazas eût parue effrontée à ses côtés. Aussi la population bazadaise tout entière était-elle
consternée quand la pauvre fille criait. Elle criait quand elle courait comme enragée parmi les champs ; elle criait aussi quand elle restait enfermée en quelque chambre. Autant dire qu’elle
criait tout le temps et que quantité de gens l’allaient voir avec grande compassion et quantité d’eau bénite dont ils l’aspergeaient d’eau bénite
- Quelques Pères récollets y allèrent diverses fois et c’est d’eux que sortit l’affaire. Ce que les vieillards montrèrent à Florimonde, nous ne le savons pas exactement, mais ce que la jeune femme a confié avoir vu aux Récollets dépasse l’entendement. Elle affirmait avoir vu danser plusieurs diables et démons effroyables autour d’eux et qui lui jetaient des pierres que tous voyaient sans voir diables ni démons. Et d’être traitée en femme adultère lui était d’une grande douleur. Comme elle était très belle, elle n’eut pas plus de peine à apitoyer les Pères Récollets qu’elle n’en avait eu à acquérir la compassion de ses concitoyens.
Photo Jean Nogrady