- Prends mon papier, tu verras bien.
Un dictionnaire conservateur…comme tout dictionnaire
Des coups de gueule qui sont des coups de cœur pour forcer quelques mémoires qui risquent de s’engourdir.
Si les autorités se méfient de certains de ces mots, c’est qu’elles craignent comme la peste les débordements qui pourraient se retourner contre elles malgré les digues qu’elles entretiennent sous le nom de tabous qui changent selon les époques, preuve évidente qu’ils ont peu d’importance. La défiance des autorités n’est qu’un réflexe corporatif.
Ces jurons, ces imprécations, qui viennent du fond des âges, que nos pères ont dits avant nous, et les pères de nos pères, font d’autant plus partie de notre patrimoine que personne ne songe à nous les voler. Ils ne sont d’ailleurs pas encore à l’état de ruines, ce qui nous console.
Un juron du Midi, c’est une exclamation, une interjection, un dièse à la tonalité d’une langue forte ; c’est une ponctuation qui donne à la pensée le temps de la réflexion. L’expression physique étant chez nous plus rapide que l’expression orale, il faut à l’interlocuteur le temps de nuancer une parole qui tient en bouche un certain temps.
Les jurons, comme les injures, font partie d’un jeu à forme théâtrale qui s’accompagne généralement de mimiques qui en accentuent les traits."
- Pourquoi tu ne m’y as pas mené ?
- Ce ne sont pas des histoires de chats, çà. Les chats ; çà miaule tout bas, ça ronronne.
-
Et le Gascon ?
- Tu as vu un Gascon ronronner, toi ?
- C’est vrai, çà plastronne plutôt.
- Eh bien, la langue gasconne c’est fait pour çà, pour faire peur aux rats, pour faire envoler les oiseaux, pour faire se terrer les souris.
- Je comprends alors que tu ne m’aies pas amené. Tu ne cherche pas à me tromper au moins ?
- Eh bé ! putain con! Te tromper ! moi qui ne dis jamais un mot plus haut que l’autre.