D’Ubseck à Rita.
Hier après midi, sur le coup de quinze heures, je suis allé à la plage savoir à quoi ressemble le bord de mer dans un pays occidental. Je m e serais cru chez nous à voir le nombre de tapis volants qui avait atterri sur le sable. Ça ressemblait à un de ces
ateliers de réparation de tapis volants que nous mettons dans le désert pour éviter les bruits industriels,
sauf qu’il y avait la mer devant. Elle sert à refroidir les outils de ravaudage qui sont des outils extrêmement précis. Ils ne savent pas, comme nous, qu’il faut économiser l’eau. Ils n’ont pas
la culture du désert, même s’ils se vantent d’avoir de belles dunes.
Il y a beaucoup de travailleurs dans cette industrie, surtout de la main d’œuvre féminine. Les mécaniciennes enlèvent leur burka pour travailler afin de ne pas la salir. Elles sont si peu payées qu’il y en a qui n’ont même pas de quoi acheter un soutien gorge et les bateaux qui passent et repassent le long de la côte viennent voir cet atelier de plein air qui est le but incontournable des visiteurs désœuvrés à la découverte du tourisme industriel.
Ce devait être l’heure du repos parce qu’ici les femmes ne font pas ramadan. Ce sont des impies. Je pense plutôt qu’elles font la sieste à pareille heure. Au lieu d’être dessous à fourrager dans le moteur, elles ont passé une bonne partie de l’après-midi à se reposer en fermant avec volupté leurs yeux qu’elles ont en amande et bien fardé. Les ouvrières de ce pays sont aussi belles que nos houris. Je n’ai pas eu le temps d’attendre la livraison d’un tapis volant qui m’aurait mené à la ville. Ce pays est vraiment très étrange.
Céramique de Nicole Chatignol