- Tu ne veux pas que je t’amènes chez
ma fille ?
- Je ne veux pas être enfermé dans ton fichu panier.
- Et tu crois que je ne suis pas enfermé dans ma fichu voiture ?
- Oh, je sais bien, tu ne vois rien, même pas un chat qui traverse la rue
- Tu ne veux pas aller en pension ?
- Non.
- Que veux-tu alors ?
- Je veux rester près de la maison tous les jours de ton absence.
- Même s’il pleut ?
- Il y a assez d’abris
- Et s’il fait froid
- Il ne fera pas froid.
- Et pour les caresses
- Je sais où aller.
- Mais tu n’auras pas l’ordinateur
- Ça m’est égal.
- Que feras-tu ?
-
Je rêverai, je regarderai les oiseaux, les lézards, les papillons de l’automne
- Et les souris ?
- Les huîtres les ont toutes tuées.
- Qu’auras-tu pour manger ?
- Ta voisine posera des croquettes sur le perron et puis, pour une fois que je n’aurai pas de la nourriture industrielle…
- C’est long dix jours.
- Je sais
Et mon chat partit en maugréant : « je leur ferai payer cet abandon. Ils n’ont pas fini d’en entendre parler ».
Photographies Paul-Yvan Béna