- Alors, mon chat, tu m’attends sur le
perron ?
- Je n’attends personne
- On dirait que tu fais la gueule. Je vois que tu as bien mangé pendant mon absence.
- Ta voisine versait tous les jours un paquet de croquettes dans mon assiette
- Et tu n’as pas eu d’indigestion ?
- Non je laissais manger d’abord les sans domicile fixes, les merles, le hérisson. Même son chien qui voulait me chiper les croquettes et qu’elle tirait toujours en arrière
- Mais les croquettes étaient pour toi, pas pour les SDF, les merles, les hérissons, même le chien de la voisine
- Ce n’est pas toi qui m’as dit qu’il fallait laisser les autres d’abord ?
- Même le chien ?
- Tu sais, on s’entendait bien tous les deux. Maintenant, je vais dormir entre ses pattes
- Tu ne vas pas m’abandonner pour le chien de la voisine ?
- Tu m’a bien abandonné pour je ne sais quelle gourgandine.
- Ce n’était pas une gourgandine, c’était la Corse
- Qu’est-ce que c’est que ça ?
- Une montagne dans la mer
- Mais la mer tu l’as là
- Pas la montagne
- Si, tu as la dune
- Tu ne peux pas savoir : la mer, la montagne, les odeurs, le maquis et les hommes, les chats corses….
- Tu as vu tout çà ? Tu me raconteras ?
-
Si tu me racontes ce que tu ase fait pendant mon absence
- Çà, ça dépend de ta gentillesse à mon retour
- Alors pour mon récit de voyage, ce sera pareil.
Et mon chat s’est drapé dans toute sa majesté féline. Je dois dire que ça lui va très bien.
Photographies de Jean Nogrady