- Alors,
cette expo, qu’est-ce que tu en penses ?
- Pas grand chose au début, avec ce qu’on voit sur l’affiche : des griffes de toutes les couleurs, une caisse à chat encadrée d’un éléphant et d’un chameau et une masse à vous écraser enmoins que rien.
- Mais tu n’as rien compris
- Si j’ai vu l’expo, c’est magnifique. Ces griffes coloriées, tout de même…
- Ce ne sont pas des griffes, ce ne sont pas des becs de perroquets, c’est une fleur.
- Tu me vois avec ça au bout des pattes, je préfère un tapis de fleurs, de pétales de roses, par exemple
- Mais la rose, c’est d’un commun
- Je sais, allons, pas de politique.
- La caisse à chat, ça représente des animaux du désert quittant l’oasis
- Et moi qui allait droit à l’eau. Tu vois ce que tu as failli me faire faire.
- Quant à l masse, c’est une écluse. Ça ne ferme pas, ça ouvre.
- Enfin, tes visiteurs ont dû comprendre. Ils étaient plus de cent cinquante à venir partager ton pâté.
- Mon pâté, ils n’y ont pas touché.
-
Tu sais, nous les quatre pattes on voit des choses que vous ne voyez pas.
- Quoi par exemple ?
- Pendant le discours du Maire, il y a une femme qui est entrée, qui s’est précipité sur le buffet, qui s’est goinfrée puis est partie.
- Tu ne pouvais pas miauler pour nous avertir ?
- C’était trop dôle. D’ailleurs, si tu les avais écoutés, tous qui faisaient semblant d’écouter les discours en pensant au buffet.
- Quoi encore ?
- Ils parlaient de leur taux de sucre, des enfants qui allaient venir, du bateau qu’ils avaient acheté, du beau temps en perspective, tous sujets artistiques, comme tu vois.…
- Il ne faut pas leur en vouloir. Ce n’est au fond qu’une rencontre exceptionnelle en été.
- Peut-être. En tout cas tout à fait semblable aux vernissages parisiens. Que dis-je…Versaillais.
- Pourquoi dis-tu Versaillais
- Parce que c’était sérieux et de très grande tenue.
- Tu en as connu d’autres ?
- Oui des rencontres d’enterrement. Tu sais, au moment des condoléances, quant on fait la queue, que les gens se revoient à cette « occasion ». C’était pendant la première guerre du golfe à Saint Honoré d’Eylau, ils parlaient des trous qu’ils avaient faits en Irak et qu’ils espéraient bien reconstruire.
- Reconstruire des trous ?
-
Ils disaient que c’est ce qui rapporte le plus.
- Mais l’expo, que penses-tu de l’expo
- Qu’il y avait du monde, beaucoup de monde, qu’il y avait un bon buffet avec du blanc et du gros rouge et que nos artistes ne savaient pas où donner de la tête
- Parce qu’on leur posait des questions sur leur art ?
- Oui, et sur leur parcours : les journalistes.
- Et les autres
-
Les autres, les vrais, nous les reverrons cette semaine. Pourvu qu’ils fassent quelques photos
Photos Dominique Durand.