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Tu aimes bien Baudelaire ?
- Il dit beaucoup de bien des chats
- Tu ne serais pas un peu narcissique des fois ?
- Il nous dit séraphiques, pareils aux anges
- Il aimait plutôt les anges noirs des « fleurs du mal ». C’est d’ailleurs là qu’il parle de vous, en fleurs du mal.
- Il nous aime électriques. Les reins féconds pleins d’étincelles magiques avec des parcelles d’or dans nos yeux. Tu as mieux à me présenter ?
- Amis des amoureux et des savants. Tu ne trouves pas que c’est étrange ?
- Pourquoi les savants, même austères, ne seraient-ils pas amoureux ?
- Les amoureux fervents ne sont pas forcément savants, bien que ça rime..
- Et ces grands sphynx allongés au fond des solitudes, ça ne te dis rien
- Si, j’ai vu ça quelque part « qu’il est doux de ne rien faire pour pouvoir se reposer après ».
- On dit tant de bêtises.
« Un beau chat, fort, doux et charmant.
Quand il miaule, on l’entend à peine,
Tant son timbre est tendre et discret ;
Mais que sa voix s’apaise ou gronde,
Elle est toujours riche et profonde
C’est là son charme et son secret »
- Ouais, pour un timbre tendre et discret, tu te
poses un peu là quand tu veux sortir et que je ne viens pas assez vite t’ouvrir la porte.
- Bien sûr, parce qu’alors ce n’est pas une tendresse que j’exprime, c’est un ordre que je donne. Tu les as entendu tes adjudants à la caserne ?
- Ils gueulaient « Ferez quat’jours de gnouf. Rompez ».
- C’est leur voix qu’il faudrait rompre.
- Un adjudant aphone, le rêve.
- Un chat adjudant, une hérésie.
- Ça ne nous empêche pas d’avoir notre liberté d’expression. Miauler n’est pas biaiser
- Il y a longtemps que tu ne m’as pas donné de nouvelles politiques.
- Tu sais bien que c’est l’été, qu’il faut laisser les gens se reposer et que, s’il ne se passe rien l’été, c’est que la télé est en vacances.
- Je croyais que la télé se faisait l’écho des évènements.
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Seulement de ceux qu’elle crée.
Les photographies sont de Régine Rosenthal