- Alors, comme çà, tu n’aimes pas l’avarice ?
- Je n’aime pas les ras
- Les rats ou les ras
- Les deux parce que les rats ils sont ras du poil
- Çà ne les gêne pas de n’avoir pas de fourrure ?
- Çà non, ils n’ont pas de tapis non plus
- Pas de tapis
- Ou des tapis ras où l’on voit les os à travers
- Les os du rat ?
- Non la trame du tapis
- Tu préfèrerais les tapis moelleux
- Les tapis moelleux, les coussins profonds et les édredons.
- Les édredons ? Il n’y en a plus
- Pour dormir c’était commode.
- où dors-tu maintenant ?
- je m’accommode. J’aimais bien près d’un bon feu dans la cheminée.
- Et les radiateurs ?
- Un truc pour fakirs
- Le soleil ?
- Pas toujours disponible
- Les genoux des maîtres ?
- Quand ils lisent le journal, oui, je peux les en distraire mais pas quand ils sont sur l’ordinateur ?
- Tu ne joues pas avec la souris ?
- Oh la, la, je n’ai pas la place et c’est dur ces trucs là, la table, le clavier, la souris qu’il attache comme s’il avait peur qu’elle s’échappe.
- Tu n’aimes pas l’ordinateur ?
- Si je suis tout seul devant l’écran, çà va. Je ne comprends pas pourquoi ils disent que l’ordinateur çà favorise la communication.
- Comment çà, je ne comprends pas.
- Tu communiques, toi, avec tes enfants quand ils sont devant l’ordinateur et qu’ils ne te regardent même pas ?
- Mais ils communiquent avec des gens qu’ils ne connaissent même pas.
- La belle affaire s’ils ne me voient pas alors que je ne demande que çà : des caresses, des croquettes, des crevettes… Ils ne sont jamais là et, quand ils sont là, ils sont sur l’ordinateur. Et ma maîtresse, elle ne fait même plus de tricot. On s’amusait bien tous les deux avec la pelote de laine qui roulait et les aiguilles qui remuaient sans cesse.
Que veux-tu, les chats aussi vivent une époque moderne.