Arcachon est une ville que les marchands de biens divisent en lignes . La villa de
première ligne, quelle que soit la villa vaut 600.000€, celle de seconde ligne , 450.00, et ainsi de suite jusqu’à extinction des lignes. Les gens ordinaires préfèrent parler de rang parce
que, s’il y a quantités de lignes, il n’y a qu’un seul rang, le premier, qualité que défendent farouchement les propriétaires des villas du bord de l’eau.
- Alors, mon chat, où étais-tu hier au soir ?
- J'ai pris l'air, je suis allé sur la plage et j'ai rendu visite à ceux du premier rang dont tu m’as parlé quelquefois.. C’est vrai qu’il ont un caractères spécial.
- Qu’appelles-tu un caractère spécial ?
- Ils sont très fiers de leurs villas comme si elles leur donnaient droit au Bassin rien qu’à eux, au Bassin tout entier.. Ils s’installent, le soir venu, sur leurs terrasses pour regarder le coucher le soleil - le plus beau du mon de,, ; puisque c’est chez eux . Ils y invitent même leurs amis.
- Ils ont des amis ?
- Le temps d’un coucher de soleil.
- Comment les trouves-tu ?
- Béats comme Homais, heureux comme Monsieur Perrichon. Le Bassin,, c’est leur Mer de Glace.
- Leur Bassin ?
- Ils l’ont payé assez cher pour qu’ils le voient en propriétaires. alors ils bornent de drapeaux leurs prés carrés de perrés d’où ils contemplent la mer et montrer les limites de leur bien.
- Ils regardent aussi les baigneurs devant chez eux.
- Non parce que les baigneurs, ils ne les voient pas.
- Pourquoi, ils sont aveugles ?
- Non mais ils ne voient que ce qu’ils veulent voir. C’est un exercice qu’on apprend jeune quand on est d’essence supérieure.
- Exercice qu’ils apprennent aussi à leurs chats.
- Parce que leurs chats ne voient que ce qu’ils veulent voir ?
- Bien sûr. Il y a une petite chatte, toute en fourrure et le nez aplati, elle snobe comme à Versailles
- Versailles ou Neuilly?
- C’est pareil et pourtant, là, sur la plage, il n’y a pas de chat d’HLM
- Qu’appelles-tu un chat d’HLM
- Un chat de barrières si tu veux
- De barrières ou d’HLM ?
- C’est pareil, ça dépend de l’époque
- Tu veux parler des chats voyous qui vont rue de Lappe glisser un pas chat-loupé entre deux bastringues ?
- Mais non,c’est du passé tout ça, ils vont aux champs Eysées et pour qu’on les remarque, ils y vont en bandes
- Ils ne rencontrent jamais les chats de premier rang ?
- Si, à la sortie des boites.
- Heureusement qu’il y a encore les vacances pour qu’on soit tranquille chez soi.à voir la mer immense.
- Pas si immenses que ça, on voit la côte d’enface.
- Ils voient la mer, pas le côte ? Ça sert à ça les résidences secondaires
- À quoi ?
- À garder l’illusion qu’il existe encore des propriétés qui donnent à leurs propriétaires le droit d'être snobs..
- Dire que, quand j’habitais Paris, je n’avais pas le droit de jouer sur le trottoir ?
- Tu y aurais attrapé des puces et de mauvaises manières
- Et que crois-tu que j’attrape en longeant le premier rang ? Des puces de mer et de mauvaise manières
- Il n’y a plus de puces de mer depuis que la plage est aseptisée mais si tu te mets à fréquenter n’importe qui sur n’importe quelle serviette de
bains...
- Je ne parle pas de n’importe qui mais du premier rang.
- Ils n’ont pas de mauvais manières puisqu'ils sont de premier rang.
- comment appelles-tu ça, le mépris et le snobisme ?