- Et tout çà, çà fait d'excellents
français...
- Tu veux bien te taire.
-Pourquoi?
- Tu n'as pas vu la bronca qu'a déclanché le fait de parler de bons français. Et toi, tu en rajoutes : non content de parler de bons, tu parles d'excellents français.
- Mais c'est une chanson de Van Parys que chantait ma maîtresse l'année de la guerre.pendant que je ronronnais sur ses genoux.
- Et bien ! Sache qu'il ne faut plus jamais employer l'adjectif bon ni, à fortiori, excellent.
- Pourquoi Y plus bon?à cause de Banania ?
- Non, parce que, si tu dis bon, çà suppose qu'il y a des mauvais.
- On ne peut plus parler d'un bon élève?
- çà supposerait qu'il y en ait de mauvais, ce qui est impensable avec la qualité de l'enseignement.que nous dispensons.
- Et si je dis qu'il y a de bons maris?
- çà supposerait qu'il y en ait de mauvais , ce qui est quasiment impossible.
- Tu vois, tu fléchis : tu dis quasiment.
- ...
- Ah bon! je ne pourrai jamais dire bon
- Si
- Quand ?
- Quand tu parleras d'un bon contribuable
- Pourquoi?
- Parce qu'un bon contribuable, c'est celui qui paie bien ses impôts.
- En France ou ailleurs?
- On ne l'a pas encore élucidé.
- Toujours des question de fric... Et puis, je voudrais te poser une question.
- Vas-y
- Celui qui ne paie pas d'impôt, c'est un mauvais citoyen?
- Là, tu m'as eu : je ne sais pas.
- Tu vois, tu es sur le point de rétablir le système censitaire : n'étant pas un bon démocrate, tu n'es pas un bon citoyen.
Photo Régine Rosenthal