Caramel est tout fier d’avoir découvert un poème À une chatte dans « le coffret de santal » de Charles Cros et il l’a recopié pour son académie.
Chatte blanche,
chatte sans tache,
Je te demande, dans ces vers,
Quel secret dort sous tes yeux verts,
Quel sarcasme sous ta moustache
Tu nous lorgnes, pensant tout bas
Que nos fronts pâles, que nos lèvres
Déteintes en de folles fièvres,
Que nos yeux creux ne valent pas
Ton museau que ton nez termine,
Rose comme un bouton de sein,
Tes oreilles dont le dessin
Couronne fièrement ta mine.
Pourquoi cette sérénité ?
Aurais-tu la clé des problèmes
Qui nous font, frissonnants et blêmes
Passer le printemps et l’été ?
Devant la mort qui nous menace,
Chats et gens, ton flair, plus subtil
Que notre savoir, te dit-il
Où va la beauté qui s’efface,
Où va la pensée, où s’en vont
Les défuntes splendeurs charnelles ?
Chatte détourne tes prunelles ;
J’y trouve trop de noir au fond
- Tu vois, me dit Mouss’ j’avais raison de mettre nos pensées en discussion puisque c’est ce que Charles Cros demande à la chatte. Et c’était quelqu’un Charles Cros.
Mais tout fier de sa trouvaille, Caramel répète à tout vent
Chatte blanche, chatte sans tache
- Il se prend vraiment pour un cabot, dit Mouss’. Ces jeunes sont inconséquents, ils ne pensent jamais à ce que deviendront leurs enfants.
- Laisse, lui dis-je, il est bien jeune, il a bien le temps d’y penser
- Que leur apprend-on à l’école ? C’est scandaleux. : rien que des vers, des fariboles.
Et il partit en bougonnant « C’est égal, rien ne vaut de philosopher : où va la beauté qui s’efface ? ».
- Le noir au fond des prunelles, qu’en fais-tu ?
Photographies de Régine Rosenthal