Mous’ et Caramel dialoguent
un matin de décembre, en attendant que le soleil se lève.
- Alors, çà rentre, la bonne éducation ?
- Pas très vite.
- Prends un livre et apprends-le par cœur.
- Il n’y a pas de livres de bonne éducation
- Pas de livres ? J’en connais plein : la baronne Staff, Madame (la comtesse de Paris), Nadine de Rothschild…
- Que veux-tu que j’en fasse de livres qui me disent où on peut prendre le café si c’est au salon ou à table, comment ouvrir un œuf à la coque, faire la révérence ou le baise-main, placer à table le général et l’archevêque…Il n’y a rien pour les chats là-dedans.
- La bonne éducation des chats, tu vois, c’est de dire merci à celui qui te donne à manger, ne pas voler le poisson sur la table, ronronner quand on te caresse, ne pas jouer avec la pelote de laine que l’on est en train de tricoter, ne pas faire ses griffes sur un fauteuil, être gentil en toutes circonstances.
- Mais c’est une morale de patrons, çà.
- Les chats n’ont pas de patrons, ils n’ont que des maîtres
- Quelles différences fais-tu ?
- Les patrons çà exploite les autres et les maîtres, ce sont les autres qui les exploitent.. surtout si ce sont des maîtres de chats
- Des maîtres de chais ?
- Non de chats.
- Ah, bon ! j’avais peur qu’il y eut encore quelque rat là-dessous. Tu n’aurais pas une morale de jeunes, une morale de chasse, par exemple.
- Tu te débrouilles avec les souris et pour les oiseaux, je ne veux pas savoir.
- Voilà une morale comme je les aime, la morale du non dit : « pas vu, pas pris »
- Dis-donc, je n’ai pas dit çà.
- Mais tu le penses. La morale de l’instinct, c’est beau, çà, c’est grand ! L’instinct, c’est le propre du chat.
- La morale, c’est quand tu réfrènes tes instincts.
- Ce n’est plus une morale que tu me proposes là, c’est une mise au pas.
- Sans retenue d’instinct, il n’y a pas de morale.
-
Et pour les minettes, quelle est la morale que tu recommandes ?
- Tu les respectes
- Tu crois qu’elles aiment çà ?
- Elles le disent.
- Elles n’ont pas d’instincts ?
- Si mais çà dépend quand et avec qui.
- Je vois : « fais ce que je te dis, ne fais pas ce que je fais »
- Mais je ne fais rien de répréhensible, moi !
- Qu’est-ce qui est répréhensible ?
- Je ne te le dirai pas, tu le ferais.
- Au fond, la morale, c’est ce qu’on fait quand on ne peut pas faire autrement ?
- Je crois que je n’arriverai à rien avec toi. On se demande bien d’où tu sors.